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Enseignement privé et programmes scolaires : Une refonte majeure annoncée

Le ministre de l’Éducation nationale Mohammed Seghir Sadaoui a annoncé jeudi devant le Conseil de la nation la reprise prochaine de l’octroi des agréments aux établissements scolaires privés après la publication d’un nouveau cahier des charges actuellement en cours d’examen au Secrétariat général du Gouvernement, tout en dévoilant une stratégie de réorientation du secteur vers des spécialités pointues et une restructuration en profondeur des programmes du secondaire centrée sur les matières fondamentales et les sciences émergentes.

Intervenant lors d’une séance plénière présidée par Azouz Nasri, président du Conseil de la nation, consacrée aux questions orales adressées à plusieurs membres du Gouvernement, le ministre a précisé que le secteur « œuvre à orienter ces écoles vers la spécialisation, à travers l’encouragement de l’investissement dans ce sens, en vue de concrétiser les orientations de l’État visant à améliorer la qualité de l’éducation ». Cette déclaration met fin à une suspension des agréments instaurée en 2022 après la constatation de manquements graves dans le respect du cahier des charges par certains établissements privés qui avaient profité de l’insuffisance des contrôles pour s’écarter des normes réglementaires. Le ministre a rappelé que le secteur privé a été autorisé à ouvrir des établissements éducatifs entre 2004 et 2005 sur la base d’un cahier des charges spécifique l’obligeant à appliquer le programme agréé par le ministère de l’Éducation nationale. Toutefois, près de deux décennies plus tard, les dysfonctionnements constatés ont conduit les autorités à suspendre l’octroi de nouveaux agréments et à créer une commission multisectorielle chargée d’étudier la situation et d’élaborer un nouveau cadre réglementaire adapté aux évolutions du secteur et aux exigences actuelles de qualité. Ce nouveau cahier des charges, actuellement au niveau du Secrétariat général du Gouvernement, devrait permettre de reprendre l’agrément de nouveaux établissements selon des critères plus stricts et mieux contrôlés. Mohammed Seghir Sadaoui a précisé que le réseau d’enseignement privé compte actuellement 628 établissements répartis sur 38 wilayas, un chiffre qui témoigne du développement significatif de ce secteur au cours des deux dernières décennies. L’agrément de nouveaux établissements sera désormais tributaire du respect des conditions réglementaires et de la carte scolaire adoptée par le ministère, laquelle définit la répartition des écoles selon les besoins territoriaux, ainsi que de la finalisation du dossier d’ouverture d’établissements spécialisés actuellement en cours d’étude. Le ministre a invité les investisseurs désireux d’intégrer ce domaine à soumettre leurs demandes dans ce nouveau cadre réglementaire.

Cette réorientation stratégique du secteur privé s’inscrit pleinement dans les orientations du président de la République Abdelmadjid Tebboune, qui a insisté sur la nécessité de « diriger les écoles privées vers de nouvelles spécialités, en adéquation avec les efforts de l’État pour introduire de nouvelles spécialités scientifiques, telles que l’informatique, la cyber-sécurité, les nanosciences et l’intelligence artificielle ». 

Recentrage sur les matières fondamentales 

Au-delà de la réforme du secteur privé, le ministre a dévoilé les conclusions de la Commission nationale de la qualité de l’enseignement concernant la restructuration des programmes du secondaire et du moyen. Répondant à une question orale lors de la première séance plénière du Parlement de l’enfant algérien sur la possibilité d’alléger les programmes des cycles moyen et secondaire, Mohammed Seghir Sadaoui a indiqué que la commission, chargée du suivi et du traitement de ce dossier, avait procédé à une étude approfondie des programmes incluant des comparaisons internationales des meilleures pratiques éducatives, tout en tenant compte des besoins des élèves et des exigences de la société algérienne contemporaine. La commission a souligné la nécessité de renouveler les programmes et les curricula afin de permettre l’intégration des nouvelles connaissances et des sciences modernes. Pour le cycle secondaire, elle a recommandé de se concentrer sur les matières fondamentales liées à chaque filière, avec la réduction ou la réorientation des matières secondaires non directement liées à la spécialité. Cette approche permettra aux élèves de mieux s’exercer dans les matières fondamentales et les applications pratiques, évitant ainsi la dispersion qui caractérise actuellement les programmes et qui est souvent dénoncée par les élèves, les parents et les enseignants eux-mêmes comme source de surcharge cognitive et de stress scolaire. Dans une perspective d’anticipation des besoins futurs, la commission a préconisé l’élaboration d’un dossier relatif à la création d’une nouvelle filière dans l’enseignement secondaire général et technologique, spécialisée en informatique et technologies de l’information, compte tenu de l’importance scientifique et économique de ce domaine. Cette nouvelle filière vise à préparer les élèves à s’orienter ultérieurement vers des spécialités pointues dans les grandes écoles, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité et des nanotechnologies, secteurs considérés comme stratégiques pour le développement économique du pays et son positionnement dans l’économie mondiale du savoir. Concernant le cycle d’enseignement moyen, la commission a insisté sur la nécessité d’alléger le contenu des matières afin de permettre aux élèves de découvrir toutes les disciplines et de choisir par la suite, au niveau du secondaire, la filière correspondant à leurs préférences et capacités. Cette orientation pédagogique répond à une logique de construction progressive du projet personnel de l’élève, en lui offrant au collège un socle large de connaissances avant de se spécialiser progressivement au lycée. Il s’agit d’une transformation en profondeur du système éducatif algérien qui s’éloigne du modèle encyclopédique traditionnel pour se rapprocher d’une approche par compétences et par spécialisation progressive, mieux adaptée aux réalités du marché du travail contemporain et aux besoins d’une économie en mutation.

Lyna Larbi

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