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Lutte contre l’informel : «Il n’y aura pas de changement de monnaie nationale»

Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune a explicité davantage, dimanche soir, lors la rencontre traditionnelle avec la presse nationale, sa nouvelle politique économique principalement les mécanismes de son financement.

Le premier magistrat du pays s’est ainsi attardé sur les mécanismes à mettre en œuvre pour absorberles fonds circulant sur le marché informel par le biais de la finance islamique à travers l’ouverture de nouvelles banques. A cet effet, l’Etat va ouvrir un dialogue avec les propriétaires de ces fonds, ce phénomène s’étant enraciné. Un phénomène dont la genèse remonte à la libéralisation du commerce extérieur au début des années 90, une démarche, a-t-il dit, qui n’était pas accompagnée de contrôle nécessaire, induisant une économie de bazar. Cette économie a été autorisée par l’Etat et elle est devenue forte durant la décennie noire, puis s’est développée pour atteindre actuellement 10.000 milliards de DA, révèle le Président Tebboune. Ce qui représente prés de 100 milliards de dollars ou 40% du PIB. Ceci dit, la résorption de ces liquidités constitue «la principale préoccupation de l’Etat et se fera de la meilleure façon», rassure le Président de la République. Ainsi, l’Etat œuvrera à la récupération des fonds circulant sur le marché parallèle via plusieurs moyens, y compris l’éventuel recours à l’investissement dans des titres anonymes et sans impôt, ajoute-t-il.

Interrogé sur cette procédure, notamment s’il s’agit d’une amnistie fiscale, le Président Tebboune a soutenu que «cela était une partie des règles du jeu, sans donner davantage de détails compte tenu de la confidentialité du dossier».

Toutefois, le chef de l’Etat a écarté la possibilité de recourir au changement de la monnaie nationale comme solution pour attirer la masse monétaire circulant sur le marché parallèle, estimant que «cette mesure était susceptible de créer de longues files d’attente et compliquer la vie des simples citoyens». Une réponse qui coupe court à toute rumeur faisant état de l’éventualité du changement de la monnaie nationale telle que réclamé par certains experts qui s’inspirent de l’exemple de la Turquie.

Pas d’endettement extérieur

Là encore, le chef de l’Etat a estimé que l’Italie était un modèle réussi dans ce domaine qu’il importe d’étudier. Et pour cause, l’économie italienne constituait un problème au lendemain de la deuxième guerre mondiale avec un taux de marché parallèle dépassant les 80%, d’où l’impératif d’examiner les moyens utilisés par ce pays étant similaire à l’économie nationale, affirme le Président Tebboune. Plus explicite, le Président de la République a souligné que «notre économie ne ressemble pas à l’économie française, mais plutôt à celle de l’Italie basée sur des petites et moyennes entreprises et qui est aujourd’hui une puissance économique». Il a indiqué que «le Fonds monétaire international agit comme s’il préparait le terrain à l’endettement. Nous n’opterons jamais pour ce choix, c’est impensable. Nous ne mènerons pas le pays vers un suicide politique», exprimant son

scepticisme vis-à-vis des recommandations du FMI qui prône le report de la mise en œuvre des réformes structurelles, affirmant que «l’Etat algérien poursuivra ces réformes en toute souveraineté». En outre, il s’est félicité des rapports de la Banque mondiale qui a salué «la résilience de l’économie algérienne dans un milieu instable». Une résilience qui devrait se confirmer à travers un taux de croissance de près de 4%, dépassant, ainsi, les prévisions de la Banque mondiale (2,6%), a-t-il estimé. A la fin de l’année, les recettes de l’Algérie couvriront toutes ses acquisitions de l’étranger, sans toucher aux réserves de change, a rassuré le Président Tebboune, ajoutant que «si nous ne connaîtrons pas de situation exceptionnelle, nous pourrons atteindre l’équilibre financier vers la fin 2021, sans toucher aux 44 milliards de dollars de réserves de change, qui étaient estimées à 57 milliards dollars à la fin 2020».

Des politiciens qui manipulent les spéculateurs

Aussi, le Président Tebboune prévoit des exportations hors-hydrocarbures estimées à 4,5 milliards de dollars, un chiffre jamais atteint depuis 25 ans, dira-t-il. A ce propos, il a vanté le rôle de la politique mise en place en matière de rationalisation des importations en vue de réaliser l’équilibre de la balance commerciale du pays, faisant état par la même occasion, de la révision structurelle et sans créer de pénurie de la politique d’importation. Une telle démarche a fait passer la facture d’importation de 60 milliards dollars à 32 milliards dollars, soit une baisse de plus de 50%. Le Président de la République a affirmé, toutefois, que «la criminalisation de l’acte de spéculation prévoit une peine  de pas moins de 30 ans de prison et pourrait aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine capitale», estimant au passage que «l’acte de spéculation commis par des intrus sans scrupules exploités par des bandits aux fins de semer l’anarchie -des bandits animés par des motifs politiciens-, sera criminalisé et ses auteurs encourront des peines de pas moins de 30 ans de prison, qui pourront aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine capitale». Continuant sur sa lancée, il a déclaré : «ma décision est prise et j’en ai informé le ministre de la Justice, Garde de sceaux: la prochaine réunion du Conseil des ministres verra la présentation d’une loi incriminant les spéculateurs qui encourront une peine de pas moins de 30 ans de prison, qui pourrait aller jusqu’à la perpétuité, voire la peine capitale», affirmant dans la foulée que «nous frapperons les spéculateurs d’une main de fer et traquerons les lobbies politiciens qui sont derrière cet acte, qui aurait pu mener à une explosion sociale notamment à la lumière de la propagation de la pandémie de COVID-19. Nous serons sans merci avec ceux qui tentent d’entamer la détermination de l’Armée blanche, et dont l’implication est établie. Ceux-là encourent la peine capitale».

Front social : le dialogue comme seule solution

Le Président de la République, a soutenu que la prise en charge des revendications n’intervenait pas par l’anarchie et la pression exercée sur l’Etat, l’objectif suprême étant de construire l’Algérie, main dans la main, invitant les syndicats des travailleurs pour «œuvrer, de concert, à construire l’Algérie, loin de toutes formes de discorde car il est inutile de semer l’anarchie et de tenter de faire pression sur l’Etat pour assurer la prise en charge des revendications». Et d’annoncer que «des instructions ont été données à tous les secteurs pour la révision des statuts et des salaires, mais une telle démarche nécessite un peu de temps».

Faiçal Bedjaoui

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