Les producteurs estiment que la pénurie d’huile prendre fin dans une dizaine de jours : Une crise provoquée !
La pénurie de l’huile de table anime les discussions depuis quelques jours déjà. S’il est clair aujourd’hui que la production nationale couvre largement les besoins nationaux et plus encore et que la problématique réside dans la distribution, les blocages sont toujours au cœur des interrogations. En tout état de cause, les producteurs estiment que cette crise est provoquée et que les perturbations devraient cesser d’ici une dizaine de jours.
Les pouvoirs publics pointent du doigt les réseaux de la spéculation et de la contrebande. Pour leur part, les producteurs mettent à l’index l’attitude des commerçants de détail, mais aussi le comportement des consommateurs qui cèdent à la panique et recourent au stockage de produits alimentaires à la moindre rumeur distillée sur les réseaux sociaux, concernant la pénurie ou même l’augmentation des prix. C’est du moins ce qui ressort de la petite enquête que nous avons menée à Béjaïa, principale pôle de production des huiles de table. Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus chez deux principaux producteurs, à savoir l’usine Cevital et COGB-La Belle.
Au niveau de l’usine Cevital, dès notre arrivée sur les lieux, l’un des responsables de l’unité a tenu à assurer que la production ne peut en aucun cas être derrière la tension actuelle sur le marché. Il affirme ainsi que les lignes de production tournent à plein régime et que la production d’huile n’a pas cessé. « Bien au contraire elle a augmenté trois fois plus », dit-il avant de pointer du doigt le stockage par les citoyens de ce produit créant ainsi une tension sur le produit. A la question de savoir si, des spéculateurs n’étaient pas aussi, à l’origine de cette pénurie en huile, ce responsable admet que cela n’est pas exclu.
« Les citoyens stockent des bidons d’huile chez eux, cela favorise également toutes sortes de spéculations », nous confie notre interlocuteur qui, au début de notre rencontre, ne voulait pas répondre à nos questions, au motif que seuls les responsables de communication au niveau de la direction générale à Alger, sont habilité à s’adresser aux médias. A la question de savoir s’il était possible de s’approvisionner au niveau de l’unité sans facture, ce responsable a affirmé qu’ « aucun commerçant ne peut s’approvisionner directement de l’usine sans avoir présenté un bon de commande accompagné d’un chèque ». Au niveau de l’unité de production, nous avons vu des distributeurs, munis de bons de livraisons se diriger vers les services de facturations leur permettant de charger des palettes d’huile pour les acheminer vers le marché de gros. « Le problème, ce sont les détaillants qui ne veulent pas acheter cette huile avec facture », nous a déclaré un commerçant se trouvant sur les lieux, indiquant que « la facturation ne permet aux propriétaires des superettes et des magasins au détail pas de gagner plus d’argent ». Après Cevital, nous avons pris la direction de l’usine COBG-La Belle, (ex ENCG), reprise à 70% par la famille Dahmani. Et là nous étions reçus par le directeur de cette entreprise, M. Yahyaoui qui estime pour sa part que « ce sont les citoyens, via les réseaux sociaux, qui sont à l’origine de cette crise qui n’existe pas en réalité ». « Si chaque citoyen, qui a l’habitude d’acheter un bidon d’huile se met à en acheter cinq, ceci provoque inévitablement une perturbation ».
Facturation, panique et stockage
Le premier responsable de la COGB-La Belle assure que « la production ne connait aucune baisse, mais bien au contraire les stocks au niveau de l’entreprise sont énormes », nous invitant même à le constater de visu. « Ces perturbations seront réglées dans dix jours au maximum, car nous avons commencé à livrer directement aux supérettes », assurant que ce produit ne connaitra pas une hausse de prix. « Nous travaillons selon la loi de 2011, qui stipule que les pertes matière d’importations de graines oléagineuses, sont couvertes par le Trésor public », tenait –il à expliquer tout en rappelant la récente visite du wali de Bejaia à cette unité pour recevoir des explications quant aux perturbations que connait ce produit au niveau de la distribution.
Au niveau de la direction de la concurrence et des prix (DCP) de Béjaïa, l’un des responsables nous a indiqué que « des brigades sont envoyées quotidiennement sur le terrain », précisant qu’ « aucune spéculation n’est tolérée et que des PV ont été établis contre des commerçants surpris entrain de vendre ce produit avec une marge bénéficiaire dépassant celle autorisée ». Le même responsable estime aussi que « ces perturbations ont été provoquées par les réseaux sociaux qui ont annoncé une hausse des prix, poussant ainsi les citoyens à stocker des bidons d’huile ». Une fois notre tournée achevée, nous nous sommes dirigés vers quelques superettes de la ville et là nous avons constaté que seules une ou deux marques d’huile sont exposées mais ce sont des marques dites de hautes qualités, et qui sont chères à la vente. « Ils nous imposent la facturation, or nous ne prenons pas de grosses quantités pour vendre à des prix imposés », nous confie l’un des gérants d’une superette à Bejaia, précisant qu’ « avec les quantités qu’ils nous livrent, cela fait plus de dérangement que de gains ». En d’autres termes, les détaillants souhaitent imposer une marge bénéficiaire plus importante que celle mentionnée sur la facture, sous prétexte que les quantités livrées ne sont pas aussi importante pour se conformer à la marge bénéficiaire imposée. Au niveau des grossistes, les stocks sont disponibles , la livraison d’huile de Cevital et de la COGB-La belle se déroule, seloncertains de ces grossistes, le plus normalement du monde. Seulement, c’est au niveau de la distribution que ça coince, comme ils nous l’ont expliqué. « Certains commerçants, acceptent de vendre avec facture en respectant la marge bénéficiaire imposée, mais la majorité refusent à l’accepter », expliquent certains commerçants grossistes, ce qui, selon eux « poussent les ménages à acheter un maximum de bidon, chaque fois que l’occasion se présente ».
Pour le moment, des associations de protection du consommateur, ne font que dénoncer ces perturbations, sans pour autant arriver à en expliquer les raisons, se contentant à désigner les spéculateurs comme étant les principaux acteurs étant à l’origine de cette crise dans le but, de gagner de l’argent sur le dos des citoyens, pris de panique l’incitant à stocker des réserves d’huile pour parer à toute éventualité. Dans tous les cas, les citoyens pensent déjà au prochain mois de ramadan qui arrive dans moins de trois mois, souhaitant que ces perturbations que connaissent certains produits, comme l’huile, le lait et autres prennent fin.
Boubekeur Amrani