DébatsL'éditorial

Du féminisme

« Le travail d’une femme vaut plus que le discours de cent hommes ». Proverbe afghan

Hier, nous célébrions le 8 mars, la journée mondiale des droits des femmes. Oublions quelque peu les cérémonials, les fleurs en plastiques et la demi-journée chômée payée, qui se sont mus en folklore qui ravit à coup sûr certaines d’entre nous. Disons-le, le 8 mars est devenu l’opportunité de faire le bilan des avancées en matière des droits des femmes. Mais c’est surtout l’occasion d’oublier que les luttes féministes sont un combat de tous les jours. Car la question des droits des femmes ne devrait pas être une lutte politique, mais un débat de société. Et c’est en cela qu’il est intéressant de se pencher sur le sens du 8 mars. C’est une date qui célèbre la lutte des suffragettes, de ces femmes qui ont lutté pour obtenir le droit de vote au même titre que les hommes. Or, ce qui a commencé par un combat pour l’égalité des droits et devoirs entre les hommes et les femmes, s’est confondu et même dissous dans un ensemble de questions politiques, qui a conduit le combat des femmes pour l’égalité des droits et des chances dans un carcan idéologique qui frise l’endoctrinement pur et simple. Il en a résulté un féminisme assis sur une approche idéologique faite par les hommes. Une approche qui confond liberté avec libertinage et responsabilité avec soumission. Simone de Beauvoir l’avait souligné très tôt lorsqu’elle a dit qu’« en France surtout on confond avec entêtement femme libre et femme facile, l’idée de facilité impliquant une absence de résistance et de contrôle, un manque, la négation même de la liberté ». 

Il est vrai que la question du droit des femmes a une dimension politique. Mais c’est la dimension sociale qui devrait prédominer. En France justement, pays qui prêche toutes les libertés, et notamment celles des femmes, ces dernières souffrent toujours de discrimination salariale et constituent la population qui subit le plus la précarité de l’emploi institutionnalisée par les CDD multiples. Ce n’est pas le cas chez nous en Algérie. L’égalité des droits et des devoirs est consacrée non seulement par la Constitution, mais aussi par les textes. Les efforts déployés par les plus hautes autorités de l’État afin de promouvoir les droits des femmes sont tout aussi louables. Le président de la République a annoncé hier son intention de consacrer le principe de parité dans les hautes fonctions de l’État. Le fait aussi de voir le président de la République se présenter dans les bureaux de vote avec son épouse et ses filles est rafraichissant et constitue une avancée susceptible d’encourager une présence plus marquée des femmes dans le paysage public. 

Or, il y a encore du travail à faire si on veut opérer un changement réel des mentalités. Car, c’est cela le fond du problème. Opérer un changement en ce qui concerne l’image des femmes dans les médias, dans les sphères politiques et associatives. Il est nécessaire de présenter des modèles de femmes accomplies et qui ont de l’ambition. Des femmes qui ne se contentent pas d’être des artisanes, des médecins, des ingénieurs ou des enseignantes. Des femmes qui peuvent accomplir plus et être les égales de l’homme dans absolument tous les domaines. Et c’est aux femmes, d’abord, de briser ce plafond de verre que l’on veut leur imposer. C’est cela le vrai féminisme.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *