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 Élargissement des BRICS : Quelques indicateurs économiques pour éclairer le débat

Par Abderrahmane Mebtoul

Professeur des universités et expert international.

Le quinzième sommet des BRICS est prévu du 22 au 24 août 2023 en Afrique du Sud qui exerce la présidence tournante.

Rappelons que la ville du Cap, en Afrique du Sud avait accueilli la réunion préparatoire des BRICS, les 02 et 03 juin 2023 au cours de laquelle les ministres des Affaires étrangères du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de l’Afrique du Sud et le vice-ministre chinois des Affaires étrangères ont étudié le dossier de l’élargissement des BRICS à de nouveaux membres, soit comme membres à part entière, soit comme observateurs. Outre certains facteurs géopolitiques qui pèseront assurément sur les critères d’adhésion en sus des facteurs économiques, voici quelques indicateurs économiques retenus dans cette présente contribution que sont le produit intérieur brut – PIB- devant avoir une structure diversifiée notamment des produits exportables à forte valeur ajoutée, le PIB par tête d’habitant , l’indice du développement humain, le niveau des réserves de change de chacun des membres des BRICS et des pays qui ont affiché leur souhait d’y adhérer.

Le PIB des BRICS

1. Chine : 19.911 milliards de dollars pour un 1,41 milliard d’habitant ;

2. Inde : 3.534 milliards de dollars pour 1,428 milliard d’habitants (pays le plus peuplé du monde);

3. Brésil : 1.833 milliards de dollars pour 219 millions d’habitants

4. Russie : 1.829 milliards de dollars pour 146 millions d’habitants

5. Afrique du Sud : 420 milliards de dollars pour 61,5 millions d’habitants.

Dix-neuf pays ont exprimé leur intérêt à rejoindre les BRICS dont 13 ont officiellement déposé des demandes d’adhésion au groupe, a annoncé l’ambassadeur d’Afrique du Sud le 26 avril 2023 , au sein du groupe BRICS, Anil Sooklal, dans un entretien avec l’agence américaine Bloomberg. Nous publions ici les différentes informations pour 15 pays postulants en tant que membre ou observateur, par ordre décroissant le PIB.

1. Corée du Sud : 1.804 milliards de dollars de PIB pour 52 millions d’habitants ;

2.Mexique : 1.322 milliards de dollars pour 127 millions d’habitants ;

3. Indonésie : 1.289 milliards de dollars pour 275 millions d’habitants ;

4. Arabie Saoudite : 833 milliards de dollars pour 38 millions d’habitants ;

5. Turquie : 815 milliards de dollars pour 89 millions d’habitants ;

6.Emirat arabes unis :  507 milliards de dollars pour 9,36 millions d’habitants ;

7. Argentine : 491 milliards de dollars pour 47 millions d’habitants ;

8. Nigeria : 441 milliards de dollars pour millions 224 millions d’habitants ;

9. Bangladesh : 460 milliards de dollars pour 169 millions d’habitant ;

10. Egypte : 404 milliards de dollars pour 109 millions d’habitants ;

11.- Vietnam : 363 milliards de dollars pour 99 millions d’habitants ;

12. Iran : 360 milliards de dollars pour 85 millions d’habitants ;

13.  Philippines : 345 milliards de dollars pour 114 millions d’habitants ;

14. Algérie : 193 milliards de dollars de PIB pour 45 millions d’habitants ;

15. Éthiopie : 113 milliards de dollars avec 120 millions d’habitants.

(Source Banque Mondiale, Synthèse Pr. Mebtoul)

Le ratio PIB par tête d’habitant

L’autre indicateur économique qui peut être intéressant à étudier, celui du PIB per capita ou ratio de PIB par tête d’habitant, bien que ne tenant pas compte de la répartition du revenu national par couches sociales. Si l’on prend les données du FMI pour 2021 données, celles-ci diffèrent légèrement de celles de la Banque mondiale.

Pour les cinq pays du BRICS nous avons par ordre décroissant :

1. Brésil : 16.594 dollars par tête d’habitant ;

2.Russie : 11.327 dollars par tête d’habitant ;

3.-Chine : 9.608 dollars par tête d’habitant ;

4. Afrique du Sud : 6.377 dollars par tête d’habitant ;

5. Inde : 2.036 dollars par tête d’habitant ;

Pour les candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants :

1. Émirats arabes unis : 43.517 dollars par tête d’habitant ;

2. Corée du Sud : 35.195 dollars par tête d’habitant ;

3. Arabie Saoudite : 23.566 dollars par tête d’habitant ;

4. Argentine : 11.627 dollars par tête d’habitant ;

5. Turquie : 9.346 dollars par tête d’habitant ;

6.Mexique : 9.807 dollars par tête d’habitant ;

7.Iran : 5.491 dollars par tête d’habitant ;

8.Indonésie : 3.871 dollars par tête d’habitant ;

9. Algérie : 3.619 dollars par tête d’habitant ;

10. Philippines : 3.104 dollars par tête d’habitant ;

11. Egypte : 2.573 dollars par tête d’habitant ;

12. Vietnam : 2.551 dollars par tête d’habitant ;

13.Bangladesh : 2.734 dollars par tête d’habitant ;

14. Nigéria :  2.049 dollars par tête d’habitant ;

15.Éthiopie : 853 dollars par tête d’habitant.

(Source FMI, synthèse Pr Mebtoul)

L’indice du développement humain

L’I.D.H. qui est calculé par le (P.N.U.D.) se présente comme un nombre sans unité compris entre 0 et 1. Plus l’I.D.H. se rapproche de 1, plus le niveau de développement du pays est élevé. L’Indicateur de Développement Humain, ou I.D.H., a comme objectif d’essayer de mesurer le niveau de développement des pays, outre la prise en compte du Produit intérieur brut (P.I.B.) ou le P.I.B. par habitant, il intègre donc des données plus qualitatives. C’est un indicateur qui faisant la synthèse de trois séries de données : la santé/longévité (mesurées par l’espérance de vie à la naissance), qui permet de mesurer indirectement la satisfaction des besoins matériels essentiels tels que l’accès à une alimentation saine, à l’eau potable, à un logement décent, à une bonne hygiène et aux soins médicaux ; le savoir ou niveau d’éducation. Il est mesuré par la durée moyenne de scolarisation pour les adultes de plus de 25 ans et la durée attendue de scolarisation pour les enfants d’âge scolaire. Il traduit la satisfaction des besoins immatériels tels que la capacité à participer aux prises de décision sur le lieu de travail ou dans la société et enfin le niveau de vie (logarithme du revenu brut par habitant en parité de pouvoir d’achat), afin d’englober les éléments de la qualité de vie qui ne sont pas décrits par les deux premiers indices tels que la mobilité ou l’accès à la culture. Pour les cinq pays du BRIC, sur 189 pays recensés nous avons :

1.-Russie : 54ème position, note 0,82

2.-Chine : 79ème position, note de 0,76

3 -Brésil : 87ème position, note 0,754

4.-Afrique du Sud : 109ème position, note 0,71

5.- Inde : 132ème position, note 0,63

Pour les autres candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants les réserves de change suivant :

1. Corée du Sud : 19ème position, note 0,92

2. Emirates : 26eme position, note 0,91

3. Arabie Saoudite : 35ème position note de 0,87

4. Argentine : 47ème position, note 0,84

5. Turquie : 48ème position, note de 0,83

6. Iran : 76ème position, note 0,77

7. Mexique : 86eme position ,note 0,758

8. Algérie 91ème position, note 0,745

9. Egypte 97eme position, note 0,73

10.Indonésie 114ème position, note 0,753

11.Vietnam 115ème position, note 0,703

12. Philippines 116eme position , note 0,699

13.Bangladesh : 129ème position, note 0,661

14. Nigéria : 163ème position , note 0,53

15.Éthiopie : 175ème position , note 0,49

(Source PNUD -synthèse Pr Mebtoul)

Les réserves de change

 Pour les cinq pays du BRIC pour février 2023, en milliards de dollars nous avons :

1.-Chine : 3.133 milliards de dollars

2.-Russie : 1.226 milliards de dollars

3.- Inde : 572 milliards de dollars

4 -Brésil : 344 milliards de dollars

5.-Afrique du Sud : 61 milliards de dollars

Pour les autres candidats postulant en tant que membre ou observateur nous avons par ordre décroissant en dollars courants les réserves de change suivantes :

1.Arabie Saoudite : 458 milliards de dollars

 2.Corée du Sud 425 : milliards de dollars

3. Argentine : 275 milliards de dollars

4.Mexique 206 : milliards de dollars

5. Indonésie : 140 milliards de dollars

6. Émirats arabes unis : 115 milliards de dollars

7. Philippines : 94 milliards de dollars

8. Vietnam : 85 milliards de dollars

9. Turquie : 74 milliards de dollars

10. Iran : 65 milliards de dollars

11.Algérie : 64 milliards de dollars de réserves pour un endettement extérieur marginal de 2,9 milliards de dollars

12. Nigéria : 37 milliards de dollars

13. Egypte : 34 milliards de dollars

14.Bangladesh : 32 milliards de dollars

 15.Éthiopie : 1,6 milliards de dollars

(source FMI -synthèse Pr Mebtoul)

La Banque de développement des BRICS mettra du temps à contrebalancer l’influence des monnaies clefs comme le dollar et l’euro. La fin du “roi dollar” ressemble donc à “l’Arlésienne” depuis plus de cinquante ans, mais des événements récents viennent cependant d’ouvrir une sérieuse brèche, où après la Russie, l’Inde certains pays européens ont déjà facturé de nombreux produits en yuans. Cependant, entre 2021/2022, selon les données du FMI du 28 avril 2023, la part de l’euro dans les paiements mondiaux s’élève à environ à 38 %. Le PIB de l’Europe y compris la Grande Bretagne dépassant 17.000 milliards de dollars pour une population ne dépassant pas les 600 millions, un PIB par tête d’habitant dépassant les 35.000 dollars, faisant ainsi jeu égal avec le dollar, où le PIB USA en 2022 dépasse les 25.000 milliards de dollars pour une population d’environ 320 millions d’habitants un PIB par tête d’habitant dépassant les 69.000 dollars , étant la première puissance économique mondiale. Quant à la part du dollar dans les réserves de changes mondiales elle est de 58% en 2022, l’euro 20,5%, le yen 5,5%, la livre sterling 5% et le yuan chinois 2,7%.

Il faut pour l’Algérie, candidate à l’adhésion aux BRICS en tant que membre observateur, tirer les leçons pour l’avenir. La puissance et l’impact dans les relations internationales en ce XXIème siècle se mesurent au poids économique et l’exemple est donné par la Chine qui en quelques décennies représente en 2022 plus de 70% du PIB des BRICS et près de 20% du PIB mondial préfigurant avec l’entrée de nouveaux membres au sein des BRICS entre 2023/2030 une profonde reconfiguration du pouvoir économique mondial. Concernant l’adhésion aux BRICS dont le fondement au départ repose sur ses critères strictement économiques, mais nous ne devons pas oublier les enjeux politiques.

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