Conflit en Ukraine : Moscou pose ses nouvelles conditions
Au dix-septième jour du conflit en Ukraine, l’offensive menée par Moscou a permis d’avancer ses positions sur le terrain, mais aussi sur le plan diplomatique.
Alors que les pourparlers entre la Russie et l’Ukraine se poursuivent, l’étau se resserre sur Kiev. Bien que les Occidentaux aient annoncé une nouvelle série de sanctions économiques contre Moscou, leur efficacité commence à être sérieusement mise en doute. Paris et Berlin ne veulent plus d’ailleurs laisser le privilège de la médiation à la Turquie et cherchent à dialoguer directement avec Moscou. De son côté, le Kremlin pose ses conditions. Il annonce que les conditions pour garantir la sécurité ont changé, car la situation sur le terrain a changé et estime qu’aujourd’hui la priorité pour Moscou est de concrétiser les objectifs de son offensive. Il avertit d’ailleurs contre l’envoi de tout convoi d’armements à l’Ukraine considérant que ces convois seront considérés « légitimement » comme des objectifs pour l’armée russe. Le Kremlin annonce également une riposte aux sanctions économiques. Il établit une liste de personnes et instances qui seront soumises à des sanctions analogues. Pour ce qui est du gaz, l’arme économique majeure aux mains de la Russie, bien que Moscou assure de son souci de préserver la stabilité du marché et de toujours compter parmi les fournisseurs fiables en énergie, elle n’écarte pas la possibilité de recourir à des mesures défensives si on la pousse plus. Le Kremlin qui rappelle que l’Europe compte sur la Russie pour 45% de ses approvisionnements en gaz et à 25 % pour le pétrole souligne la vulnérabilité de l’Union européenne en la matière.
Par ailleurs, le représentant permanent de la Russie auprès de l’ONU Vassily Nebenzia a accusé Washington d’avoir «activement financé des projets biologiques en Ukraine», afin notamment d’étudier «la possibilité de propagation d’infections particulièrement dangereuses». Les Etats-Unis dénoncent de la «désinformation».
Sur le terrain, les combats faisaient rage hier au nord-ouest de Kiev et plusieurs autres villes d’Ukraine sont encerclées par l’armée russe.
Des tirs de missiles russes ont détruit samedi matin un aérodrome et ont frappé un dépôt de munitions près de la ville de Vassilkiv, dans la région de Kiev, a déclaré la maire, Natalia Balassinovitch, cité par l’agence Interfax Ukraine.L’Ukraine dit s’attendre à de nouveaux assauts autour de Kiev, sur Kharkiv, la deuxième ville du pays proche de la frontière avec la Russie, et dans le Donbass, dans l’est du pays, où des séparatistes pro-russes ayant pris les armes en 2014 gagnent du terrain. L’armée russe semble se regrouper, certainement en vue d’une offensive sur Kiev d’ici quelques jours, selon le ministère britannique de la Défense. Les combats se poursuivent au nord-ouest de la capitale et les villes de Kharkiv, Tchernihiv, Soumy et Marioupol restent encerclées et soumises à d’intenses bombardements russes, a-t-il ajouté samedi.
Dans ce contexte, les dirigeants de l’Union européenne réunis en sommet à Versailles ont annoncé vendredi de nouvelles mesures de soutien à l’Ukraine, membre de « la famille européenne » face à l’invasion russe, même si une adhésion n’est pas à l’ordre du jour, et pour cesser de s’approvisionner en hydrocarbures russes d’ici 2027. En parallèle, les Etats-Unis, le G7 et l’Union européenne ont annoncé leur intention de supprimer la « clause de la nation la plus favorisée » dont bénéficie la Russie pour ses échanges commerciaux ainsi que de nouvelles mesures d’embargo sur un vaste éventail de produits importés ou exportés par Moscou.
Or, une implication directe dans le conflit n’est pas à l’ordre du jour. Vendredi, Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance atlantique, a affirmé à Antalya dans le sud de la Turquie que l’Otan ne veut pas de « guerre » ouverte avec la Russie.
Chokri Hafed