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Tensions sur le marché mondial des produits alimentaires : L’Algérie prépare ses stocks

Le conflit en Ukraine a engendré une tension inédite sur les marchés des matières premières, notamment énergétiques et alimentaires. Les prix ont atteint des records et les craintes sur l’approvisionnement du marché mondial en céréales et oléagineux, dont les protagonistes dans le conflit sont de gros fournisseurs, se font de plus en plus sentir, notamment si le conflit dure dans le temps. Une situation qui pousse tous les pays à passer en revue leurs stocks et à se préparer au pire des scénarios. L’Algérie n’y échappe pas.

C’est dans ce contexte que la disponibilité des produits stratégiques sera au menu du Conseil des ministres que réunira aujourd’hui le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.  « Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale préside, dimanche 13 mars 2022, une réunion du Conseil des ministres dédiée à la présentation d’un exposé conjoint des secteurs de l’Agriculture et du Commerce sur la disponibilité des matières stratégiques et les prévisions de production des matières agricoles essentielles, outre l’examen de projets de loi sur la promotion de l’investissement, les procédures civiles et pénales, et la pêche et l’aquaculture », a indiqué hier un communiqué de la présidence de la République.

Une réunion qui intervient d’ailleurs à quelques jours du mois sacré de Ramadhan, période au cours de laquelle la question de la disponibilité des produits alimentaires revêt un caractère particulier et où les marchés connaissent une flambée des prix en raison de la spéculation. D’ailleurs, les services du Commerce et de l’Agriculture multiplient  les mesures afin d’assurer un approvisionnement du marché en divers produits alimentaires. 

Or, cela intervient également dans une conjoncture particulière marquée par le conflit russo-ukrainien et ses conséquences sur le marché des produits alimentaires. D’où l’utilité de passer en revue les stocks. L’Algérie est l’un des principaux importateurs de céréales, de blé notamment, et agit toujours par anticipation pour contrer toute crise éventuelle. C’est ainsi, qu’elle dispose de stocks suffisants pour couvrir les besoins du marché d’ici la fin de l’année 2022. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, l’a assuré la semaine dernière. Henni a indiqué que l’Algérie disposait d’un « stock de sécurité » de céréales qui lui permet de satisfaire tous les besoins des citoyens de manière régulière. Il faut dire que les services de l’Office algérien interprofessionnel des céréales ont anticipé les achats de blé depuis plus de trois mois. C’est ainsi qu’il a lancé, à titre d’exemple, deux gros appels d’offres internationaux au mois de janvier dernier. Des stocks qu’il compte aussi consolider pour parer à l’imprévu.  Selon l’agence de presse britannique, Reuters, l’OAIC a acheté entre 600.000 et 700.000 tonnes de blé meunier dans le cadre d’un autre appel d’offres.

Mais au-delà de l’importation, l’Algérie mise surtout sur le développement des cultures stratégiques. Au-delà du blé, l’Algérie importe du maïs et de l’orge fourragère pour l’alimentation du bétail, des huiles brutes, et du sucre brun et blanc. Et les prix de tous ces produits flambent aujourd’hui sur les places boursières. D’où la nécessité de développer ces cultures au niveau local afin de se mettre à l’abri des fluctuations du marché mondial. Les politiques menées jusqu’à aujourd’hui commencent déjà à donner de bons résultats pour ce qui est de la culture du colza. Une expérience que les pouvoirs publics entendent développer et élargir pour la culture du maïs, des fourrages et de la betterave sucrière, sans oublier la céréaliculture à développer à grande échelle. Une Superficie globale de plus de 134.500 hectares a été mobilisée dans les wilayas du Sud pour le développement des cultures stratégiques et de l’industrie agroalimentaire. Sur cette superficie, pas moins de 78.000 hectares ont été attribués par l’Office du développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes à fin 2021. Cette superficie globale est répartie sur sept périmètres situés dans cinq wilayas du Sud (Adrar, Timimoun, El-Menea, Ouargla et Illizi), et devrait recevoir 139 projets d’investissement consacrés exclusivement aux cultures stratégiques et à l’agroalimentaire, notamment dans la céréaliculture et les semences.

Samira Ghrib

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