À la UneActualité

Visite de Josep Borell au Maroc : Douche froide pour le Makhzen

Sale temps pour le Makhzen. La visite du Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, à Rabat n’avait rien de complaisant.

Le « Maroc Gate » est passé par là. Sur place, Borell n’a pas hésité à clairement afficher les positions de l’UE sur plusieurs questions que le régime marocain tente d’infléchir. Que ce soit la question du Sahara occidental, le scandale de corruption au Parlement européen dans lequel le Maroc est impliqué, ou encore le projet de gazoduc imaginaire Nigeria-Maroc à travers lequel Rabat s’imagine en alternative gazière, la mise au point des Européens a été ferme et sèche. S’il a exigé de la coopération dans l’enquête du le Maroc Gate, et réaffirmé la position européenne favorable à un règlement onusien du dossier du Sahara occidental, Borell a écarté toute possibilité de voir l’UE financer un supposé gazoduc Nigeria-Maroc. Une douche froide pour le Makhzen !

Le mythe gazier que le régime marocain a voulu entretenir n’aura au final pas vécu. Les Européens ont clairement dit non aux avances du Makhzen sur le soi-disant gazoduc entre le Nigeria et le Maroc. Sa réalisation va être extrêmement coûteuse et sa rentabilité n’est absolument pas garantie. Bruxelles a clairement fait comprendre cette semaine aux autorités marocaines que le projet ne l’intéresse pas et qu’elle ne le financera donc pas. Un manque d’intérêt que le Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a clairement affiché vendredi lors d’un speech, à l’Université euro-méditerranéenne de Fès. La déclaration du Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a fait l’effet d’une douche froide au sein du Makhzen qui comptait beaucoup sur l’Union européenne pour faire la promotion de son projet. La mise au point de Josep Borrell au sujet de ce gazoduc équivaut pratiquement à une mise à mort du projet. Les Européens cherchent certes à sécuriser leurs sources d’approvisionnement en gaz mais ils ne sont pas fous au point d’investir plusieurs milliards de dollars dans un gazoduc dont la réalisation sera longue. Et tout cela pour avoir un prix du gaz qui sera élevé puisque leprojet imagine un gazoduc qui traverse 14 pays.

Bruxelles le sait très bien, le plus rentable pour l’Union européenne est de continuer à faire confiance à des pays comme l’Algérie qui a déjà la ressource, l’industrie et le savoir faire. Les décideurs en Europe savent aussi que les autorités algériennes planchent également sur un projet de gazoduc devant relier Alger-Lagos. A l’inverse du dossier défendu par le Maroc, le tracé du projet de gazoduc algéro-nigérian offre l’avantage de ne transiter que par un pays tiers, le Niger. Beaucoup de ses tronçons sont par ailleurs déjà réalisés. Le dossier avance plutôt bien.

Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et son homologue nigérian se sont d’ailleurs vus il y a moins de deux mois à Alger pour faire le point sur l’avancée de dossiers hautement stratégiques autant pour l’Algérie et le Nigéria que l’Afrique de l’Ouest et l’Europe. Ces dossiers suivis par les deux capitales au jour le jour concernent le Gazoduc Alger-Lagos, la route transsaharienne et la dorsale à fibre optique qui doit arroser un grand nombre de pays du Sahel en internet haut débit. A l’occasion, les deux responsables ont réaffirmé l’engagement à réaliser les projets structurants initiés conjointement.

La perspective de voir l’Algérie s’imposer davantage sur les marchés européen et africain de l’énergie qui fait paniquer au plus haut point le Makhzen, surtout que le Maroc est en nette perte d’influence. C’est la raison pour laquelle, depuis plusieurs mois, Rabat tente de parasiter, mais sans succès, le projet de gazoduc Alger-Lagos. Lors de l’annonce du projet de gazoduc Nigéria-Maroc, tous les spécialistes en énergie ne sont pas empêchés de rire sous cape. Et cela se comprend. Il est au moins au moins 1560 km plus long que le projet Lagos-Alger (5660 km contre 4 100 km), deux fois plus cher (25 milliards de dollars contre 13 milliards de dollars), cela sans parler de la difficulté qu’il a à réaliser. Par ailleurs, tout le monde sait que le Maroc n’a ni les financements et encore moins l’expertise pour mener à terme un tel projet d’envergure. Ce n’est pas tout. Dans ses échanges avec les Européens, le Maroc a souvent démontré qu’il n’était pas un partenaire fiable et qu’il recourt souvent au chantage. Le cas du chantage auquel il soumet l’Espagne avec la question des migrants, en est la parfaite illustration. Globalement donc, l’idée marocaine est une grosse arnaque. L’Union européenne l’a parfaitement compris.

Khider Larbi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *