L’économiste Abdelrahmi Bessaha prévient : « L’inflation peut durer jusqu’en 2023 »
L’économiste et expert international, Abdelrahmi Bessaha a averti hier quant aux conséquences de la situation géopolitiques actuelles et qui se traduisent par une hausse inédite de l’inflation.
Invité à s’exprimer sur les ondes de la Radio algérienne, l’expert a évoqué la crise sanitaire, la hausse des prix des matières premières, le conflit entre l’Ukraine et la Russie, et l’ensemble des nouvelles donnes géopolitiques et économiques mondiales et face auxquelles, a-t-il recommandé, «l’Algérie doit reconstruire une économie forte pour maintenir sa sécurité alimentaire, son indépendance stratégique et assurer la prospérité de la population». Selon l’économiste et expert international, l’économie mondiale, qui commençait à peine à se reprendre après la crise du Covid, doit encore subir le choc du conflit entre l’Ukraine et la Russie, avec pour conséquence, « une inflation record, notamment sur les produits énergétiques et les matières premières». Il explique en ce sens que «les banques centrales des pays développés n’ont pas su saisir le caractère structurel de cette inflation, induite par une forte demande et des problèmes au niveau de l’offre», soulignant que «les spécialistes s’accordent à dire que cette inflation pourrait durer jusqu’en 2023, le temps de résoudre tous les obstacles structurels à la reprise d’une production qui pourrait satisfaire la demande». L’expert relève que «le conflit Ukraine-Russie a montré les fragilités de l’Europe ». Il s’agit, a-t-il ajouté «d’abord, d’un réel problème de sécurité». Et d’ajouter que «le vieux continent a également des problèmes d’approvisionnement en énergie et en produits alimentaires», estimant que « l’impact sur l’Europe dépendra de la durée du conflit». L’invité de la Radio n’exclut pas «le risque d’une récession de l’économie en Europe, si le conflit perdure», et que cette crise risque de faire « d’autres victimes collatérales». Il s’agit, selon lui, «des pays en voie de développement qui sont doublement impactés par la hausse des prix de l’énergie et des produits alimentaires ». «Ils feront, eux aussi, face à un ralentissement de la croissance », prédit l’expert. Évoquant le cas de l’Algérie, l’invité de la Radio dira que «les gains engrangés grâce à la hausse des prix du pétrole seront consommés par les importations». La question des changements à attendre en ce concerne le système financier international, l’expert dira que «ni l’Euro, ni le Yuan ne sont des concurrents sérieux à moyen terme pour remplacer le dollar». Ce conflit est loin de sonner la fin de la suprématie du dollar sur l’économie mondiale, prévient Abdelrahmi Bessaha, qui précise cependant que «la part du dollar dans les réserves de change mondiales est passée de 71%, en 2000, à 59% en 2021». Pour autant, selon l’économiste, «le dollar reste, pour l’instant, la monnaie de réserve internationale la plus utilisée, tout simplement parce qu’elle reflète la force de l’économie américaine et de son système financier international».
Salim Abdenour