Vent de panique dans le palais royal
Le Makhzen multiplie les bourdes et les revers politiques et diplomatiques
Le Maroc collectionne les bourdes. A chaque sortie diplomatique ou médiatique, le royaume chérifien s’empêtre les pieds dans ses propres ronces.
Des maladresses qui reflètent la déstabilisation du Makhzen et la panique qui s’est emparée du Palais royal, désemparé face aux multiples revers diplomatiques, mais en raison d’une crise politique latente, causée par la maladie du roi, ainsi qu’une crise économique et sociale qui a mis le royaume en ébullition. Une panique qui a d’ailleurs motivé la dérive sécuritaire afin de museler les voix dissonantes et la multiplication des subterfuges, notamment sur la question sahraouie et de détourner l’attention d’une profonde crise qui menace le royaume. Mais cela ne fait que fragiliser encore plus le régime marocain et alimenter la colère de la population
Si sur le plan politique, notamment la question des libertés et des droits de l’Homme, il est souvent épinglé et réprimandé par les organisations internationales, le Maroc cumule les maladresses sur le plan international. Le dernier scandale, le désormais « Pegasusgate », dont l’impact est loin d’être contenu et reste à déterminer par les enquêtes ouvertes à l’international particulièrement par la France, va encore fragiliser les positions marocaines. L’allié stratégique et traditionnel du Makhzen vient de découvrir que son protégé de roi ne lui vouait finalement pas les mêmes sentiments après avoir été surpris dans sa tentative d’espionner le président Macron et certains de ses ministres, révélant ainsi les velléités inamicales du royaume envers ses protecteurs. Si les réactions ont montré le dépit des Français et éveillé les soupçons de certains pays européens, l’avenir du partenariat avec le Maroc risque d’être revu avec beaucoup d’appréhension et de scepticisme. Le Maroc n’est plus fiable et il va falloir le surveiller de très près. Une question s’impose dès lors. Qui aurait donc poussé le Makhzen à filouter avec ses propres « amis » ? L’on se rappelle la crise diplomatique avec Berlin qui a mené à la suspension des relations avec l’Allemagne à cause de
la question sahraouie. Une crise née de la réaction puérile du Makhzen à la position honorable de Berlin face à la décision uni-personnelle de l’ex-président US, Donald Trump à propos de pseudo marocanité du Sahara occidental. Berlin n’a pas caché sa désapprobation à la reconnaissance par Trump de la souveraineté de Rabat sur les territoires sahraouis occupés par le Maroc en contrepartie de la normalisation des relations diplomatiques avec l’entité sioniste. «Il faut être juste, il faut être impartial, il faut avoir à l’esprit l’intérêt légitime de toutes les parties et il faut agir dans le cadre du droit international», avait déclaré l’ambassadeur allemand à l’ONU Christoph Heusgen, le 24 décembre. Ce qui a déplu au Maroc notamment après que le drapeau de la RASD ait été hissé devant le Parlement régional allemand de Brême. Une autre bourde diplomatique à ajouter à celle de la pactisation avec Israël, un acte considéré par les populations arabes comme étant une haute trahison. L’Espagne à son tour subira le courroux marocain par le biais des réactions hostiles et irréfléchies du Makhzen qui a été remis à sa place une première fois par Madrid à propos de la question des deux enclaves espagnoles, Ceuta et Melilla, revendiquées par le Maroc qui s’est ensuite embourbé en encourageant une crise migratoire avec son voisin européen en « lâchant » quelque 9.000 migrants marocains dont des mineurs à l’assaut des côtes Ibériques. Un acte qui a été désapprouvé par l’Espagne et la communauté européenne dépitée par ce chantage marocain. L’avènement de l’administration Biden remettra en cause la question de la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental générant un retournement de situation qui clouera le royaume chérifien au pilori. Le récent scandale provoqué par l’opération d’espionnage et qu’il convient d’appeler le « Pegasusgate » viendra s’ajouter au lot de « maladresses » diplomatiques et ne fera que déstabiliser encore plus le Makhzen qui s’enlise chaque jour un peu plus notamment sur la question des droits de l’Homme bafouée par le royaume.
La maladie du roi et sa succession
Face à ces comportements peu orthodoxes et qui ne répondent à aucune règle déontologique et encore moins aux us et pratiques de la diplomatie, des questions se posent à propos des véritables raisons de cette débâcle. La maladie du roi Mohamed VI qui n’est plus un secret, d’autant que sa santé se détériore de plus en plus notamment depuis sa dernière intervention à cœur ouvert subie le 14 juin 2020 dans une clinique du palais à Rabat pour traiter un trouble du rythme cardiaque défini comme un «flutter auriculaire sur cœur sain». A 59 ans et après une première intervention du cœur subie en janvier 2018 à la clinique Ambroise Paré , à Paris, le roi du Maroc qui souffre de récidive, a dû subir en toute urgence une « ablation complémentaire par radiofréquence de cette arythmie permettant de normaliser son rythme cardiaque» comme avait annoncé son équipe médicale dans un communiqué. Depuis, le monarque malade et craignant pour ses jours limite ses déplacements. D’ailleurs, il ne prendra pas part à la fête du trône qui aura lieu le 30 juillet de chaque année. Un communiqué du ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie annonce « qu’en prenant en considération la poursuite des mesures préventives imposées par l’évolution de la situation sanitaire, il a été décidé le report de toutes les activités, festivités et cérémonies prévues à l’occasion du 22-ème Anniversaire de l’accession de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ». Et qu’il a été décidé le report de la cérémonie de réception que préside le Mohamed VI, « la cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des différents écoles et instituts militaires, paramilitaires et civils et la cérémonie d’allégeance à Amir Al-Mouminine ». Un autre faux fuyant pour cacher l’incapacité du roi qui est souvent absent de la scène et ne se montre que pour préserver son image et se maintenir et éviter toutes velléités de perdre son trône. D’autant plus que la question de sa succession est loin d’être tranchée puisque son dauphin, son fils ainé, le prince Moulay El Hassan, héritier du trône qui a célébré ses 18 ans, le 08 mai passé, est loin d’être fin prêt pour régner sur le royaume du Maroc et ne fait pas l’unanimité au sein de la famille royale, son oncle, le prince Rachid, notamment qui voit d’un mauvais œil cette succession qui lui revient de droit, d’où les diversions.
Un bateau sans capitaine
Cette crise Maroc qu’on tente de cacher vaille que vaille en dépit des réactions populaires de plus en plus hostiles notamment depuis la pandémie du coronavirus qu’est venue compliquer la situation sociale et économique déjà désastreuses laissera découvrir une autre crise encore plus importante et plus dangereuse, celle du système marocain, le Makhzen, au sein duquel règne désormais un véritable charivari.
Mais qui commande réellement?A voir le cumul des erreurs et des maladresses de la diplomatie marocaine, la question s’impose d’elle-même. Le roi étant malade, la princesse Selma vivant exclue du palais qu’elle a quitté suite à son divorce, l’incapacité de la reine-mère à régenter le royaume, ça serait l’entourage de Mohammed VI et à leur tête le fidèle André Azoulay son conseiller pro-sioniste, qui tente, en véritable monarque, de rafistoler le bateau Maroc ivre et sans capitaine qu’il a livré désormais à ses frères de l’entité sioniste.
Azzedine Belferag