Les investisseurs pourront recourir à des financements extérieurs : ENR : la transition lancée !
L’Algérie concrétisera les premières phases de la transition vers la production d’électricité à partir de ressources renouvelables dès 2023, avec l’entrée en service des premières centrales du projet « Solar 1.000 ». Et afin de garantir un développement continu du programme ENR, l’Algérie est disposée à assurer toutes les garanties aux investisseurs en permettant la vente de l’électricité produite à Sonlegaz, mais aussi en entrevoyant la possibilité de recourir à des financements extérieurs.
Dans un entretien à l’Agence presse service, Smaïl Mougari, Directeur général de la Société algérienne des énergies renouvelables « Shaems », laquelle est chargée de la préparation et le traitement de l’appel d’offres relatif au projet « Solar 1.000 » a assuré que « c’est la centrale de Beni Ounif à Béchar, d’une capacité de 30 MW, qui pourrait réussir à produire les premiers kilowattheures solaires du projet Solar 1000 MW, vers la fin de l’année 2023 ou au plus tard en début de 2024 ».
Ce projet consiste en la constitution de Sociétés de Projet (SPV) chargées de réaliser un projet de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1.000 MW, réparties sur le territoire national, en lots de 50 à 300 MW chacune. Il s’inscrit dans le cadre de la réalisation du programme nationale des énergies renouvelables qui ambitionne à installer 15.000 MW de sources renouvelables d’ici 2035. « Shaems » avait annoncé mi-juin dernier la prorogation du délai de remise des offres et le report de l’ouverture des plis prévue initialement le 30 avril 2022. Le directeur général de Shaems a justifié ce report par une demande formulée par « la totalité des investisseurs locaux et internationaux », estimant qu’il permettra d’avoir « plus de 40 investisseurs en course » créant, ainsi, une concurrence qui « va tirer le tarif vers le bas ». Ces investisseurs, de renommée mondiale, ont demandé notamment si ce projet était « stratégique/structurant », comme l’exige la note du gouverneur de la Banque d’Algérie émise en mars dernier, « pour ouvrir droit au financement extérieur », a-t-il fait savoir. M. Mougari a souligné, à ce titre, que « Shaems » avait relié, via le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, « le souhait de ces investisseurs de se voir accorder l’autorisation de recourir à un financement extérieur ». Ainsi, un dossier a été présenté en réunion du gouvernement le 11 mai, avant d’être soumis au Conseil des ministres du 19 juin, a-t-il détaillé ajoutant que « la nouvelle date d’ouverture des plis sera arrêtée une fois la réponse à cette requête tranchée ». Après l’ouverture des plis, « il faudra une période minimum de six mois avant l’entame des travaux », correspondant à la durée prévue dans le cahier des charges pour s’acquitter de l’étape de clôture financière qui précède la signature des conventions de financement par les banques, selon le directeur général. Cette période de clôture financière a pris plus de deux ans dans d’autres pays tels que la Tunisie et l’Arabie saoudite, a-t-il fait observer. Le responsable a relevé, également, que « le financement extérieur présente plus d’avantages que le financement local », notamment pour des projets « capitalistiques qui demandent beaucoup d’argent », à l’instar du projet « Solar 1000 MW ». Ce dernier qui nécessite 1 milliard de dollars, ne représente que la première phase du programme de 15.000 MW, exigeant un financement global de 15 milliards de dollars, « difficile à supporter localement », a-t-il soutenu. Parmi ces avantages, « des crédits s’étalant jusqu’à 20 ans à des taux d’intérêt de 1 à 3% », alors que « toutes les banques commerciales algériennes et même le Fonds national d’investissement (FNI), proposent des crédits de 7 ans maximum à des taux d’intérêt de 5 à 6%, ce qui n’est pas compétitif », à son sens. Aussi, ce type de financement permettra un coût du kilowattheure « compétitif » par rapport à celui produit à partir des énergies fossiles, et qui se situe entre 6 et 8 dinars, en appliquant un prix du gaz à l’export, a-t-il ajouté. Il donnera, à ce titre, l’exemple de la Tunisie ayant réussi à obtenir un prix du kilowattheure équivalent à 3,54 dinars pour un projet de 500 MW lancé en 2019. L’électricité produite sera « exclusivement et entièrement » vendue à Sonelgaz, sur une période de 25 ans, ce qui fait partie des garanties demandées par les investisseurs, à savoir la signature des contrats de vente directe d’électricité (Power purshase agreements, PPA), a-t-il expliqué. Considérant la première phase du programme des 15.000 MW comme « référence pour les prochaines », le premier responsable de « Shaems » a affirmé vouloir maintenir cette cadence de 1.000 MW lancés par an, pour atteindre l’objectif des 15.000 MW d’ici 2035, précisant que le retard accusé dans la réalisation du projet Solar 1000 MW « ne devra pas causer de glissement dans la réalisation du reste du programme ». M. Mougari a annoncé, dans ce sens, le démarrage, avec le ministère de tutelle, de la préparation de la deuxième phase du programme, incluant l’entame des études de raccordement et d’orientation et l’identification de quelques sites. Le lancement du 2ème appel d’offres de « Solar 1000 MW » interviendra « avant la fin de 2022 », avec la possibilité, avec l’accord du ministère, de lancer « d’autres phases beaucoup plus consistantes de 2 GW et jusqu’à 4 GW à la fois », a-t-il conclu.
Chokri Hafed