Le marché affecté par les tensions géopolitiques : L’Algérie atteindra l’autosuffisance en engrais d’ici la fin de l’année
C’est un marché stratégique dont est tributaire en partie la sécurité alimentaire. Le marché des engrais est actuellement affecté par les tensions géopolitiques dans le sillage du conflit en Ukraine. Ce qui souligne l’urgence du développement de cette filière en Algérie, qui ambitionne d’être parfaitement autosuffisante d’ici la fin de l’exercice en cours.
Le conflit en Ukraine est les sanctions occidentales contre la Russie ont eu des conséquences graves pour les marchés des matières premières. Les prix de l’énergie, notamment le gaz, des céréales et des métaux ont explosé. Une situation qui menace sérieusement la croissance mais implique un risque sérieux d’une crise alimentaire majeure et inédite. Dans ce contexte de tensions, le marché des engrais à lui aussi connu une inflation sans précédent aggravant un peu plus la crise alimentaire qui pointe à l’horizon. La flambée des prix du gaz qui entre dans le processus de production des engrais azotés et le blocage des exportations russes principale producteur d’engrais qui grève ainsi lourdement le marché, créent une situation inédite qui menace les récoles agricoles à venir partout dans le monde. C’est dans ce contexte que doit s’ouvrir demain le 34e Congrès international sur l’industrie des engrais. Lors des réunions techniques précédant l’événement et organisés hier, leprésident du Conseil d’administration de l’Union arabe des engrais (AFA) et patron du groupe Asmidal, Mohamed Tahar Heouaine, a mis en avant les objectifs de l’Algérie en la matière. Il a estimé qu’« il est dans l’intérêt des producteurs en cette conjoncture mondiale d’avoir un marché équilibré, au profit des fabricants et des clients ».Concernant la situation du secteur de la production des engrais en Algérie, le Pdg de Asmidal a précisé que les niveaux de production sont en nette croissance ces dernières années, ajoutant que l’Algérie devrait réaliser l’autosuffisance en matière d’engrais phosphatés d’ici la fin de l’année en cours.Entre autres problématiques qui se posent en Algérie dans le domaine agricole, « le faible taux de fertilisation par rapport au taux mondial », a fait remarquer M. Heouaine qui a appelé à « consentir davantage d’efforts à tous les niveaux pour parvenir à un bon rendement notamment en ce qui concerne les céréales qui constituent la clé pour la réalisation de la sécurité alimentaire ».De son côté, la Directrice générale adjointe de l’entreprise Sorfert-Algérie (filiale de Sonatrach), Souad Abdellah a mis en avant l’importance de ce Congrès, qui offrira l’opportunité de découvrir les nouvelles technologies mondiales dans ce secteur, pour « l’élaboration de plans selon les normes et les exigences internationales ».A ce propos, l’entreprise qui produit, selon l’intervenante, près de 2.5 millions de tonnes/an d’engrais (urée et ammoniac), a intégré les technologies vertes en matière de production « dans le cadre de la démarche du développement durable et en conformité avec les normes environnementales en vigueur sur le marché international ».En marge de ce Congrès technique qui s’étale sur quatre jours (du 3 au 6 octobre), une exposition sera organisée, avec la participation de plusieurs entreprises nationales et internationales qui présenteront leurs nouveaux produits et solutions technologiques innovantes aux professionnels et au grand public.Des ateliers sont également prévus, dont un atelier sur la production industrielle de l’ammoniac animé par des experts américains, pour davantage d’interaction et d’échange entre les grands complexes industriels arabes et étrangers.Dans le même sillage, une caravane agricole sillonnera 5 wilayas spécialisées dans la céréaliculture, à savoir, Bouira, Sétif, Mila, Constantine et Souk Ahras.La caravane comprendra un laboratoire mobile d’analyse d’eau et des sols, sous la supervision d’agronomes et de techniciens algériens et arabes.
Chokri Hafed