La Coupe du monde FIFA-2022 s’ouvre aujourd’hui au Qatar : Place au spectacle !
La cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde 2022 aura lieu aujourd’hui, au stade Al-Bayt d’Al-Khor, situé au nord de Doha, la capitale qatarie. Cette enceinte, qui ressemble à une grande tente, peut accueillir jusqu’à 60.000 places.
Comme à l’accoutumé, la fête sera suivie par des milliards de personnes. Le programme n’a pas été dévoilé officiellement mais la cérémonie devrait, très logiquement, rendre hommage au Qatar et au football. L’histoire de cette pétromonarchie sera sûrement mise en scène. Puis des concerts animés par des stars de la chanson mondiale sont prévus.
De l’avis de tous les passionnés de la balle ronde, tous les ingrédients sont réunis pour que ce mondial – qui, faut-il le rappeler, se déroule pour la première fois dans un pays arabe – soit une très grande réussite. Rien n’a été laissé au hasard. Pour préparer sa Coupe du monde, le Qatar n’a pas lésiné sur les moyens. Pour être irréprochable le jour « J », le pays a même dépensé davantage que son PIB de 180 milliards de dollars. D’après les estimations, les autorités qataries ont déboursé 200 milliards de dollars entre 2012 et 2022, dont 140 milliards de dollars pour les infrastructures de transports et 15 milliards dans les installations hôtelières. Pour les besoins de la compétition en elle-même, Doha a construit 7 nouveaux stades aux standards internationaux. Un record absolu.
Comme le Qatar est un pays qui travaille sur le long terme, toutes les infrastructures construites font partie de son projet « Qatar National Vision 2030 ». Cette stratégie gouvernementale vise, selon ses initiateurs, à promouvoir le développement de l’industrie et des installations d’urbanisation nationales, en plus des systèmes d’éducation et de santé. Ces projets ont été planifiés avant l’attribution de la Coupe du monde, mais ont été accélérés par l’évènement.
Hystérie occidentale et campagne de dénigrement
Malgré toutes les dépenses faramineuses consenties pour être à la hauteur de cet événement planétaire, le Qatar n’a pas trouvé grâce aux yeux des Occidentaux. Une campagne de dénigrement d’une extrême violence, menée par leurs médias, cible depuis des mois le pays. Sous différents prétextes aussi fallacieux les uns que les autres, les télévisions et les journaux occidentaux ont enchaîné à rythme vertigineux les reportages et les émissions à charge sur par exemple les conditions des migrants travaillant sur les chantiers de la Coupe du monde ou les droits des femmes et de la communauté LGBTQ. Il n’est pas nécessaire d’être un spécialiste de la communication ou des médias pour comprendre que leur but était de discréditer les autorités qataries et accessoirement de faire regretter à l’instance du football mondial, la FIFA, sa décision d’octroyer au Qatar l’organisation de la coupe du monde 2022.
Devant la persistance des attaques, l’émir du Qatar, le cheikh Tamim ben Hamad Al Thani, a dû sortir fin octobre de son mutisme pour fustiger fin octobre une campagne «sans précédent» contre l’organisation de la Coupe du monde, dénonçant des «calomnies». La campagne anti-Qatar, aux relents souvent racistes, a atteint une telle intensité que les pays arabes ont saisi l’opportunité de leur réunion le 1er novembre dernier à Alger, à l’occasion de la tenue du sommet de la Ligue arabe, pour crier au scandale. Dans la « déclaration finale » du sommet, les dirigeants arabes ont ainsi affirmé leur « soutien au Qatar (…) et leur entière confiance en sa capacité à organiser une édition exceptionnelle de cette compétition mondiale ». Ils ont aussi exprimé leur «rejet des campagnes tendancieuses de dénigrement et de remise en question qui le visent».
Jamais un pays organisateur d’une coupe du monde de football n’a été autant lynché. Il est clair que l’objectif recherché par les Occidentaux qui se posent aujourd’hui en donneurs de leçons et en conscience du monde n’a rien à voir la condition des travailleurs étrangers, les droits de l’homme ou la condition de la femme qatarie. Non ce n’est pas pas cela. Si c’était vraiment le cas alors pourquoi personne n’a rien dit quand la FIFA a accordé l’organisation de la coupe du monde en 1950 au Brésil des Escadrons de la mort, en 1970 au Mexique tueurs d’étudiants et en 1978 à l’Argentine des généraux.
Enjeux globaux
Certes, le Qatar n’est pas exemple en matière de démocratie ou de droits de l’homme. Cependant, il faut juste se poser la question qui consiste à savoir si cette hystérie collective qui entoure aujourd’hui la coupe du monde 2022 aurait eu lieu si l’événement avait été accordé aux Etats-Unis dont les populations noires sont encore discriminées comme nulle part ailleurs. Certainement pas. Cette hystérie est difficile à comprendre d’autant que le Qatar ou les autres pays du Golfe ne sont pas les pires pays sur terre, malgré les carences qu’ils peuvent afficher sur certaines questions. S’ils avaient été infréquentables, les Occidentaux n’y auraient certainement accourus pour y travailler ou pour se dorer au soleil.
Non, les attaques dont fait l’objet le Qatar n’ont rien à voir avec les droits de l’homme. Il n’y a que les naïfs pour le croire. L’hystérie occidentale renvoie en réalité à des enjeux beaucoup plus globaux. Bien que petit par sa taille, le Qatar s’est affirmé ces dernières années comme un acteur à la fois diplomatique et financier de premier plan au plan régional et international. En organisant une coupe du monde de football, cette pétromonarchie de création récente va acquérir assurément une plus grande aura. Et cela, les Occidentaux n’en veulent pas. Ils n’en veulent pas car le renforcement du Qatar ou de tel autre acteur dans la région contrarie leur hégémonie. Il y va de leur survie. C’est la raison pour laquelle les médias occidentaux n’arrêteront probablement leurs critiques qu’une fois la compétition terminée. Mais ne leur en déplaise et en dépit de tout, le Qatar réussira sa coupe du monde. Maintenant, place au spectacle et au football action.
Khider Larbi