Assemblées annuelles de la BAD : Financements verts et sécurité alimentaire au cœur des débats
Les Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement se sont ouvertes hier à Charm el Cheikh en Égypte. Les principaux défis auxquels est confrontée l’Afrique sont au cœur des discussions. De la sécurité alimentaire aux financements climatiques, les 4.000 participants venus de 81 pays vont tenter de trouver des réponses aux besoins du continent qui risque d’être le principal relai de croissance au cours des années à venir.
Les financements verts ont d’ailleurs été au cœur de l’ouverture de cette grand-messe africaine. Le président égyptien, Abdelfattah Al-Sissi a souligné lors de la séance d’ouverture de la 58e Assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Groupe de la BAD et de la 49e Assemblée du Fonds africain de développement, ayant pour thème « la mobilisation des financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique », « l’équation difficile » à laquelle font face les pays africains, qui œuvrent pour la mobilisation des fonds nécessaires à leur développement tout en essayant de réduire le coût de ces financements. Il a, à cet effet, appelé les organisations financières multilatérales à favoriser les investissements directs dans les pays africains et revoir les conditions d’octroi de crédits bonifiés au profit de ces pays, en mettant l’accent sur l’importance du thème choisi pour cette édition des Assemblées de la plus importante institution financière de développement en Afrique. Et les défis en la matière son importants. Au cours des deux dernières décennies, l’Afrique a connu des risques et des « chocs climatiques » importants: 131 catastrophes liées à des conditions météorologiques extrêmes ont été enregistrées sur le continent en 2020 et 2021. Et malgré sa faible contribution au réchauffement de la planète, le continent, et en l’absence de politiques efficace en la matière, pourrait perdre jusqu’à 12% de son PIB à l’horizon 2100, ce qui fait de la lutte contre le changement climatique une priorité. Cela nécessitera cependant la mobilisation de ressources financières importantes : entre 1.300 et 1.600 milliards de dollars sont nécessaires, sur la période 2020-2030, pour mettre en œuvre l’action climatique de l’Afrique qui souffre d’un déficit annuel de financement climatique de 127 milliards d’USD. En 2020, 80% des 30 milliards d’USD de flux de financement climatique dans le continent ont été mobilisés auprès d’acteurs internationaux publics, alors que le financement fourni par le secteur privé n’y représentait que 14%, selon les données fournies par la BAD. Les participants devront explorer les possibilités de mobiliser davantage de ressources pour financer les initiatives régionales internationales telles que l’Agenda 2030, l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Accord de Paris sur le changement climatique. Les moyens de réformer l’architecture financière mondiale pour assurer « une transition du multilatéralisme vers un système plurilatéral plus souple, plus inclusif et plus flexible », à même de répondre à la nature changeante des défis mondiaux, seront ainsi débattues à cette occasion.
Les Assemblées annuelles du Groupe de la Banque africaine de développement sont aussi une occasion pour l’institution panafricaine de développement de poursuivre les discussions sur la manière d’accélérer la mise en œuvre des décisions du sommet sur la souveraineté alimentaire et la résilience de l’Afrique (Dakar 2). Un sommet au cours duquel la Banque africaine de développement a décidé d’engager 10 milliards de dollars pour aider l’Afrique à accélérer la souveraineté alimentaire de l’Afrique Selon les données de la BAD, l’Afrique, qui possède 65 % des terres arables non cultivées dans le monde, continue d’importer plus de 100 millions de tonnes de nourriture, d’une valeur annuelle estimée à 75 milliards de dollars. Les solutions envisagées pour l’agriculture africaine et qui seront discutées à l’image vulgarisation des technologies pour assurer une plus grande productivité des terres agricoles africaines, en évitant de nouvelles déforestations. L’autre question essentielle, qui est transversale, est celle de la mobilisation des ressources financières.
Hocine Fadheli