L’Algérie au cœur de la transition énergétique
Un gazoduc pour transporter l’hydrogène vert vers l’Europe
L’Algérie est en passe de s’imposer comme l’un des acteurs majeurs de la transition énergétique sur le marché européen. Grâce à son réservoir inégalé en matière d’énergie renouvelable et une orientation des politiques de transition vers le développement de l’hydrogène vert, l’Algérie est susceptible de devenir le principal fournisseur de cette énergie du futur. Une énergie qui sera acheminée vers le cœur de l’Europe, à travers l’Italie.
Le rapprochement entre l’Algérie et l’Italie permettra à cette dernière de devenir un hub énergétique européen. Et cela ne concerne pas seulement le gaz, mais aussi et surtout l’hydrogène vert. C’est dans ce contexte qu’un accord tripartite entre l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne concernant va permettre la réalisation d’un pipeline pour le transport d’hydrogène vert, à partir d’Afrique du Nord, autrement dit d’Algérie, vers le cœur de l’Europe. Le projet dénommé SoutH2 Corridor commence d’ailleurs à prendre forme et bénéficie d’un soutien politique au plus haut niveau, d’autant plus qu’il s’inscrit dans le cadre du plan Mattei promu par la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni. Le projet a d’ailleurs été au cœur d’entretiens, jeudi, entre la dirigeante italienne et le chancelier allemand Olaf Scholz. « Sur le plan énergétique, nous sommes d’accord sur l’importance d’assurer la diversification de nos sources d’approvisionnement et de travailler sur la connexion des infrastructures, en particulier en Méditerranée », a déclaré Meloni à l’occasion. Le gazoduc doit permettre de transporter 4 millions de tonnes par an d’hydrogène vert sur 3.300 Km entre l’Afrique du Nord et l’Europe centrale. Il est d’ailleurs considéré comme un projet stratégique en cours d’examen par l’Union européenne. Au mois de mai dernier, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche ont signé une lettre de soutien pour le développement de ce projet mené par quatre grands opérateurs européens de réseaux de transport : Snam (SRG.MI), Trans Austria Gasleitung, Gas Connect Austria et Bayernets en Allemagne. Sea Corridor, une coentreprise entre Snam et le groupe énergétique italien Eni (ENI.MI) qui également partie du consortium chargé de construire l’infrastructure, appelée SoutH2 Corridor.
Eni a d’ailleurs signé avec la Sonatrach au mois de janvier dernier un protocole d’accord portant sur l’examen de la pose d’un nouveau gazoduc pour transporter du gaz naturel et alternativement de l’hydrogène et de l’ammoniac bleu et vert. L’Algérie et l’Italie sont également reliées par un gazoduc d’une capacité de transport de 30 milliards de m3/ an.
Il est clair que le nouveau pipe prendra son origine en Algérie. Les partenaires du projet soulignent que l’initiative se concentre sur l’utilisation d’infrastructures existantes réaménagées (environ 70% prévus) pour le transport de l’hydrogène, avec l’ajout de nouvelles infrastructures dédiées si nécessaire.
Ce projet revêt une grande importance dans la transition énergétique en favorisant l’utilisation de l’hydrogène renouvelable comme alternative aux énergies fossiles. L’hydrogène est considéré comme une source d’énergie propre et durable, et ce gazoduc facilitera son acheminement depuis l’Algérie vers l’Europe, où la demande d’hydrogène est en croissance constante. L’Algérie mise d’ailleurs sur un vaste plan de développement de l’hydrogène pour s’imposer rapidement comme principal acteur du marché. En mars dernier, le ministère de l’Energie et des Mines avait annoncé une feuille de route pour le développement de l’hydrogène. Selon la même source, cette feuille de route vise à faire de l’Algérie un pays pionnier au niveau régional et international dans la production et la commercialisation de cette nouvelle énergie. Le département de l’Energie avait précisé que « l’Algérie entend tirer profit de ses capacités techniques et de ses avantages concurrentiels pour produire et exporter entre 30 et 40 milliards kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfiés et dérivés, et à approvisionner le marché européen à près de 10 % de ses besoins d’ici 2040 à des prix de vente très concurrentiels ».
Au-delà des opportunités qui s’ouvrent en Europe grâce à la réalisation de ces nouvelles infrastructures, l’Algérie brasse large et mise aussi sur le développement du GNL vert. Sonatrach prévoit d’ailleurs de mobiliser un investissement d’un milliard de dollars dans cet objectif dans le cadre de son plan de développement à moyen terme.
Samira Ghrib