Annaba : La mafia du foncier s’attaque au patrimoine forestier
Le phénomène du squattage des parcelles de terrains et surfaces boisées dans la wilaya d’Annaba est devenu courant au point de s’être étendu jusqu’à la daira d’El Bouni.
Un constat qui n’a pas laissé pour autant indifférents les services de la Conservation des forêts de la wilaya d’Annaba. Ces derniers sont intervenus, sur la base d’un dépôt de plainte introduit par les services de l’APC d’El Bouni faisant état du squattage de parcelles de terrains et autres espaces boisés, et ont démolie plusieurs constructions illicites érigées au milieu de la forêt située à proximité de la cité du 1er Mai et de la gare routière Mohamed Mounib Sandid. Des constructions illicites cédées, par la mafia des constructions illicites entre 40 et 60 millions de centimes chacune sur le marché informel et raccordées en électricité et en eau potable par le biais de branchements illicites sur le réseau principal. Faute de terrains, la mafia du foncier a jeté son dévolu sur les espaces forestiers de la wilaya. Ce cas n’est isolé puisqu’un autre similaire est enregistré dans la commune de Séraidi. Cette commune compte des centaines de constructions illicites. La poussée du béton est aussi significative qu’inquiétante et peut conduire un désastre écologique. Surtout lorsqu’il s’agit du couvert forestier de la cité balnéaire de Séraidi, autrefois le poumon de la wilaya d’Annaba. Ces centaines de milliers d’hectares de forêts réduits de moitié, dénote de l’ampleur du pillage auquel sont soumises les forêts de la wilaya d’Annaba, en raison d’une part, du bradage des dizaines de parcelles de terrains, dont les arbres ont été abattus, cédant la place à des constructions qui poussent comme des champignons et d’autre part, en raison des feux de forêts qui ont décimé plusieurs dizaines d’hectares de couvert végétal. C’est pourquoi, des appels à la prévention et la préservation de la forêt sont lancés chaque jour tant à travers les ondes de la radio locale qu’à travers les campagnes de lutte contre les incendies de forêt et les campings sauvages. Ces derniers sont, convient-il de le rappeler, interdits durant toute la saison estivale. Depuis l’ouverture de celle-ci, les services de la Conservation des forêts d’Annaba n’ont pas cessé d’enchaîner les opérations de lutte contre les campings sans autorisation préalable. Dans ce contexte, on rappelle qu’un arrêté de la wilaya interdisant le camping sauvage, les feux de camp et les barbecues dans le mont de l’Edough et les zones forestières, a été mis en vigueur en 2022, sur instruction des autorités supérieures du pays. Il est à souligner qu’en période de fortes chaleurs, le camping sauvage et l’organisation de barbecues par des groupes de vacanciers sont devenus monnaie courante sur le mont de l’Edough, en particulier dans les zones boisées côtières, causant le plus souvent des dommages au patrimoine forestier, et du coup, cela représente un réel danger, aussi bien pour l’homme que pour la faune et la flore. C’est pourquoi, et par mesure de sécurité, l’allumage de feux de camp en plein air, l’utilisation de réchauds et de barbecues, sont désormais strictement interdits dans l’ensemble des zones forestières de juin à octobre. Les auteurs de ces actes sont passibles de poursuites judiciaires. Par ailleurs, et dans le contexte de la préservation et la protection du patrimoine forestier, les responsables des services forestiers œuvrent à soutenir et encourager l’investissement dans le secteur des forêts. Celui-ci représente une importance capitale tant pour la wilaya d’Annaba que pour sa population locale, en particulier celle des monts de l’Edough. Le collectif des habitants est invité à faire preuve d’une extrême prudence, d’une attitude citoyenne et de respect des règles établies. Des précautions essentielles pour prévenir efficacement les risques d’incendie et assurer la protection des ressources forestières de la wilaya. La vigilance et l’implication de tout un chacun est un signe de civisme et de citoyenneté surtout. À noter que la wilaya d’Annaba compte une superficie forestière de plus de 74.000 hectares, dont 14.930 ha de chêne-liège, 546 ha de chêne zéen, 376 ha de mélange de chêne-liège, chêne zéen et pin maritime, ainsi que 43.557 ha de maquis et de broussailles.
Sofia Chahine