Lutte contre la migration clandestine : L’Algérie créé une instance dédiée
Le directeur général des Affaires consulaires et de la Communauté nationale à l’étranger au ministère des Affaires étrangères, Rachid Meddah, a annoncé hier à l’ouverture d’un atelier de formation sur « la gestion des migrations », qu’une instance nationale dédiée à la question de la migration clandestine sera « bientôt » mise en place en Algérie pour une meilleure prise en charge de ce phénomène. Lors de cet atelier organisé par le Bureau de l’Organisation internationale des migrations (OIM) en Algérie, le même responsable a précisé que cette instance, qui « regroupera tous les acteurs concernés par la question de la migration clandestine à l’échelle nationale, aura pour mission l’élaboration d’une stratégie nationale pour mieux lutter contre ce fléau, et ce, tout en respectant les conventions internationales ratifiées par l’Algérie ». Il a dans ce sens expliqué que l’idée de créer cette instance est dictée par « la conviction des autorités algériennes de l’inefficience de l’approche sécuritaire suivie jusqu’ici dans d’autres pays ». Rappelant, dans ce sens, que l’approche algérienne de lutte contre la migration clandestine était une « approche humaine », le directeur général des Affaires consulaires et de la Communauté nationale à l’étranger a souligné que l’Algérie mobilisait d’ »importants moyens en amont et en aval pour contrer ce phénomène ». Faisant observer, à ce sujet, que l’Algérie est passée ces dernières années d’un pays de transit à un pays d’accueil pour des milliers de migrants en provenance notamment des pays du Sahel, le conférencier a précisé qu’elle prenait en charge ces migrants dans des centres d’accueil, assurait leur rapatriement dans leurs pays d’origine en coordination avec ces derniers et aidait désormais des pays africains à travers l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. « L’Algérie mobilise aussi des moyens énormes pour lutter contre les réseaux du trafic d’êtres humains et collabore avec des organisations internationales de lutte contre la migration clandestine », a-t-il ajouté, notant que d’autre part, « l’Algérie mène une politique proactive à l’échelle internationale, en plaidant notamment pour la prise en charge des véritables causes de ce fléau, à l’instar de la pauvreté extrême, l’instabilité politique et des conflits, ainsi que l’impératif de privilégier la coordination avec les pays d’origine et le renforcement des politiques de développement dans ces pays ». Pour sa part, le coordinateur résident de l’ONU en Algérie, Alejandro Alvarez, a indiqué a exprimé la grande satisfaction des Nations unies « des efforts de l’Algérie et de son rôle leader concernant la lutte contre le phénomène de la migration clandestine ». M. Alvarez a déclaré que « l’Algérie est un pays stable, prospère et solidaire par excellence. Elle est devenue un pays d’accueil pour des milliers de migrants grâce justement à son approche humaine désormais consolidée par l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement ». « Cette approche ne se limite pas uniquement à la prise en charge des migrants, mais elle interdit aussi les discours de haine et de stigmatisation à leur encontre, chose qui est très rare dans d’autres pays », a-t-il ajouté. De son côté, le chef du Bureau de l’OIM en Algérie, Paolo Caputo, a indiqué dans son intervention que « cette formation succède à plusieurs années de collaboration étroite et fructueuse entre le gouvernement algérien et l’OIM. Elle représente une occasion unique de consolider et de renforcer davantage ce partenariat ». La migration clandestine est un phénomène qui prend de l’ampleur en Méditerranée. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, 2 500 migrants sont morts ou ont disparu en Méditerranée entre le 1er janvier et le 24 septembre, soit 50 pour cent de plus qu’à la même période l’année dernière. Un phénomène que l’approche assise sur la répression adoptée par certains pays notamment en Europe ne suffit pas à contrer, dans la mesure où les phénomènes migratoires sont alimentés par la multiplication des conflits et l’instabilité politique en sus de la pauvreté et de la précarité économique.
Chokri Hafed