Il sera dédié à l’ingénierie et la réalisation des chemins de fer : Un grand groupe ferroviaire créé
Un grand groupe dédié à l’ingénierie et à la réalisation des projets ferroviaires, réunissant trois grandes entreprises publiques du secteur ferroviaire, a été créé sur décision du Conseil des participations de l’État. Ce nouveau groupe public permettre de mettre en synergie l’ensemble des capacités de réalisation et d’ingénierie en vue d’accompagner les programmes de réalisation des grandes infrastructures ferroviaires notamment dans le sud du pays.
Relier le Nord au Sud et l’Est à l’Ouest par le rail, telle est l’ambition du président de la République Abdelmadjid Tebboune qui compte sur la réalisation d’un maillage du territoire national par les chemins de fer pour accompagner les projets de développement local et de désenclavement de l’ensemble des régions du pays, les grands projets miniers, industriels et agro-industriels projetés, notamment dans le Sud, en sus de stimuler le commerce notamment dans les régions frontalières dans la perspective de la création de 5 grandes zones franches aux frontières avec la Mauritanie, la Tunisie, la Libye, le Niger et le Mali afin de stimuler l’investissement et réaliser l’intégration économique et commerciale régionale. Un programme important qui nécessité la mobilisation d’importantes ressources publiques et leur optimisation pour le concrétiser. C’est dans cet objectif que les pouvoirs publics ont décidé de la création d’un grand groupe public devant mettre en synergie les capacités de quatre entreprises du secteur ferroviaire à savoir Setirail Spa, Infrarail Spa, Railelect Spa, Infrafer Spa pour accompagner la réalisation du programme de développement du rail. Une décision actée par le Conseil des participations de l’État jeudi.
« S’inscrivant dans la vision stratégique économique du Président de la République M. Abdelmadjid Tebboune et en application de ses directives, le Conseil de Participation de l’Etat (CPE) qui vient de tenir, sous la présidence du Premier Ministre Nadir Larbaoui, sa 184e session, ce jeudi 23 mai 2024, a acté la création d’un grand groupe public dédié à l’ingénierie et à la réalisation des projets ferroviaires, à travers la reconfiguration du secteur public des infrastructures ferroviaires », a annoncé un communiqué des services du Premier ministre. « L’approche retenue vise à mettre à profit l’important programme ferroviaire décidé ، pour mettre en synergie les capacités d’ingénierie et de réalisation des entreprises publiques spécialisées dans le domaine de la construction ferroviaire, dans le cadre d’un regroupement cohérent de leurs capacités et de leur savoir-faire », ajoute la même source. Et de préciser que « dans ce cadre, le modèle organisationnel projeté est axé sur la constitution d’un grand Groupe formé par une société mère EPE/SPA, à laquelle sont rattachées quatre filiales spécialisées dans le ferroviaire à savoir, les entreprises publiques économiques suivantes : Setirail Spa, spécialisée dans l’ingénierie ferroviaire ( études et suivi des travaux) Infrarail Spa, spécialisée dans les travaux d’infrastructures ferroviaires, Railelect Spa, spécialisée dans l’électrification ferroviaire et Infrafer Spa en charge des infrastructures et de production d’agrégats ». Les services du Premier ministre soulignent que l’objectif est de doter notre pays « d’une entité d’envergue, d’ingénierie et de réalisation dans le domaine ferroviaire, à même de répondre aux grands projets ferroviaires structurants, décidés par Monsieur le Président de la République dans l’optique d’un maillage ferroviaire du territoire, par la densification du réseau, ce qui qui requiert une mobilisation conséquente des capacités nationales d’ingénierie et de réalisation ». Selon la même source la création de ce groupe poursuit plusieurs objectifs, notamment celui de conforter l’autonomie technologique du pays et de renforcer la position des entreprises nationales face à la rude concurrence étrangère, en augmentant les capacités de négociation face ou avec les groupes étrangers. Il s’agi t aussi d’améliorer la maitrise du management, par une mutualisation des ressources et une économie d’échelle, notamment, en matière d’approvisionnement. Enfin, l’objectif est d’induire des effets d’entraînement sur les entreprises nationales hors portefeuille, notamment les sous-traitantes, en amont et en aval de la chaîne de valeur. Il faut rappeler dans ce contexte qu’un programme important de réalisation d’infrastructures ferroviaires est en cours. Un programme qui prévoit la réalisation d’une Alger-Tamanrasset devant relier le Nord au Sud par le rail, et la création de 5 couloirs ferroviaires vers le Sud, en sus des lignes minières en cours de réalisation. Dans ce contexte, le directeur général de l’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires (ANESRIF), a indiqué au mois de février dernier dans un exposé à l’Assemblée populaire nationale que la réalisation de plus de 5.600 km de lignes de chemins de fer est en cours d’étude au niveau de l’Agence alors qu’une quinzaine de lignes est en cours de réalisation sur un linéaire total de 2773 km, dont 727 km relatifs au dédoublement des lignes actuelles. . Il a précisé que ce vaste programme de développement du rail qui permettra de porter l’étendue du réseau ferroviaire nationale de 4737 km actuellement exploités à plus de 15.000 km à la fin du programme. Il a ainsi a évoqué le raccordement de différentes zones industrielles, des ports, des zones d’activités et des villes nouvelles, en sus de l’intensification du réseau ferroviaire, en vue de permettre le développement régional équilibré dans les régions de l’intérieur du pays (Nord, Hauts-Plateaux, Sud et Grand Sud) au plan socio-économique.
Rappelons aussi que d’importants moyens financiers ont été mobilisés par les pouvoirs publics dans le cadre du programme de développement du rail. Le ministère des Travaux publics et des infrastructures de base a bénéficié d’une rallonge budgétaire, au titre de l’exercice 2023 pour mener ce programme. Un décret présidentiel daté du 26 décembre 2023 et publié dans le Journal officiel du 10 janvier acte le transfert d’un crédit de plus de 481 milliards de dinars -l’équivalent de plus de 3,5 milliards de dollars- du chapitre « Dépenses imprévues » au titre de la Loi de finances complémentaire 2023 vers le département de Lakhdar Rakhroukh. Cette enveloppe est destinée aux programmes de Développement des infrastructures routières, maritimes et ferroviaires. Cependant, c’est le rail qui se taille la part du lion dans ce programme exceptionnelle. Selon l’annexe du décret, plus de 432 milliards de dinars, soit l’équivalent de plus de 3,2 milliards de dollars au taux de change actuel, sont mobilisés en faveur du programme de développement des infrastructures ferroviaires.
Samir Benisid