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Kenya: Manifestations réclamant le départ du président Ruto

La police anti-émeute kényane a tiré des grenades lacrymogènes sur des manifestants qui se sont rassemblés hier à Nairobi pour réclamer la démission du président William Ruto, alors que le retrait d’un projet de loi de finances contesté il y a une semaine n’a pas mis fin aux violences meurtrières qui secouent le pays.

Des nuages de gaz lacrymogène ont envahi le centre-ville de Nairobi après que des manifestants ont allumé des incendies le long du principal axe routier de la capitale et jeté des pierres sur les policiers dans le quartier d’affaires. Des manifestations ont également eu lieu dans le reste du pays, notamment dans la ville portuaire de Mombasa. Des dizaines de Kenyans ont été tués lors de manifestations et d’affrontements avec la police depuis la présentation de la loi de finances le 18 juin, la plupart d’entre eux ayant été abattus par la police mardi dernier, lorsque des manifestants ont tenté de prendre d’assaut le Parlement pour empêcher les députés de voter les fortes hausses d’impôts prévues. Le calme n’est pas revenu depuis que William Ruto a fait marche arrière le 26 juin en retirant son projet de loi, les manifestants, sans véritable leader mais très organisés sur les réseaux sociaux, rejetant les appels au dialogue du chef de l’Etat. Outre le départ de William Ruto, les manifestants réclament le licenciement des fonctionnaires corrompus, responsables selon eux de la situation financière catastrophique du pays. Cette vague de contestation meurtrière provoquée par le projet de budget du gouvernement instaurant de nouvelles taxes, s’est muée en un mouvement national de défiance contre le gouvernement en place. Le chef de l’Etat avait annoncé mercredi le retrait du projet de budget 2024-2025, au lendemain d’une journée de violences marquée par la prise d’assaut du Parlement par les manifestants. La police avait alors tiré à balles réelles sur la foule. Le projet de budget 2024-2025 prévoyait notamment une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 16 % sur le pain et une taxe annuelle de 2,5 % sur les véhicules particuliers. Le gouvernement estime les nouvelles taxes nécessaires en raison du fort endettement du pays. Les augmentations de taxes prévues devaient permettre de financer ledit budget, tablant sur 4 000 milliards de shillings (soit 29 milliards d’euros) de dépenses, un record. Au pouvoir depuis deux ans, William Ruto est pris en tenaille entre les exigences des bailleurs de fonds du Kenya, comme le Fonds monétaire international (FMI), qui lui demandent de réduire ses déficits, et une population aux abois, qui souffre de la flambée du coût de la vie. La dette publique du Kenya s’élève à environ 10 000 milliards de shillings, soit environ 70 % du PIB. Selon la Commission nationale des droits humains du Kenya (KNHCR), 39 personnes ont trouvé la mort depuis la première manifestation le 18 juin. De son côté Human Rights Watch rapporte un bilan de 31 morts. Le président William Ruto a, lui, évoqué dans une interview dimanche un bilan de 19 morts, estimant n’avoir ‘’pas de sang sur les mains’’ et que la police ‘’a fait de son mieux’’ pour préserver l’ordre, selon Le Monde. Un rassemblement en hommage aux victimes s’est tenu dimanche et avait réuni quelques centaines de personnes qui ont scandé ‘’Ruto must go !’’ (« Ruto doit partir ! ») Elu en août 2022 William Ruto s’était engagé à défendre les plus démunis, mais il avait depuis pris des mesures d’austérité qui ont dégradé le pouvoir d’achat des Kenyans.

R.I. avec agences

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