Politique de normalisation et d’expansion du Makhzen : Un danger croissant pour la stabilité régionale
Le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, a mis en lumière hier les menaces grandissantes que le régime marocain fait peser sur la stabilité de la région du Maghreb et du Sahel.
Le président Sahraoui a indiqué dans une allocution à la clôture des travaux de la 12e édition de l’Université d’été des cadres du Front Polisario et de l’Etat sahraoui, tenue dans la wilaya de Boumerdès au souligné que la politique expansionniste du Maroc et sa normalisation avec l’entité sioniste reste au cœur des préoccupations. M. Ghali a dénoncé les « politiques hostiles visant l’occupation des territoires des voisins » menées par le royaume chérifien, qualifiant cette approche d’expansionniste et ne reconnaissant pas les frontières internationales. Cette volonté d’extension territoriale, particulièrement manifeste dans le conflit du Sahara occidental, constitue une source majeure d’instabilité dans la région. . « Le premier danger imminent guettant les peuples et les pays de la région provient de l’Etat d’occupation marocaine », à travers « ses politiques hostiles visant l’occupation des territoires des voisins (…) dans le cadre d’un approche expansionniste ne reconnaissant pas les frontières internationales (…) », a-t-il poursuivi, ajoutant que le Maroc « inonde la région systémiquement et de manière exponentielle de drogues tout en apportant appui aux bandes criminelles organisées et aux groupes terroristes activant dans la région ».
Mais le danger ne se limite pas aux ambitions territoriales. Le président sahraoui a également pointé du doigt le rôle du Maroc dans la prolifération de la drogue et son soutien présumé aux groupes criminels et terroristes. Il a souligné que le royaume « inonde la région systématiquement et de manière exponentielle de drogues tout en apportant appui aux bandes criminelles organisées et aux groupes terroristes activant dans la région ». Ces activités illicites contribuent à fragiliser davantage les structures sociales et sécuritaires des pays voisins.
Cependant, l’aspect peut-être le plus alarmant des actions marocaines réside dans sa récente normalisation des relations avec l’entité sioniste. M. Ghali a souligné que le régime marocain avait « laissé la porte grande ouverte aux agendas malveillants de l’entité sioniste dans notre région ». Cette alliance stratégique entre le Maroc et Israël suscite de vives inquiétudes quant à un potentiel transfert des tensions du Moyen-Orient vers la région du Maghreb et du Sahel.
Le président de la RASD a explicitement condamné le fait que « le régime marocain s’est jeté dans les bras de l’entité sioniste, a facilité l’exécution de ses plans, a conclu des alliances militaires et sécuritaires avec elle et a ouvertement cautionné ses politiques hostiles et ses crimes contre l’humanité commis contre le peuple palestinien frère ». Cette collaboration militaire et sécuritaire entre le Maroc et l’entité sioniste pourrait non seulement exacerber les tensions régionales existantes, mais aussi introduire de nouvelles dynamiques de conflit dans une région déjà fragile. M. Ghali a établi un parallèle entre la situation en Palestine et celle au Sahara occidental, les qualifiant de « deux pays occupés et de deux peuples privés de leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance ».
Face à ces menaces multiformes, le président sahraoui a appelé à une mobilisation internationale. Il a exhorté l’ONU à accélérer le processus de décolonisation du Sahara occidental et à permettre à la MINURSO d’organiser le référendum d’autodétermination longtemps promis. « Nous insistons encore une fois pour que l’ONU accélère la mise en œuvre de son engagement à parachever la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, en faisant respecter l’application de sa Charte et de ses résolutions et en protégeant les civils sans défense croupissant sous le joug de l’occupation », a déclaré le président sahraoui. M. Ghali a également appelé l’organisation internationale « à accélérer le processus devant permettre à la MINURSO de parachever sa mission d’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, conformément au plan de règlement ONU-OUA de 1991, seul accord accepté et signé par les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Royaume du Maroc, et adopté à l’unanimité par le Conseil de sécurité de l’ONU ».Il a également appelé l’Union africaine à faire respecter les principes de son Acte constitutif, notamment le respect des frontières héritées à l’indépendance. L’Union européenne (UE) est appelée également à « s’abstenir de signer tout accord avec l’Etat d’occupation marocain, qui inclue les territoires, l’espace aérien ou encore les eaux territoriales du Sahara occidental, d’autant qu’il s’agit d’une violation flagrante du droit international, du droit international humanitaire et du droit européen, ce constitue également une participation directe à l’assassinat, au déplacement, à la répression, au blocus et au pillage des ressources naturelles subis par le peuple sahraoui ». Réitérant « la responsabilité légale de l’Etat espagnol » vis-à-vis de la cause sahraouie, M. Ghali a affirmé que cette dernière était « imprescriptible et ne pouvait être enterrée par le soutien du Chef du gouvernement (…) au plan expansionniste marocain ». Il a indiqué, à ce propos, que l’Etat sahraoui souhaitait voir une position française « plus sage et plus cohérente avec la légalité internationale » quant au conflit entre le Sahara occidental et le Maroc. Il a ensuite évoqué la décision « souveraine » du peuple sahraoui de reprendre la lutte armée, en réponse à la violation du cessez-le-feu par le Maroc et ce, pour « contrer par tous les moyens les manœuvres de l’Etat d’occupation qui ne cesse de faire fi des résolutions de la légalité internationale (…) ». Exprimant enfin sa satisfaction quant à la décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) qui a demandé à l’entité sioniste de mettre fin à l’occupation des territoires palestiniens, le président sahraoui a affirmé par la-même, que la situation en Palestine était similaire à celle au Sahara occidental, car, il s’agit-là de « deux pays occupés et de deux peuples privés de leurs droits à l’autodétermination et à l’indépendance… ». Le président Ghali a condamné, dans le même contexte, les crimes contre l’humanité et le génocide perpétrés par l’occupation sioniste à l’encontre des Palestiniens, réitérant la position de son pays en faveur du droit inaliénable du peuple palestinien à l’établissement de son Etat indépendant avec pour capitale El Qods.
Notons que l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a salué mardi lors d’une conférence organisée par l’Institut national d’études de stratégie globale, le rôle prépondérant de l’Algérie dans la défense des causes justes en Afrique et dans le monde. Il a souligné l’importance du soutien algérien non seulement pour la cause sahraouie mais aussi pour d’autres luttes à travers le continent africain. Taleb Omar a réaffirmé la détermination du peuple sahraoui à poursuivre sa lutte contre l’occupation marocaine jusqu’au recouvrement de sa souveraineté totale. Il a également mis en avant les crimes commis par l’occupant marocain dans les territoires occupés, notamment les disparitions forcées, les assassinats et les détentions politiques. Le diplomate sahraoui a également salué le rôle de l’Afrique dans le soutien à la cause sahraouie.
Lyes Saïdi