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Le parquet de Paris ouvre une enquête pour cyberharcèlement: Musk et JK Rowling cités dans la plainte d’Imane Khelif

Une enquête judiciaire a été ouverte suite à la plainte déposée par Imane Khelif, médaillée d’or en boxe aux Jeux Olympiques de Paris 2024, victime d’une violente campagne de cyberharcèlement pendant la compétition. Cette affaire met en lumière les défis persistants auxquels font face les athlètes féminines, en particulier celles issues de l’Afrique et du monde arabe, dans le monde du sport de haut niveau.

Le Pôle national de lutte contre la haine en ligne a initié l’enquête mardi, visant plusieurs infractions graves : « cyberharcèlement en raison du genre, injure publique en raison du genre, provocation publique à la discrimination et injure publique en raison de l’origine ». L’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité et les crimes de haine a été chargé des investigations, soulignant la gravité des faits reprochés. Me Nabil Boudi, avocat de Khelif, a annoncé le dépôt de la plainte samedi, déclarant : « Tout juste médaillée d’or aux JO de Paris 2024, la boxeuse Imane Khelif a décidé de mener un nouveau combat : celui de la justice, de la dignité et de l’honneur. » Il a souligné l’importance de l’enquête pour identifier non seulement les instigateurs de cette campagne « misogyne, raciste et sexiste », mais aussi ceux qui ont contribué à sa propagation.

La plainte mentionne, selon le magazine Variety, Elon Musk, propriétaire du réseau social X, et JK Rowling, autrice de Harry Potter, connue pour ses positions d’extrême droite. Cette implication présumée de personnalités influentes soulève des questions sur la responsabilité des plateformes et des figures publiques dans la lutte contre le cyberharcèlement.

La campagne de haine et d’intimidation a été lancée après le premier combat de Khelif, remporté par abandon de son adversaire italienne Angela Carini dès la première minute. Suite à cette victoire, la boxeuse algérienne de 25 ans a été la cible d’une campagne de désinformation et de haine sur les réseaux sociaux, empreinte de racisme et de misogynie. Des internautes l’ont faussement présentée comme un « homme combattant des femmes », alors que la boxeuse avait été prise dans le feu des règlements de comptes entre l’IBA (Association internationale de boxe) et le CIO (Comité international olympique). Alors que le CIO a apporté son plein soutien à Imane Khelif, l’IBA, qui a éliminé de manière injustifiée la boxeuse l’an dernier en finale des championnats du monde, après avoir participé à l’ensemble des phase de la compétition, a tenté d’alimenter cette campagne en organisant une conférence de presse dans le seul objectif d’alimenter la campagne de désinformation. Conférence qui a d’ailleurs été un fiasco et confirmé le manque de crédibilité de l’IBA.

La campagne a pris en ampleur inédite avec l’implication de personnalités politiques et publiques d’extrême droite, comme la première ministre italienne Giorgia Meloni, le candidat à la présidentielle US Donald Trump qui a tenté de surfer sur le Bad buzz. Face à ces attaques, Khelif a répondu avec dignité et détermination : « Je suis une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j’ai envoyé un message à ceux qui étaient contre moi. J’ai fait l’objet d’attaques et d’une campagne féroce et c’est la plus belle réponse que je puisse donner. La réponse a toujours été sur le ring. » « Je suis pleinement éligible pour participer, je suis une femme comme les autres. Je suis née femme, j’ai vécu en tant que femme et j’ai concouru en tant que femme », a-t-elle ajouté.

Il est important de noter que la participation de Khelif aux Jeux de Tokyo en 2021 n’avait suscité aucune controverse, ce qui soulève des questions sur les motivations derrières ces attaques soudaines.

Malgré cette campagne de harcèlement, Khelif a triomphé en remportant la médaille d’or dans la catégorie des -66 kg le 9 août. Son retour en Algérie, aux côtés d’autres athlètes médaillés comme la gymnaste Kaylia Nemour et le coureur Djamel Sedjati, a été marqué par un accueil triomphal à Alger. La championne a tenu à « remercier le peuple algérien qui [l]’a soutenue dans cette épreuve et [lui] a donné de la force » face à cette « campagne acharnée ».

Cette affaire met en évidence les défis persistants auxquels sont confrontées les athlètes féminines, en particulier celles issues de minorités ou de pays en développement. Elle soulève des questions importantes sur la protection des athlètes contre le cyberharcèlement, le rôle des réseaux sociaux dans la propagation de la désinformation et de la haine, ainsi que la responsabilité des plateformes et des personnalités influentes dans la lutte contre ces phénomènes.

Le courage et la résilience d’Imane Khelif face à l’adversité restent une source d’inspiration. Sa victoire olympique, malgré les attaques dont elle a été victime, témoigne de sa force de caractère et de sa détermination, faisant d’elle un symbole de résistance contre la discrimination et le harcèlement dans le sport.

Moncef Dahleb

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