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Accord d’association Algérie-Union Européenne : La révision lancée à partir de 2025

Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a indiqué, samedi soir lors de son entrevue périodique avec des représentants de la presse nationale, que l’accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) sera révisé à partir de 2025, soulignant que cette révision, désormais « nécessaire », sera menée « avec souplesse et dans un esprit amical sans entrer en conflit ».  Le premier magistrat du pays a déclaré : “nous entretenons des relations normales avec les États de l’Union européenne, y compris la France », expliquant dans la foulée que l’accord d’association avec l’Union européenne a été conclu en avril 2002 et est entré en vigueur en septembre 2005, à une époque soit où l’Algérie était bien différente de celle d’aujourd’hui.  Plus explicite, le Président de la République a ajouté qu’à l’époque, la contribution de l’industrie au revenu national ne dépassait guère 3% et nous importions des produits agricoles sans en exporter.  Autrement dit, l’Algérie d’alors n’avait pas de capacités d’exportation, affirmant dans le même sens que la donne a changé, l’Algérie produisant et exportant désormais une grande variété de produits manufacturés, électroménagers et autres.  Et d’ajouter : « aujourd’hui, nous demandons une révision, car l’essence même de l’accord avec l’Union européenne repose sur le libre-échange, et nous souhaitons le faire dans un esprit amical sans entrer en conflit ».

D’ailleurs, les États membres de l’Union européenne veulent entretenir, ajoute M. Abdelmadjid Tebboune, de bonnes relations économiques avec l’Algérie et ne s’opposent pas à une révision de l’accord d’association, saluant, par là même, le succès commercial remarquable des produits algériens sur les marchés européens.  Ceci dit, le Président de la République plaide en faveur d’un partenariat en fonction d’une vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant avec les pays membres de l’Union européenne, un processus qui passe essentiellement par un rééquilibrage des relations économiques et commerciales entre l’Algérie et l’Union européenne.  Et pour cause, cette révision représente une nécessité, voire une urgence, pour remettre cet accord dans le bon sens, selon plusieurs observateurs qui pointent des relations économiques et commerciales en défaveur de l’Algérie.

Selon les experts, la révision de l’accord d’association se fera clause par clause sachant que le volet économique et commercial constitue, actuellement, la principale source de discorde entre les deux parties en raison notamment du démantèlement tarifaire et des barrières tarifaires et non-tarifaires imposées par les pays membres de l’Union européenne pour l’accès des marchandises et produits algériens au marché européen. Il s’agit principalement, selon la même source, de certains produits agricoles et agroalimentaires dont le dernier en date est la pâte à tartiner “Al-Mordjane” interdite d’accès au marché français pour des considérations jugées “sulfureuses voire excessives”.

Last but not least, le Président le République avait affirmé en 2021 que la révision ciblée doit surtout tenir compte, de l’intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois.

Aujourd’hui, après 19 ans d’application, les observateurs s’accordent à dire que l’accord n’a pas réellement profité à l’Algérie, sur le plan économique et commercial notamment puisqu’une évaluation de l’impact de l’Accord d’association sur le commerce extérieur du pays sur 10 ans soit de 2005 à 2015 conforte ce constat.

Selon les données de la direction générale des Douanes algériennes, le cumul des exportations algériennes hors hydrocarbures vers l’UE, premier partenaire du pays, n’a même pas atteint les 14 milliards de dollars de dollars durant cette décennie, alors que le cumul des importations algériennes auprès de l’UE s’est chiffré à 220 milliards de dollars, avec une moyenne annuelle de 22 milliards de dollars. En plus, l’accord d’association avec l’Union européenne a engendré un manque à gagner de plus de 700 milliards de DA aux recettes douanières algériennes durant la même période.

Sur 15 ans (2003-2018), les exportations algériennes hors-hydrocarbures vers l’UE sont passées de 344 millions de dollars en 2003 soit deux ans avant l’application de l’accord à 889 millions de dollars à peine en 2018.

Pourtant, l’Algérie visait, à travers l’accord, de promouvoir ses exportations hors-hydrocarbures vers l’Europe et de voir les investissements européens en Algérie croitre, note ces observateurs, citant à titre indicatif les dispositions de article 01 de cet accord qui prévoit de “….développer les échanges, assurer l’essor de relations économiques et sociales équilibrées entre les parties, et fixer les conditions de la libéralisation progressive des échanges de biens, de services et de capitaux ». Or, la balance commerciale est très défavorable à l’Algérie et ledit accord n’a généré ni l’investissement direct étranger, qui est pratiquement nul, ni de postes d’emploi et de croissance économique. 

Il y lieu de rappeler qu’en septembre 2020, l’Algérie a lancé de nouvelles concertations avec l’Union Européenne (U.E) pour réévaluer l’accord dans l’objectif de le réviser et ce sous l’égide du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger en collaboration avec l’ensemble des secteurs ministériels concernés. Et en décembre 2020, lors de la 12ème session du Conseil d’association avec l’UE, l’Algérie a alors assuré que la révision de l’accord se fait sur la base de l’équilibre, soulignant la volonté de dialogue de part et d’autre.

Hakim Aomar

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