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Conseil de sécurité de l’ONU : Le groupe A3+ condamne «fermement» les interférences étrangères au Soudan

Face à la situation humanitaire alarmante au Soudan, le groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Léone, Guyana) au Conseil de sécurité de l’ONU a pris une position ferme lors d’une réunion présidée par l’Algérie lundi, consacrée à la protection des civils dans les conflits armés.

Dans un contexte où le Soudan fait face à ce que Edem Wosornu, directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), qualifie de crise humanitaire « aux proportions stupéfiantes », l’intervention du groupe A3+ s’est particulièrement concentrée sur la condamnation des ingérences étrangères. Par la voix de l’ambassadeur Michael Imran Kanu, représentant de la Sierra Leone, le groupe a « fermement condamné les interférences étrangères au Soudan », soulignant qu’une « paix durable au Soudan » ne pourrait être atteinte qu’à condition que « toute interférence étrangère cesse tout comme le soutien externe fourni aux belligérants ». Le groupe A3+ a appelé à l’élaboration d’un « plan de paix consensuel pour le Soudan » qui nécessiterait le soutien actif de « toutes les parties prenantes et la communauté internationale ».

Cette prise de position intervient alors que la situation humanitaire continue de se dégrader dramatiquement, comme en témoignent les derniers chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui révèlent une augmentation de 27% du nombre de déplacés internes, passant de 9.052.822 en décembre 2023 à 11.532.822 en décembre 2024.L’urgence de la situation est soulignée par les données alarmantes de l’OCHA, qui estime que plus de 11,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont près de 8,8 millions depuis avril 2023, auxquelles s’ajoutent plus de 3,2 millions de réfugiés dans les pays voisins. Face à cette catastrophe humanitaire, l’ambassadeur Kanu a insisté sur le fait que « la cessation des hostilités est la seule manière d’atténuer le risque de famine et d’éviter qu’elle ne se propage dans le pays. C’est aussi le seul moyen d’endiguer la grave insécurité alimentaire ». Cette déclaration fait écho aux alertes lancées par le système de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui confirme l’installation de la famine dans cinq nouvelles régions du Soudan, avec une probable propagation dans la région du Darfour d’ici mai. Le groupe A3+ a souligné que cette situation dramatique est « la conséquence directe du conflit armé brutal qui déchire le Soudan », un conflit caractérisé, selon les mots du représentant de la Sierra Leone, par « des déplacements de population de masse, une économie effondrée, une interruption des services sociaux essentiels, un accès humanitaire limité et par de graves violations des droits de l’homme ». Dans ce contexte critique, le groupe A3+ a appelé les belligérants à « respecter pleinement » leurs engagements conformément à la Déclaration de Djeddah et à « garantir un accès humanitaire immédiat et sans entraves à toutes les régions touchées par le conflit ». Le groupe s’est par ailleurs dit « convaincu que le rétablissement des systèmes nationaux de production et l’appui aux moyens de subsistance sont impératifs pour aider à la reprise de l’activité agricole ». L’ampleur de la crise nécessite une réponse internationale massive, comme en témoigne la demande de Mme Wosornu de 4,2 milliards de dollars au titre du plan de réponse aux besoins humanitaires du Soudan pour 2025, destinés à venir en aide à près de 21 millions de personnes, auxquels s’ajoutent 1,8 milliard de dollars supplémentaires pour les réfugiés dans les pays voisins. La situation dans certaines régions, notamment à El Fasher et dans ses environs, dans l’État du Darfour du Nord, reste « particulièrement catastrophique » selon l’OCHA, tandis que l’OIM rapporte que les États de Gedaref, Darfour Nord, Nil, Darfour Sud et Nil Bleu ont enregistré les plus fortes augmentations du nombre de personnes déplacées en 2024. La gravité de la situation est également illustrée par les 389 incidents ayant déclenché ces déplacements, comprenant notamment des attaques et des conflits (226), des inondations (130) et des incendies (31), selon la Matrice du suivi des déplacements.

Lyes Saïdi

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