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Les sanctions américaines contre le pétrole russe portent les prix: Vers un baril à 90 dollars ?

Les cours du pétrole étaient hier en forte hausse, portés par l’annonce de nouvelles sanctions américaines et britanniques contre le secteur énergétique russe. Dans la matinée, le Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s’établit à 81,00 dollars, en progression de 1,55%, tandis que le West Texas Intermediate américain gagne 1,74% à 77,90 dollars pour une livraison en février. Cette hausse des prix intervient après l’annonce vendredi par le département du Trésor américain de sanctions visant plus de 180 navires et deux géants pétroliers russes, Gazprom Neft et Surgutneftegas. Comme le précisent les analystes de DNB Markets, ces entreprises représentent « près de 20% de la production et des exportations de pétrole russe, et contrôlent plus de 1,5 milliard d’euros ».

Les conséquences de ces mesures pourraient être significatives sur le marché mondial. Comme l’explique Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, « les exportations russes vont probablement diminuer, les acheteurs se tournant plutôt vers le Moyen-Orient », notamment l’Inde, la Chine et la Turquie, principaux importateurs actuels de pétrole russe. Goldman Sachs anticipe désormais que le prix du Brent pourrait dépasser les 85 dollars le baril à court terme, avec un potentiel de hausse jusqu’à 90 dollars si la baisse de la production russe coïncide avec une diminution de l’offre iranienne. Les sanctions américaines constituent le plus important train de mesures jamais prises contre le secteur pétrolier et gazier russe, visant environ 1,7 million de barils par jour en 2024, soit un quart des exportations totales de pétrole brut de la Russie. Cependant, comme le souligne Tamas Varga de PVM, « l’impact à moyen terme des nouvelles mesures n’est pas clair », notamment car « toute pénurie tangible pourrait être couverte » par les capacités de réserve de l’OPEP+, qui dispose d’environ 6 millions de barils par jour de capacité inexploitée.

L’Opep appelle à des investissements massifs

Dans ce contexte tendu, l’OPEP, par la voix de son Secrétaire général Haitham Al Ghais, appelle à des investissements massifs dans l’industrie pétrolière. « Aujourd’hui, la consommation mondiale de pétrole progresse chaque année, et les produits pétroliers qui en dérivent apportent d’immenses bénéfices à des milliards de personnes », a-t-il déclaré dans un article récent. Il estime les besoins d’investissements à 17,4 trillions de dollars d’ici 2050, soit environ 650 milliards par an. Al Ghais souligne l’importance continue du pétrole, y compris dans la transition énergétique : « Nous devons comprendre que le développement des énergies renouvelables nécessite d’autres sources d’énergie ». Il précise que « les produits pétroliers, tels que la fibre de verre, la résine et le plastique, sont utilisés dans les turbines éoliennes, et l’éthylène est essentiel à la fabrication des panneaux solaires. Le pétrole est également vital pour les véhicules miniers nécessaires à l’extraction des minéraux critiques dont dépend la production des renouvelables. » La situation actuelle est également influencée par des facteurs climatiques, notamment « le temps plus froid aux États-Unis » qui « a augmenté la demande de combustibles de chauffage », comme le note John Plassard, analyste chez Mirabaud. Cette combinaison de tensions géopolitiques, de sanctions économiques et de conditions météorologiques maintient une pression haussière sur les cours du pétrole, dans un contexte où la demande mondiale continue de croître malgré les efforts de transition énergétique.

Sabrina Aziouez

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