Une stratégie nationale pour rationaliser la consommation
Face aux changements notables des habitudes de consommation, le ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national, Tayeb Zitouni, a souligné la nécessité d’accroître la sensibilisation des citoyens quant à leur responsabilité en matière de production et de consommation. Selon lui, « la préservation des ressources alimentaires et la lutte contre le gaspillage sont essentielles pour assurer la durabilité des ressources et favoriser le développement économique et social ».
Dans une allocution prononcée à l’ouverture d’un forum intitulé « Rationalisation de la consommation et valorisation des déchets : opportunités et enjeux », organisé par le ministère de l’Environnement et de la Qualité de vie au Palais de la culture Moufdi Zakaria, Tayeb Zitouni a insisté sur le fait que la transition vers des modes de vie durables constitue un levier essentiel face aux défis climatiques, à la perte de biodiversité et à la pollution environnementale. « Ces enjeux ne sont plus uniquement environnementaux, ils sont désormais économiques et sociaux, influençant directement le quotidien des citoyens et des collectivités », a-t-il précisé. Le ministre a mis en garde contre les répercussions sanitaires de ces phénomènes, qui provoquent des millions de décès prématurés chaque année. Pour y répondre, il appelle à une mobilisation collective autour de mesures législatives et exécutives visant à garantir un environnement de consommation équitable et durable. Dans ce cadre, plusieurs initiatives seront mises en œuvre par le ministère du Commerce. Parmi elles, l’instauration d’un étiquetage alimentaire obligatoire pour les produits pré-emballés, le lancement d’une campagne de sensibilisation contre le gaspillage et en faveur d’une consommation plus raisonnée, la numérisation des données nutritionnelles relatives au sucre, aux graisses et au sel afin d’appuyer les politiques sanitaires nationales, ainsi que la réduction des emballages plastiques au profit de matériaux innovants respectueux de l’environnement, notamment pour les dattes et les fruits frais. Le ministre a également annoncé l’exploitation de quatre projets de recherche destinés à améliorer la qualité de la vie des consommateurs, en partenariat avec des start-up.
Une menace pour la santé publique
De son côté, le ministre de la Santé, Abdelhak Saihi, a insisté sur l’urgence d’une orientation alimentaire plus structurée. « Il faut aller au-delà de la rationalisation pour guider la consommation alimentaire dans un sens bénéfique à la santé du citoyen », a-t-il affirmé. Selon lui, la consommation anarchique constitue un danger majeur, notamment avec la hausse préoccupante des taux d’obésité : 14 % chez les hommes, 34 % chez les femmes et 21 % chez les jeunes. « Nous sommes face à une véritable bombe sanitaire qui menace nos familles », a-t-il averti. Le ministre a également pointé du doigt les habitudes alimentaires observées durant le mois de Ramadan, où les services d’urgence enregistrent une recrudescence de cas graves liés à la surconsommation de sucre, de sel et de graisses. Il a exhorté les industriels à réduire la teneur en sucre des sodas ainsi que celle en sel et en graisses des produits alimentaires transformés. Les interventions des deux ministres s’inscrivent dans le cadre du programme gouvernemental visant à promouvoir des modes de consommation plus sains et plus durables, en cohérence avec les orientations du président de la République. La réussite de cette stratégie repose sur la collaboration entre les différents secteurs, les institutions et les acteurs économiques afin d’ancrer des pratiques responsables au sein de la société.
Samir Benisid
