Électricité : L’Irak sollicite l’expertise algérienne
Dans un contexte de transition énergétique mondiale et de reconstruction progressive des infrastructures irakiennes, Baghdad recourt à l’expertise algérienne. Une délégation irakienne de haut niveau s’est en effet rendue à Alger pour solliciter l’expertise du groupe Sonelgaz, fleuron industriel national dans le secteur de l’énergie. Cette démarche s’inscrit dans une logique de coopération Sud-Sud que l’Algérie développe activement depuis plusieurs années, notamment dans les domaines stratégiques comme l’énergie.
Le secteur électrique irakien, durement éprouvé par des décennies d’instabilité et un sous-investissement chronique, cherche à se moderniser et à répondre aux besoins croissants de sa population. Dans cette perspective, l’expertise algérienne, reconnue sur le continent africain et au-delà, apparaît comme une solution crédible pour accompagner cette transition. La Sonelgaz, qui a réussi à développer un savoir-faire considérable en matière d’autosuffisance industrielle et d’intégration verticale de ses activités, représente un modèle particulièrement attractif pour les autorités irakiennes.
La rencontre qui s’est tenue jeudi dernier à Alger témoigne de l’importance accordée à cette coopération bilatérale. Selon le communiqué officiel publié par le groupe énergétique national, « le PDG du groupe Sonelgaz, Mourad Adjal, a reçu une délégation irakienne du secteur de l’énergie, qui a sollicité le soutien du groupe public à l’Irak dans le domaine de l’électricité et du gaz ». Conduite par le membre de la commission de l’énergie au Parlement irakien, Mansour Mareed Attia, cette délégation comprenant également le PDG de la compagnie irakienne de distribution de l’électricité du nord et son adjoint, a été reçue au siège de la Direction générale de Sonelgaz, en présence de plusieurs cadres dirigeants du groupe, indique un communiqué de Sonelgaz. Lors de cette rencontre, qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations des hautes autorités du pays et de la politique de Sonelgaz de soutien à ses partenariats internationaux, les deux parties ont évoqué les moyens de renforcer la coopération et le partenariat entre les deux pays dans le domaine de l’énergie, précise le communiqué. Le chef de la délégation irakienne, qui a visité plusieurs unités industrielles relevant de Sonelgaz, a salué le professionnalisme relevé au niveau de ces unités, qui ont réussi à atteindre l’autosuffisance dans la production de compteurs et de différents équipements nécessaires dans les industries électrique et gazière. A cette occasion, le responsable irakien a appelé le groupe Sonelgaz à ‘soutenir le secteur irakien de l’énergie, actuellement confronté à des difficultés’. De son côté, le PDG de Sonelgaz a affirmé que « le groupe, qui est l’un des principaux acteurs incarnant la politique énergétique de l’Etat algérien, s’emploiera à appliquer les recommandations des hautes autorités du pays en matière de soutien au secteur de l’énergie en Irak et de renforcement des voies de partenariat et d’échanges entre les deux parties ». Après avoir mis en avant l’expertise du groupe dans les domaines de la production, du transport et de la distribution de l’électricité et du gaz et les résultats substantiels enregistrés en matière d’exportation grâce à ses activités dans l’industrie, la formation, la numérisation et les énergies renouvelables, M. Adjal a évoqué les projets stratégiques réalisés actuellement par Sonelgaz, notamment le projet d’interconnexion électrique entre les wilayas du nord et du sud et l’exportation d’énergie. Au terme de la rencontre, les deux parties sont convenues de « la nécessité de concrétiser le partenariat bilatéral, notamment à travers l’envoi d’une délégation d’experts et de spécialistes de Sonelgaz en Irak pour préparer des études de terrain approfondies sur l’avenir de ce partenariat », conclut le communiqué.
Cette initiative s’inscrit dans la stratégie d’internationalisation de Sonelgaz, qui cherche à valoriser son savoir-faire au-delà des frontières nationales. L’entreprise algérienne dispose d’atouts considérables, notamment son expérience dans les régions désertiques, similaires à certaines zones irakiennes, et sa maîtrise des technologies adaptées aux conditions climatiques extrêmes. Par ailleurs, le groupe a développé une expertise significative dans la formation professionnelle et le transfert de compétences, un aspect particulièrement important pour l’Irak qui cherche à reconstituer son capital humain dans le secteur énergétique.
Les retombées économiques de cette coopération pourraient être considérables pour les deux pays. Pour l’Algérie, il s’agit d’une opportunité d’exportation de services à haute valeur ajoutée et potentiellement d’équipements industriels. Pour l’Irak, l’enjeu est l’amélioration rapide de ses infrastructures énergétiques, condition sine qua non de son développement économique. La prochaine mission d’experts algériens en Irak devrait permettre d’identifier précisément les domaines de coopération prioritaires et d’établir une feuille de route opérationnelle pour les années à venir.
Sabrina Aziouez