Il a présidé hier une réunion consacrée au Guichet unique de l’investissement: Tebboune lance une réforme ambitieuse
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lance une ambitieuse refonte du système économique.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a supervisé hier une réunion de travail consacrée à la réactivation du service du Guichet unique, pierre angulaire d’une stratégie visant à propulser l’Algérie au rang des économies émergentes d’ici la fin de son second mandat. Cette initiative s’inscrit dans un projet économique d’envergure que le chef de l’État avait dévoilé en avril dernier lors de la deuxième édition de la Rencontre nationale avec les opérateurs économiques, où il avait tracé les contours d’une transformation radicale du paysage économique national. L’objectif affiché est particulièrement audacieux puisque le président souhaite atteindre un Produit intérieur brut de 400 milliards de dollars d’ici fin 2027, un seuil qui placerait définitivement l’Algérie dans la catégorie des économies émergentes et lui permettrait de devenir la première ou la deuxième économie du continent africain dans les deux années et demie à venir. Cette ambition s’appuie sur des fondations solides puisque l’économie algérienne a déjà enregistré une croissance de 4,1% en 2023 et devrait maintenir un rythme soutenu d’environ 3,9% à 4% pour l’année 2024, portée par une dynamique d’investissement continue dans plusieurs secteurs, notamment industriel qui représente près de 50% des nouveaux investissements enregistrés. Les chiffres communiqués par l’Agence algérienne de promotion de l’investissement témoignent de cette effervescence avec 13.700 projets d’investissement couvrant divers domaines économiques pour une valeur totale atteignant 6.000 milliards de dinars, une performance qui illustre une dynamique sans précédent que le président entend amplifier davantage. Au cœur de cette stratégie figure la réactivation du Guichet unique, que Tebboune présente comme la solution radicale au problème épineux du foncier destiné à l’investissement, problématique qui ne relevait pas jusqu’alors de la responsabilité de l’AAPI et constituait un frein majeur au développement des projets. Ce guichet, qui comptera des représentants de différents secteurs ministériels et des banques jouissant de toutes les prérogatives nécessaires, devrait résoudre définitivement toutes les problématiques rencontrées par les porteurs de projets et sortir l’Agence de promotion de l’investissement de la contradiction terrible qui l’amenait à enregistrer des projets par dizaines de milliers sans que cela s’accompagne de la disponibilité du foncier nécessaire à leur réalisation. L’Exécutif a déjà lancé les préparatifs en vue de cette réforme il y a un mois et a examiné, fin avril, un projet de décret exécutif modifiant et complétant le décret exécutif n 15-19 du 15 janvier 2015, fixant les modalités d’instruction et de délivrance des actes d’urbanisme, afin de simplifier les procédures liées aux actes d’urbanisme au profit des investisseurs et d’élargir les prérogatives du guichet unique dédié aux grands projets et aux investissements étrangers, ainsi que des guichets uniques décentralisés relevant de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI).
Le projet, dont le travail préparatoire a débuté il y a trois ans et qui sera encadré par un décret présidentiel, s’accompagne d’une volonté affichée d’en finir avec toutes les formes de bureaucratie et de lancer des systèmes de veille à tous les niveaux pour soutenir la production nationale qui concurrence désormais les produits d’importation en termes de qualité. Cette modernisation institutionnelle passe également par une refonte complète des structures chargées du commerce extérieur, le président ayant annoncé la suppression pure et simple de l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur ALGEX, qu’il a qualifiée sans détour d’institution obsolète appartenant à l’âge de pierre et dont l’ère des dinosaures est définitivement terminée. Cette décision radicale témoigne d’une rupture nette avec les structures bureaucratiques héritées du passé, le chef de l’État ayant souligné qu’il était miraculous que l’Algérie ait pu réaliser 7 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures malgré l’existence d’ALGEX, tout en déplorant un certain recul pour des raisons objectives. Pour remplacer ces structures vieillissantes, deux nouvelles entités seront créées avant la fin du mois de mai, l’une dédiée à l’organisation des importations dotée d’un système de veille pour contrôler l’activité d’importation, et l’autre consacrée à l’organisation et à l’accompagnement des exportateurs, marquant ainsi la fin de l’exportation via ALGEX. Cette restructuration s’accompagne d’objectifs chiffrés ambitieux puisque le président vise 10 milliards de dollars d’exportations hors hydrocarbures cette année, soit une progression significative par rapport aux performances actuelles. La stratégie gouvernementale mise également sur le développement territorial avec la volonté de créer une zone d’activité dans chaque commune pour fournir des espaces et terrains appropriés aux porteurs de projets, témoignant d’une approche globale visant à répartir équitablement le développement à travers l’ensemble du territoire national et à mobiliser toutes les énergies disponibles pour concrétiser cette vision économique transformatrice.
Sabrina Aziouez