Industrie automobile: Une usine algéro-chinoise de pneumatiques lancée à Oran
Le directeur général de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement, Omar Rekhache, accompagné du président du Conseil pour le renouveau économique algérien, Kamel Moula, et du wali d’Oran, Samir Chaibani, a procédé hier à Oran à la pose de la première pierre d’une nouvelle usine de pneus, projet structurant qui s’inscrit pleinement dans l’ambition gouvernementale de créer un écosystème automobile intégré sur le territoire national. Ce projet constitue un maillon essentiel de la chaîne de sous-traitance automobile que l’Algérie entend développer pour accompagner les projets de fabrication de véhicules déjà implantés ou en cours d’implantation sur le territoire national. Cette usine, fruit d’un partenariat entre la société algérienne El Hadj Larbi Industries et le groupe chinois Doublestar, actionnaire principal de Kumho Tyre et leader mondial du secteur, répond directement aux objectifs gouvernementaux de développement d’un réseau de fournisseurs locaux capable de soutenir l’industrie automobile naissante du pays, mais aussi aux besoins du marché en pneus. Avec une capacité de production initiale de 7 millions de pneus par an, destinée à atteindre 22 millions d’unités annuelles grâce à l’intégration complète des technologies de l’industrie 4.0, cette usine s’inscrit dans une vision stratégique de long terme. Cette montée en puissance progressive s’appuiera sur l’automatisation avancée, la traçabilité numérique et une gestion intelligente de la production respectant les normes environnementales internationales les plus strictes. L’objectif est clair : créer un tissu industriel de sous-traitance automobile performant, capable de répondre aux exigences de qualité et de compétitivité des constructeurs automobiles présents en Algérie.
L’usine, implantée sur 16,4 hectares dans la zone industrielle de Tafraoui pour un investissement total de 54 milliards de dinars, produira une gamme complète de pneumatiques destinés aux véhicules légers et lourds, aux engins agricoles et aux véhicules utilitaires. Cette diversification répond à une stratégie claire : satisfaire intégralement les besoins du marché national tout en positionnant l’Algérie comme un hub régional d’exportation vers l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Europe et les Amériques.
L’importance stratégique de cette initiative industrielle s’inscrit dans un contexte national particulièrement tendu, marqué par des pénuries récurrentes de pneumatiques ces dernières années. La forte dépendance aux importations, conjuguée aux restrictions sur les licences d’importation destinées à réguler la balance commerciale et aux perturbations du marché mondial, avait provoqué une crise d’approvisionnement majeure. Cette situation avait entraîné une hausse spectaculaire des prix, parfois supérieure à 300% pour certains modèles, paralysant de nombreux secteurs économiques et contraignant particuliers, transporteurs et agriculteurs à l’immobilisation faute de pièces de rechange accessibles.
La création de cette unité de production nationale constitue donc une réponse stratégique aux défaillances structurelles du marché, permettant de sécuriser l’approvisionnement du pays, de réduire la pression sur le commerce extérieur et de mieux maîtriser les fluctuations tarifaires. Au-delà de ces enjeux économiques, le projet garantit un transfert de savoir-faire technologique crucial et stimule l’industrialisation des filières connexes, notamment dans les domaines du caoutchouc, de la chimie, de la logistique et de l’emballage.
L’impact social et territorial de cette implantation s’avère tout aussi significatif avec la création de 2000 emplois directs et de milliers de postes indirects, générant une dynamique économique considérable dans la région oranaise et les zones limitrophes.
Une usine de lait infantile pour rompre la dépendance aux importations
Toujours à Oran, le DG de l’AAPI a aussi posé la première pierre d’une usine de production de lait infantile, propriété de la société Tazi, qui répond à un enjeu de souveraineté alimentaire crucial. Cette initiative vise à rompre la dépendance totale de l’Algérie aux importations dans ce secteur vital, où le pays importe actuellement la quasi-totalité de ses besoins en lait infantile, créant une vulnérabilité préoccupante pour la santé publique et la sécurité alimentaire nationale.
Cette unité, première du genre en Algérie, affiche une capacité de production de plus de 40 millions de boîtes par an, permettant de couvrir 40% des besoins nationaux et de réduire significativement la facture d’importation dans ce secteur sensible. Avec un investissement initial de 5,5 milliards de dinars, cette usine intégrera l’ensemble de la chaîne de production, depuis la fabrication des emballages jusqu’à la production et au conditionnement du lait, selon les standards internationaux les plus exigeants et en utilisant les technologies les plus avancées du secteur. Le projet créera 200 emplois directs et représente un pas décisif vers l’autonomie alimentaire dans un domaine où la dépendance extérieure constitue un risque majeur pour la santé des nourrissons algériens.
Ces deux projets industriels illustrent parfaitement la nouvelle orientation économique du pays, fondée sur la valorisation du capital national en partenariat avec des acteurs technologiques internationaux, la substitution aux importations dans les secteurs stratégiques et le renforcement des capacités d’exportation hors hydrocarbures.
Amar Malki