Culture

Le film « Roqia » sélectionné pour la Semaine Internationale de la Critique : Le cinéma algérien s’invite à la Mostra de Venise

« Roqia » est un thriller horrifique qui plonge les spectateurs dans un labyrinthe temporel où passé et présent s’entremêlent dans une danse macabre.

La Sérénissime d’apprête à frissonner avec l’arrivée de « Roqia », le premier long métrage de fiction dans le genre de l’horreur du cinéaste algérien Yanis Koussim, sélectionné dans la compétition officielle de la 40e Semaine Internationale de la Critique lors de la 82e Mostra de Venise qui se déroulera du 27 août au 6 septembre prochain. Cette reconnaissance internationale marque une étape décisive pour le cinéma algérien contemporain qui continue de tisser sa toile sur la scène mondiale. Né à Sétif en 1977 et formé à la prestigieuse Fémis, Yanis Koussim avait déjà fait parler de lui avec son court métrage « Khouya » primé aux festivals de Locarno et d’Amiens, avant de contribuer au documentaire « Un été à Alger » et de coécrire plusieurs scénarios remarqués. Fondateur du collectif « Plateau19 » dédié au soutien du cinéma indépendant algérien, ce réalisateur visionnaire franchit aujourd’hui un cap majeur avec « Roqia », thriller horrifique qui plonge les spectateurs dans un labyrinthe temporel où passé et présent s’entremêlent dans une danse macabre. L’intrigue se déploie magistralement sur deux époques distinctes, créant un dialogue troublant entre les traumatismes collectifs et individuels. En 1993, Ahmed sort d’un accident de voiture qui l’a rendu amnésique et retourne dans son village natal où rien ne lui semble familier, ni sa femme, ni ses enfants qui le craignent, particulièrement le plus jeune effrayé par son visage bandé. Chaque nuit, d’étranges visiteurs murmurent des litanies dans une langue inconnue, transformant son quotidien en cauchemar éveillé. Parallèlement, à notre époque, un Raqi vieillissant lutte contre la maladie d’Alzheimer tandis que son disciple s’inquiète de voir les personnes possédées parler des langues étrangères et la violence augmenter, craignant que le déclin de son maître ne déclenche un mal ancien. Le casting réunit des talents confirmés du cinéma maghrébin avec Ali Namous, remarqué l’année dernière dans « Algiers », Akram Djeghim aperçu dans « Les Terrasses », Mostefa Djadjam apprécié dans « Six pieds sur Terre », Hanaa Mansour de « Front Row » et Lydia Hanni, formant une distribution capable de porter cette œuvre ambitieuse aux frontières du genre fantastique. Selon Beatrice Fiorentino, directrice artistique de la Semaine Internationale de la Critique, le film explore « comme un exorcisme le trauma, la mémoire et la peur, en réfléchissant à l’identité fragmentée du monde arabe », transformant « le genre de l’horreur en espace de tension, d’éloignement, de confrontation entre les générations ». Cette approche singulière fait de « Roqia » bien plus qu’un simple film d’épouvante, mais un véritable rituel de catharsis collective qui dévoile la fracture séparant foi et violence, spiritualité et terreur. La production, pilotée par Farès Ladjimi pour la société française Supernova Films en coproduction avec la société algérienne 19, Mulholland Drive, a bénéficié d’un soutien international remarquable incluant le Doha Film Institute, le Red Sea Fund, l’Aide aux Cinémas du Monde du CNC, la région Sud, le ministère de la Culture et des Arts et l’Arab Fund for Arts and Culture. La direction photo confiée à Jean-Marie Delorme, fidèle complice du cinéaste, promet une esthétique soignée au service de cette narration complexe. Les droits pour la zone MENA ont été acquis sur scénario par Film Clinic tandis qu’Alpha Violet pilote les ventes internationales, témoignant de l’intérêt commercial suscité par cette œuvre audacieuse. Avec « Roqia », le cinéma algérien confirme sa capacité à produire des œuvres universelles tout en puisant dans ses racines culturelles profondes, offrant au public vénitien une expérience cinématographique unique où l’horreur devient le prisme d’une réflexion sur l’identité et la mémoire collective.

Mohand Seghir

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