Économie

Transition énergétique : L’Algérie met le cap sur les carburants verts

L’Algérie accélère sa transition énergétique vers les carburants durables et l’hydrogène vert, affichant des ambitions continentales majeures. Représentée aux réunions ministérielles sur les carburants alternatifs organisées du 15 au 18 septembre dans le cadre de l’Expo 2025 à Osaka, l’Algérie vise à produire et exporter entre 30 et 40 térawattheures d’hydrogène et de ses dérivés d’ici 2040, soit environ 10% de la demande européenne, selon un communiqué du ministère des Hydrocarbures et des Mines publié lundi. Selon la même sopurce, le directeur général de la prospective au ministère, Miloud Medjelled, représentant le ministre d’État Mohamed Arkab à ces deux réunions ministérielles japonaises, a réaffirmé « l’engagement de l’Algérie à poursuivre ses efforts pour développer des solutions innovantes et durables dans les domaines du transport maritime et aérien, des énergies renouvelables et de l’hydrogène, qui contribueront à la réalisation des objectifs de la neutralité carbone et au renforcement du développement économique et social en Afrique et dans le bassin méditerranéen ». Dans le secteur maritime, l’Algérie a déjà amorcé sa mutation technologique. M. Medjelled a indiqué que le pays « a commencé à adopter des solutions alternatives telles que l’e-méthanol et le gaz naturel liquéfié (GNL) », tout en soulignant l’intégration de la technologie de propulsion DFDE (bicarburant) dans la flotte algérienne, permettant de réduire significativement la consommation d’énergie et les émissions. Des installations de stockage et d’approvisionnement en carburant propre sont en préparation à Arzew et Skikda pour soutenir cette transition vers un transport maritime durable.

L’aviation n’est pas en reste dans cette stratégie de décarbonation. Le responsable a révélé le lancement d’un projet pilote ambitieux avec Air Algérie visant à produire localement les carburants d’aviation durables (SAF) à partir de résidus de raffinage et d’huiles usagées, contribuant ainsi au respect des engagements internationaux de réduction des émissions du secteur aérien. Cette initiative s’inscrit dans l’urgence climatique, les secteurs du transport maritime et aérien représentant près de 7% des émissions mondiales de CO2 malgré leur importance cruciale dans le commerce mondial. L’hydrogène occupe une place centrale dans la stratégie énergétique algérienne. M. Medjelled a souligné que l’Algérie « en a fait une priorité nationale à travers une stratégie globale articulée autour de six axes principaux ». Ces axes comprennent la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel intégré, le développement des capacités universitaires et techniques, une intégration industrielle garantissant la production locale des équipements et la maîtrise de l’ingénierie, des mécanismes de financement innovants, et le renforcement de la coopération internationale. Cette coopération internationale se matérialise notamment à travers l’Alliance africaine de l’hydrogène vert (AGHA) et le Forum international sur le commerce de l’hydrogène (IHTF). L’Algérie développe également des projets d’interconnexion stratégiques, particulièrement le projet South 2 Corridor destiné à l’exportation de l’hydrogène vert vers l’Europe, positionnant le pays comme un futur hub énergétique entre l’Afrique et l’Europe. Les ambitions algériennes dans l’hydrogène s’appuient sur des projets pilotes concrets. Avec l’objectif de couvrir 10% de la demande européenne d’ici 2040, l’Algérie entend « consolider sa place en tant que pôle régional de l’énergie propre », conclut le communiqué. Cette transition énergétique majeure témoigne de la volonté du pays de diversifier son économie au-delà des hydrocarbures traditionnels tout en répondant aux défis climatiques globaux.

Samira Ghrib

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