Sahara occidental / La proclamation de Trump est personnelle
Le politologue, spécialiste de la question sahraouie et des conflits au Moyen-Orient, Abdelhamid Siya a indiqué que la déclaration de l’ancien président américain, Donald Trump sur la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental « est personnelle et non gouvernementale » rappelant qu’elle n’a pas été ratifiée par le Congrès américain.
« La déclaration de Trump sur le Sahara occidental est personnelle et non étatique, elle doit passer par le Congrès pour être votée et ratifiée », a déclaré l’expert de la MINURSO, cité par le Confidential Sahraoui (ECS). Interrogé sur la proclamation faite par Trump au sujet de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, le professeur de sciences politiques à l’université Rutgers aux Etats-Unis, a clairement indiqué qu’il s’agissait d’une faveur personnelle qui est loin d’être une décision du gouvernement censée passer par des canaux juridiques et politiques. « C’est une récompense décernée par un président et non par un Etat. Pour être une déclaration d’Etat, c’est-à-dire du gouvernement américain, elle doit passer par le Congrès et plus précisément, par la Commission des services étrangers avant d’être être soumise à un vote au Congrès », a détaillé l’analyste. M.Siyam a déjà qualifié le geste de Trump, en décembre dernier, de « cadeau empoisonné que les Etats-Unis ont fait au Royaume du Maroc », notant que son objectif principal est de dissimuler le crime de normalisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste que le peuple marocain rejette légalement. Il a souligné que cette proclamation n’a aucune valeur car les territoires sahraouis sont des territoires contestés soumis au droit international et les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité ont confirmé la nécessité de reprendre le dialogue pour trouver une solution permanente et juste d’un commun accord entre les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc), afin de garantir au peuple sahraoui son droit inaliénable à l’autodétermination. L’annonce faite par Trump en décembre dernier a été largement rejetée à travers le monde, mais également aux Etats-Unis, aussi bien par le parti républicain que démocrate.
Notons que le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek a indiqué samedi que la RASD a attiré l’attention de la nouvelle administration américaine sur les responsabilités qui incombent aux Etats-Unis en tant que puissance mondiale et en tant que membre du Conseil de sécurité des Nations unis. « Nous avons dit à la nouvelle administration américaine que la proclamation faite par Donald Trump », en décembre dernier, concernant la reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental était « illégale », a rappelé l’invité de L’intelligent TV. L’annonce faite par l’ex-président américain en échange de la normalisation des relations entre le régime marocain et l’entité sioniste, alliée des Etats-Unis, est aussi contradictoire avec les principes de ce pays, a indiqué Ould Salek.
Il a également indiqué que la communauté internationale doit imposer au Maroc de respecter ses engagements concernant l’organisation du référendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui et le Maroc doit respecter les frontières de ses voisins. « Si la communauté internationale accepte l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, il y aura des guerres partout et ce sera dangereux », a affirmé Mohamed Salem Ould Salek lors d’une interview accordée à la chaîne Youtube du journal ivoirien L’intelligent TV. « La communauté internationale doit imposer au Maroc de respecter ses engagements. Il faut que le Maroc respecte les frontières de ses voisins », a-t-il ajouté. Il a assuré, en outre, que la situation de guerre qui oppose le Maroc au Sahara occidental, depuis le 13 novembre dernier, menace la région de l’Afrique de l’Ouest dans sa globalité, invitant la presse internationale à venir d’elle-même constater la situation. D’autre part, le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a déploré le fait que les intérêts de certaines puissances passent avant le respect de la légalité internationale. « Les Sahraouis sont victimes de l’agression de leur voisin du nord, mais il y a aussi une complicité au sein du Conseil de sécurité qui affaiblit l’action des Nations unies » en faveur de la tenue du référendum de l’autodétermination du peuple sahraoui décidé en 1991, a -t-il expliqué. M.Ould Salek a clairement accusé la France de bloquer le référendum d’autodétermination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. « La France a aussi refusé que la Mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso) ait une composante (chargée de) faire respecter les droits de l’Homme, laissant le Maroc commettre de nombreuses violations », a-t-il soutenu.
R.I. avec APS