« Drive my car » du Japonais Hamaguchi / La quête de rédemption au volant
Quelques mois après avoir raflé le grand prix du jury à La Berlinale avec « Wheel of Fortune and Fantasy », le Japonais Ryusuke Hamaguchi est en compétition à Cannes avec « Drive my car », un film à l’esthétisme éblouissant sur deux êtres hantés par le passé. Découvert en 2008 grâce à « Passion », le réalisateur d' »Asako I et II » et de « Senses », qui avait été en lice pour la Palme d’or en 2018, poursuit, dans son nouveau long métrage, l’exploration des sentiments amoureux. Une thématique omniprésente dans sa filmographie.
Adapté d’une nouvelle de Haruki Murakami parue en 2014, le film raconte l’histoire de Yusuke Kafuku un acteur et metteur en scène de théâtre hanté par la mort de son épouse. Seul avec ses doutes, il accepte de monter « Oncle Vania », la pièce d’Anton Tchekhov dans un festival, à Hiroshima.
Là-bas, il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme effacée qu’on lui a assignée comme chauffeur. Au fil des trajets, ils se dévoilent l’un à l’autre et se résignent à faire face, ensemble, à leur passé. « J’ai lu cette nouvelle pour la première fois en 2013 sur le conseil de mes amis qui y voyaient des similitudes avec mon cinéma où les voitures sont très présentes et où la question : +Qu’est ce qu’être acteur signifie+ est aussi fondamentale », raconte le réalisateur à l’AFP. « Dans le livre il est écrit que jouer et vivre sont finalement la même chose. Dans mon film, je dis que ces deux choses sont similaires mais pour un acteur, jouer est une façon d’exprimer sa vraie personnalité », poursuit-il, indiquant être resté « fidèle » au livre.
A travers ce film fleuve, le réalisateur japonais a voulu montrer l’importance de la communication notamment dans un couple. Sans juger et avec bienveillance il réalise un beau portrait d’homme en quête de rédemption. « Parce qu’il n’était pas capable de communiquer, Yusuke a perdu le lien avec son épouse. Mais il sera capable de communiquer autrement et avec quelqu’un d’autre pour dépasser ce sentiment », décrypte le réalisateur.
Introspectif, le film n’est pour autant pas coupé de la réalité. Comme la scène finale où l’on aperçoit les personnages masqués. « Je voulais ancrer mon film dans notre réalité et que tout le monde comprenne que nous étions en 2021. En faisant cela, j’espère que cette histoire pourra, d’une certaine façon, continuer dans notre réalité », souligne-t-il.
AFP