L’Algérie rappelle son ambassadeur au Maroc pour consultation : Le torchon brûle entre Alger et Rabat
L’Algérie a décidé de rappeler immédiatement son ambassadeur à Rabat pour consultations et risque de prendre d’autres mesures pour protester contre la provocation marocaine de trop.
Le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a annoncé, hier, dans un communiqué la décision de rappeler l’ambassadeur d’Algérie au Maroc pour des consultations. Une décision qui fait suite au refus du régime marocain de clarifier ses positions, après que le représentant permanent du Makhzen au Nations unies ait distribué une note à l’occasion de la dernière réunion du Mouvement des Non-alignés, évoquant un soutien du Maroc à un prétendu « droit à l’autodétermination au peuple kabyle ». Une dérive qui a suscité de fermes condamnations en Algérie, à commencer par celle du département des Affaires étrangères. Dans un communiqué publié hier, le département de Ramtane Lamamra a indiqué :« Dans la déclaration du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, rendue publique le 16 juillet 2021, il a été indiqué que l’Algérie attendait du Royaume du Maroc qu’il clarifie sa position définitive sur la situation d’une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York. Depuis lors, et en l’absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé aujourd’hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l’Ambassadeur d’Algérie à Rabat, sans préjudice d’autres mesures éventuelles en fonction de l’évolution de cette affaire ». Autrement dit, le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Rabat n’est que la première des mesures destinées à protester contre l’attitude du Makhzen, et qui pourrait ouvrir la voie à une escalade sur le front diplomatique, voire la rupture si cela s’avère nécessaire, au cas où le régime marocain persisterait dans ses positions. Cela dénote aussi du refus de l’Algérie de céder au chantage que le Makhzen souhaite exercer pour l’inciter à se défaire de son soutien à la cause sahraouie et à bilatéraliser la question. Il vrai aussi que la réaction des autorités algériennes répond à l’attitude franchement belliqueuse et parfaitement assumée par le voisin de l’Ouest, ainsi qu’aux multiples attaques et manœuvres déstabilisatrices menées par le Makhzen contre l’Algérie depuis plusieurs moins, voire plusieurs années. Le ministère des Affaires étrangères avait, pour rappel, énergiquement dénoncé la dérive dangereuse de la diplomatie marocaine. Vendredi, le département de Ramtane Lamara a condamné une manœuvre « aventuriste, irresponsable et manipulatrice. Elle relève d’une tentative à courte vue, simpliste et vaine, destinée à cultiver un amalgame outrancier entre une question de décolonisation dûment reconnue comme telle par la communauté internationale et ce qui n’est qu’un complot dirigé contre l’unité de la nation algérienne » et qui « heurte frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines. Elle constitue une violation flagrante du droit international et de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine ». « Dans la situation ainsi créée par un acte diplomatique douteux commis par un ambassadeur, l’Algérie, République souveraine et indivisible, est en droit d’attendre une clarification de la position définitive du Royaume du Maroc sur cet incident d’une gravité extrême », avait indiqué le département des Affaires étrangères dans son communiqué. La manœuvre marocaine a d’ailleurs suscité l’indignation généralisée en Algérie, où partis politiques, associations de la société civile et citoyens ont unanimement condamné cette dérive. Sur les réseaux sociaux, les Algériens appellent depuis vendredi à l’expulsion pure et simple de l’ambassadeur du Maroc en Algérie. Plusieurs hashtags allant dans ce sens font d’ailleurs le buzz sur la toile.
Chokri Hafed