Un État voyou au banc des accusés
Le Makhzen pressé de rendre des comptes à ses alliés
Le Makhzen est au banc des accusés. Au cœur de la tempête « Pegasus », le régime marocain est tenu de rendre des comptes. Ses alliés, la France en tête, n’apprécient pas du tout la manœuvre inamicale du Maroc qui a entrepris d’espionner des journalistes, des militants des droits de l’homme et des dirigeant de gouvernement, en Afrique et en Europe. Si l’Élysée s’évertue aujourd’hui de régler le problème, de manière diplomatique, il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron puisse toujours faire preuve de l’indulgence habituel envers le Makhzen. Le président français, actuellement en précampagne pour une réélection à l’Élysée en 2022, est pressépar les médias et la classe politique de jouer la transparence dans cette affaire, d’exiger du Makhzen de rendre des comptes, voire de prendre des mesures de rétorsions d’un régime félon.
Les médias de l’Hexagone n’en démordent pas. Le quotidien Le Monde qui fait partie des 17 médias, aux côtés de Forbidden Stories et d’Amnesty international, a acculé vendredi l’Élysée et a fustigé le silence de la France officielle face à l’implication du Maroc dans l’affaire Pegasus, même s’il révèle que les autorités françaises prennent au sérieux les révélations concernant l’espionnage des téléphones du président français et des membres de son gouvernement par le Maroc via le logiciel espion Pegasus.
De son côté, « Le Parisien » est revenu sur toute cette affaire, grâce à un entretien à la militante des droits de l’Homme française, Claude Mangin qui se trouve aussi être une fervente défenseuse des droits des Sahraoui, et du militant sahraoui NaâmaAsfari, emprisonné dans les geôles marocaines depuis plus d’une décennie. Un entretien qui a permis de mettre en lumière les pratiques illégales du Makhzen, son manque de respect pour le droit international et le droit tout court, et les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental.
Il en est de même pour le magazine français Marianne qui a publié un entretien avec le ministre Sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Ould Salem Salek, pour lequel l’implication du Makhzen dans l’affaire du logiciel espion Pegasus, créé par NSO group de l’entité sioniste, n’est pas une surprise pour la direction du Front du Polisario, d’autant que le régime Marocain « piétine la légalité internationale depuis des années ».« L’espionnage est un crime contre le peuple Sahraoui, pour le Front du Polisario, il est l’un des aspects de la guerre que le Maroc a lancé depuis 1975 contre notre pays », assène le diplomate Sahraoui dans un entretien accordé au magasine Français Marianne et d’ajouter dans le même ordre d’idée « Pegasus a suscité une vague d’indignation dans le monde mais nous, nous ne sommes pas surpris ».Pour étayer ses dires, Mohamed Ould Salem Salek explique que « voila des décennies que le Maroc piétine la légalité internationale, Pegasus, c’est l’aspect le plus soft de l’occupation que nous subissons ».Le ministre sahraoui affirme aussi que « même ceux qui soutiennent le régime Marocain, dans son aventure militaire périlleuse sont espionnés », citant l’Espagne et la France qui affichent ouvertement leur soutien au régime Marocain faisant fi de cette légalité et du droit international.Il poursuivra son interview par dire qu’ « aujourd’hui, le Maroc doute de tout le monde, de ses voisins, de ses alliés, de ses amis, qui depuis des années, bloquent au Conseil de sécurité de l’ONU la voie vers un véritable référendum d’autodétermination pour le peuple du Sahara occidental ».Le chef de la diplomatie Sahraoui tenait à rappeler qu’ « après quarante cinq ans, ni la communauté internationale, ni l’Union Européenne et pas plus l’Union Africaine, n’ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental », expliquant que « dans son avis de 1975 la Cour de justice internationale reconnaissait que notre pays, avant sous occupation Espagnole, n’avait aucun lien de souveraineté avec le Maroc et la Cour Européenne de justice l’avait rappelé en 2018 ».A titre de rappel aussi le diplomate Sahraoui, évoque la décision du roi Hassane II qui « avait pris la décision de nous faire la guerre, mais il était aussi réaliste et avait accepté l’idée d’un référendum pour faire la paix, malheureusement avec son fils (M6) nous sommes face à un régime persuadé qu’il gagnera par les armes, toutes les armes, dont bien sur, l’espionnage mais aussi l’utilisation de la drogue ou la menace migratoire ».
Les violations marocaines n’ont pas été mises en lumières par la presse française. Aux États-Unis, CNN.com a publié une longue tribune de la militante sahraouie SultanaKhaya, dans laquelle elle décrit la répression violente du régime marocain, qui recourt aux enlèvements, à la torture et au viol, dont elle a elle-même été victime.
Boubekeur Amrani