Les prix de l’huile et du sucre plafonnés : Les subventions sous la loupe !
Le gouvernement entend revoir sa copie en ce qui concerne la gestion des subventions aux prix des produits de base, sans pour autant affecter le pouvoir d’achat des ménages. C’est dans ce contexte qu’il prend de nouvelles mesures afin de plafonner les prix de l’huile et du sucre sur le marché, tout en réorientant les subventions vers les matières premières produites localement.
C’est dans ce contexte qu’un projet de décret exécutif qui plafonne les prix à la consommation et des marges à la production, à l’importation et à la distribution, aux stades de gros et de détail, de l’huile alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc, a été examiné, samedi, lors de la réunion du gouvernement présidée par le Premier ministre, Ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane.
Selon un communiqué des services du Premier ministre, un exposé a été présenté par le ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations relatif au projet de décret exécutif modifiant et complétant le décret exécutif n° 11-108 du 06/03/2011 fixant le prix plafond à la consommation ainsi que les marges plafonds à la production, à l’importation et à la distribution, aux stades de gros et de détail, de l’huile alimentaire raffinée ordinaire et du sucre blanc. Ce projet de texte « vise à mieux rationnaliser les importations des produits intermédiaires et des produits finis pour cette catégorie de denrées alimentaires, à travers notamment l’élargissement de la compensation des prix à d’autres matières produites localement afin de protéger la production nationale », a précisé la même source. Il est vrai que les plus hautes autorités se sont engagées depuis quelques mois dans une démarche visant à encourager la production locale de produits alimentaires de base, le développement des filières agricoles stratégiques en amont et une industrie agroalimentaire intégrée en aval. La finalité étant de garantir la sécurité alimentaire, de réduire la facture à l’import et de casser les monopoles des importateurs et des transformateurs sur ce marché stratégique. Le nouveau texte semble s’inscrire dans le prolongement des dispositions de la loi de finances de 2021 destinées à rationaliser les subventions destinées à l’huile et au sucre blanc et à les élargir. Des dispositions soumettent désormais les importateurs/ transformateurs du sucre roux et de l’huile brute de soja à l’obligation d’entamer le processus de production de ces matières premières, soit de les acquérir sur le marché national en un délai de 18 mois, à compter du 1er janvier 2021.
Une démarche qui s’appuie également sur la réintégration de ces filières stratégiques dans l’escarcelle du secteur public qui en avait été éjecté après la privatisation de l’Entreprise nationale des corps gras (ENCG) et de l’Enasucre, ouvrant la voie à des monopoles privés.
La première étape du processus s’illustre d’ailleurs par la reprise par l’État des unités de Cogral privatisée au bénéfice du groupe KouGC, propriété des frères Kouninef, et de l’unité de trituration des graines oléagineuses et de production d’huile de Jijel appartenant au même groupe. Des unités qui ont été saisies dans le cadre des procès pour corruption contre les frères Kouninef et leurs complices, et lesquelles seront versées au patrimoine du secteur public, plus précisément Madar Holding qui dispose d’une filiale spécialisée dans l’agroalimentaire « Global Agri-Food ». Une opération qui devrait permettre de réduire la dépendance aux huiles brutes et huiles raffinées importées, et mettre fin au monopole sur le marché, car l’unité de Jijel peut à elle seule permettre de couvrir pas moins de 40% des besoins du marché. En amont, l’approche adoptée par les pouvoirs publics s’appuie également sur le développement de la culture des graines oléagineuses et de la betterave sucrière en amont, avec l’extension des surfaces dédiées à cette culture non seulement dans le nord du pays, mais aussi et surtout dans le Sud. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’un office de développement de l’agriculture saharienne a été mis en place et qui propose d’ailleurs aux investisseurs, dans un premier temps, 170.000 hectares de terres à valoriser pour le développement des cultures stratégiques et a été destinataire de 200 demandes d’investissement. Il est utile de rappeler dans ce contexte que la facture d’importation de ces deux produits de base s’établit à quelque 1,5 milliard de dollars chaque année. Aussi, le budget mobilisé pour la subvention des prix de l’huile alimentaire et du sucre blanc s’est établit à 13,5 milliards de dinars pour cet exercice.
Samira Ghrib