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Traitement du Hirak par les médias français : Dans la logique coloniale et postcoloniale

L’anthropologue et chercheur Yazid Ben Hounet a estimé dans un essai qui vient de paraître aux Editions de l’ANEP intitulé « Hirak et propagande médiatique en contexte postcolonial » que le traitement fait notamment par les médias français à ce mouvement, porte un discours qui s’inscrit dans des « relations d’hégémonie et de domination (coloniale et postcoloniale) qu’ils tentent de prolonger ». « Cet essai jette un regard critique sur la propagande médiatique visant à déformer la réalité algérienne. Il éclaire en retour l’intérêt porté, par les autorités algériennes, à la guerre de quatrième génération -comprenant la manipulation des médias- destinée à déstabiliser les Etats qui ne s’inscrivent pas dans les logiques des puissances et lobbys néocoloniaux et impérialistes », écrit-il tout en faisant remarquer qu’en 2019, l’Algérie a connu plusieurs changements politiques via des élections « qui, si elles n’ont pas mobilisé beaucoup d’électeurs, se sont néanmoins déroulées de manière transparente » et « l’Armée n’a pas été utilisée pour réprimer la population algérienne, ni d’autres populations d’ailleurs » et « les seuls militaires morts dans leur mission l’ont été en sauvant des citoyens lors des incendies survenus au mois d’août 2021 en Kabylie ».

« La France, septième puissance militaire du monde, note-t-il, était pendant ce temps, en opération dans plusieurs pays -dont le rapport Duclert (2021) a mis en avant le rôle d’appui dans le génocide au Rwanda-, soutenait militairement encore le dictateur tchadien Idriss Déby (mort en 2021) », ajoute-t-il. Et de préciser qu’en métropole et dans les territoires ultra-marins, le mouvement social des Gilets jaunes faisait l’objet d' »une des répressions les plus féroces depuis 1962″. Il explique aussi que parallèlement à la France, au Maroc, « une bonne partie de l’armée demeurait employée à occuper illégalement le Sahara occidental et à y réprimer les populations locales », alors que l’entité sioniste « utilisait encore son armée pour maintenir son occupation coloniale, mettre au pas les Palestiniens et bombarder Ghaza de manière répétée ».

Devant ces deux réalités curieusement ignorée, les médias mainstream français, notamment, fait-il remarquer, c’est l’Algérie qui est toujours représentée comme « une dictature ou un régime militaire », alors que dans ces médias « il est à peine permis de s’inquiéter de la dérive autoritaire de la France », le Maroc est « encore montré, en particulier dans Le Monde, comme un ami de la France, ainsi qu' »Israël (qui) est présenté, bien entendu, toujours comme la seule démocratie au Proche-Orient ».

Notons que Yazid Ben Hounet est anthropologue, chercheur au Centre national de recherche scientifique et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale  (CNRS – Collège de France – EHESS). Il est docteur de l’Ecole des Hautes études en sciences sociales (Paris).

A rappeler que dans la préface de l’ouvrage, le ministre de la Communication, Ammar Belhimer, dénonce l’action déstabilisatrice de certaines ONG étrangères et leurs relais médiatiques, dont l’objectif concernant l’Algérie est « on ne peut plus clair: éloigner l’Armée nationale populaire de son rôle historique naturel de protection de l’Etat-nation -seul garant de la souveraineté nationale, du progrès et de la justice sociale ». Dans la même préface, le ministre de la communication avertit que « les relais internes de ces ONG feignent d’ignorer qu’aucun des pays ayant emprunter la voie du processus constituant issu des laboratoires atlantistes n’est sorti indemne de l’effondrement de l’Etat national, de la partition territoriale et de la guerre civile.

Akli Amor

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