Un cadre juridique pour protéger les responsables intègres : Libérer les initiatives locales
La clef de la réussite du programme du président de la République semble être entre les mains des walis. Des walis qui seront désormais confrontés à l’obligation de résultat, mais qui devront bénéficier des assurances et de la protection nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Abdelmadjid Tebboune est conscient que le salut de l’Algérie ne peut provenir que de l’intérieur du pays. La preuve lui a été donnée par les chiffres qui sont éloquents en termes d’exportations hors hydrocarbure. Mais pour ce faire, il lui faut l’appui des walis et leur engagement. Lesquels semblent, cependant et à leur tour, tétanisés par le spectre de la peur et d’un quelconque face à face avec la Justice. Ils éprouvent des difficultés pour traduire les 54 engagements de Tebboune.C’est en ce sens que le président de la République a tenu hier, lors de l’ouverture de la réunion Gouvernement-walis, à mettre ces derniers devant leurs responsabilités, mais aussi à les rassurer. Il a indiqué que « la consolidation de l’arsenal juridique de lutte contre la corruption s’accompagne d’un engagement de protection des responsables intègres », et que cette entreprise « sera confortée par un dispositif juridique spécial ».
Il faut dire que les vagues d’arrestations et les mises à l’écart de certains nombres de commis de l’Etat en sont à l’origine du climat d’appréhension qui les empêcherait d’aller de l’avant. Il y a lieu de relever, selon certaines sources proches du dossier, que près de 90% des orientations prises lors de la première rencontre Gouvernement-walis, en février 2020, n’ont pas été réalisées. Ce « stand-by » serait motivé par la pénalisation de l’acte de gestion et les empêche d’être un peu plus « agressifs » en termes de génération d’investissements que pourrait encourager un semblant d’attractivité. Certains walis ont même mis sous tapis bon nombre de directives. A pratiquement deux années des premières rencontres Gouvernement-walis, le bilan est plutôt mitigé. Les choses n’ont pas totalement évolué au niveau local. Un « défi » est d’ailleurs lancé par le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Kamel Beldjoud, qui s’engage « à relever le défi de concrétiser les 54 engagements du Président ». Il faut dire que certaines wilayas ont même « évité » sciemment de recourir aux budgets qui leur sont alloués chaque année et dont les autorisations de programme (A.P) n’ont pas été consommées voire même entamées. Ces derniers walis sont comme paralysés par la peur que suscitent les conséquences qui peuvent en découler ou être générées par leurs actes de gestion. A titre d’exemple, pas moins de 33 mille projets sont en souffrance, et attendent d’être lancés ou entamés. Ce pourquoi, le Président Tebboune a tenu, hier, lors de la troisième rencontre Gouvernement – wali qu’il a présidé, tenu à rassurer les commis de l’Etat, les walis particulièrement. D’abord et en attendant de promulguer un textevisant à protéger les responsables intègres, Abdelmadjid Tebboune a instruit les services de sécurité ainsi que le Garde des Sceaux de ne plus prendre en considération les actes de dénonciation anonyme qui sont désormais rendues « caducs ». Il soumet, à cet effet, toute ouverture d’enquête aux autorités centrales non sans avoir au préalable obtenu le feu vert de la part de la tutelle du cadre mis en cause. Cette démarche s’inscrit dans un esprit de « neutralité » au regard de certains affaires montées de toutes pièces localement à l’encontre d’un cadre parfois victime de cabale. Tebboune compte aller plus loin pour protéger les cadres en pensant à instituer des mécanismes à même d’être des gardes fous à l’instar de l’armada juridique qui est en phase d’élaboration pour lutter contre la corruption. Pour cela, Tebboune qui est conscient que le salut du développement national ne peut provenir qu’à partir des wilayas. Il espère ainsi libérer les énergies et exhorte les walis à se défaire de leur « terreur » afin d’aller de l’avant. Il annonce d’ailleurs la révision prochaine du découpage administratif pour élever certaines communes au rang de wilaya-déléguées et explorer les immenses horizons qu’offre le pays. Il citera en guise de résultats satisfaisants enregistrés à partir des différentes wilayas la hausse des exportations des produits locaux dont le chiffre a atteint 3,8 milliards de dollars en hors hydrocarbures et prévu à quatre milliards de dollars d’ici la fin de l’exercice 2021. Pour Tebboune, c’est une question de « dignité nationale » car l’Algérie est une puissance régionale en dépit du mépris que lui affichent ses propres enfants. Et pour mieux étayer ses dire, il annonce que d’ici le 29 septembre, soit dans quatre jours, nous produirons le 1er vaccin algérien, à partir de Constantine, en partenariat avec nos amis Chinois ».
Azzedine Belferag