Crise libyenne : L’offensive diplomatique de Lamamra
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra a affirmé, jeudi dernier à Tripoli, que la position de l’Algérie à l’égard de la crise en Libye a toujours été claire et constante et consiste à « préserver la souveraineté et l’unité territoriale de la Libye et à trouver un règlement inter-libyen à la crise.
Ainsi, le chef de la diplomatie algérienne a déclaré lors des travaux de la Conférence « Initiative pour la stabilité en Libye » que «l’Algérie a, à maintes reprises, souligné que le règlement de la crise doit passer par un processus inter-libyen où les frères libyens doivent jouer un rôle éminent dans le cadre d’un dialogue inclusif à même de garantir la reconstruction et l’unification des institutions et consacrer la réconciliation nationale». Et d’ajouter : «l’Algérie se félicite du progrès accompli dans le cadre du processus politique que supervise l’ONU, et qui a permis d’élire le président et les membres du Conseil présidentiel et du Gouvernement d’union nationale et fixer la date du 24 décembre 2021 pour la tenue d’élections générales». Continuant sur sa lancée, Ramtane Lamamra a exprimé la satisfaction de l’Algérie quant à la stabilité relative enregistrée au plan sécuritaire depuis la signature de l’Accord de cessez-le-feu en Libye, insiste sur la nécessité de « parachever le processus militaire et sécuritaire, en s’engageant à interdire les armes et à procéder au retrait des forces, des mercenaires et des combattants étrangers de la Libye, à travers la concertation avec les partenaires internationaux concernés et l’implication des pays du voisinage libyen dans les discussions et les processus lancés suivant les conclusions de la réunion ministérielle des pays voisins de la Libye tenue à Alger les 30 et 31 août 2021. A cette occasion, le chef de la diplomatie algérienne a salué l’accord auquel est parvenu le Comité militaire conjoint (5+5) lors de sa réunion tenue le 8 octobre à Genève, portant élaboration d’un plan d’action global pour le retrait des mercenaires, des combattants et des forces étrangères de Libye, et ce en application des clauses de l’accord de Cessez-le-feu, des résolutions afférentes du Conseil de sécurité et des conclusions de la Conférence de Berlin.
Plaidoyer pour le soutien du processus politique à l’approche des élections
A l’approche des élections générales en Libye, M. Lamamra a lancé un appel à toutes les parties concernées à soutenir les efforts consentis par le pouvoir exécutif actuel et à se démarquer de toutes les tentatives visant la désunion des libyens ou l’entrave du processus politique et l’activité du gouvernement dans toutes les régions du pays. Aussi, il a exhorté la communauté internationale à prêter main forte à la réalisation des consensus nécessaires en vue d’un règlement adéquat de certaines questions juridiques et techniques pendantes, notamment la base constitutionnelle des élections et le parachèvement des processus de l’unification des institutions et de la réconciliation nationale libyenne. Il s’agit là, selon le chef de la diplomatie algérienne, du rôle privilégié de l’initiative de soutien à la stabilité en Libye considérée comme « une étape positive pour que les frères libyens reprennent les choses en main conformément à une approche basée essentiellement sur les principes de la propriété nationale, le partenariat efficace et la responsabilité commune », a-t-il soutenu. Le chef de la diplomatie algérienne a réaffirmé le soutien de l’Algérie à cette initiative et sa disponibilité permanente à « aider les frères libyens à atteindre les objectifs escomptés », tout en poursuivant « cet effort collectif pour mobiliser le soutien nécessaire en leur faveur en vue d’édifier un Etat libyen uni, sécurisé, stabilisé et démocratique ». Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra s’est entretenu, jeudi dernier, avec le chef du Gouvernement libyen d’union nationale, Abdelhamid Dbeibah, peu avant l’entame de la Conférence « Initiative pour la stabilité en Libye. Lors de cette rencontre, les deux parties ont évoqué les relations fraternelles qui lient les deux pays et les deux peuples frères, ainsi que les derniers développements du processus politique en Libye, sous l’égide de l’ONU. A cet effet, M. Lamamra a réitéré « l’attachement constant de l’Algérie à soutenir les frères libyens, pour parvenir à des consensus à même de concrétiser les priorités de l’étape actuelle », soulignant le grand intérêt qu’accorde le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune à la sécurité et à la stabilité en Libye. Il a exprimé, également, le soutien de l’Algérie à l’Initiative pour la stabilité en Libye, souhaitant que cette dernière puisse booster le processus politique et mettre fin à la crise. Pour sa part, le chef du gouvernement libyen a salué le rôle positif de l’Algérie, ses démarches en faveur de la stabilité sécuritaire et politique en Libye, ainsi que la dynamique dans les relations établies entre les deux pays frères, en concrétisation de la volonté commune des directions des deux pays. Le ministre des affaires étrangères a également eu des entretiens avec son homologue libyenne, Najla Al-Mangoush ainsi qu’avec le vice-président du Conseil présidentiel libyen, Moussa Al-Kouni. Les discussions ont porté sur les derniers développements de la situation en Libye et dans la région en général, dans le cadre de la concertation et de la coordination permanentes entre les deux pays. M.Lamamra a reçu, par ailleurs, la Sous-secrétaire d’Etat américaine en charge des questions du Proche-Orient, Mme Yael Lampert, avec laquelle il a échangé les points de vue, sur les derniers développements en Libye, au Mali et au Sahara occidental, réitérant par là même, leur engagement commun à promouvoir la paix et la sécurité dans la région. Rappelons que le chef de la diplomatie algérienne était arrivé jeudi matin à Tripoli pour participer à la Conférence de soutien à la stabilité de la Libye, à l’invitation de son homologue libyenne, Mme Najla Al-Mangoush. La participation de M. Lamamra à cette Conférence confirme la position constante de l’Algérie et son soutien permanent au peuple libyen frère pour le rétablissement de la sécurité et de la stabilité et la réalisation de la réconciliation nationale. Cette conférence qui se tient à l’initiative de l’Autorité exécutive libyenne, vise à cristalliser une position internationale et régionale unifiée pour soutenir la vision libyenne dans l’Initiative de stabilité en Libye annoncée par le gouvernement d’union nationale.
Notons que la Conférence sur la Libye à laquelle ont participé des délégations représentant une trentaine de pays et organisations internationales, a appelé au respect de « la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye », à « rejeter les ingérences étrangères dans les affaires libyennes et à condamner les tentatives de violation de l’embargo sur les armes », précise le communiqué publié à l’issue de la réunion. Le même document a appelé au « respect total des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Libye notamment celle de 2570 (16 avril) », qui exhorte vivement les Etats membres à « respecter et soutenir la pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu (d’octobre 2020), y compris par le retrait sans délai de toutes les forces étrangères et mercenaires de Libye ». Le texte a aussi insisté sur le respect des recommandations des deux conférences de Berlin (1 et 2) et à mettre en œuvre la feuille de route issue du Forum de dialogue politique libyen (FDPL). Par ailleurs, le communiqué final a souligné l’importance de prendre les mesures nécessaires afin d' »établir la confiance et de créer un environnement propice à la tenue d’élections nationales transparentes et inclusives le 24 décembre ». Un appel a été également lancé au gouvernement libyen pour « soutenir les efforts déployés par la commission militaire mixte 5+5 dans la mise en œuvre complète du cessez-le-feu et son plan relatif au retrait des mercenaires étrangers du pays ».
Faiçal Bedjaoui