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Ighil Imoula, le village ou a été imprimée la Déclaration du 1er Novembre : La mémoire toujours vivace

A Ighil Imoula, tous les jeunes connaissent par cœur l’histoire de la guerre de libération nationale. Ils la connaissent via les témoignages de leurs grands parents et des livres et des manuscrits mais surtout parce que leur village est rempli de souvenirs encore vivants de cette époque héroïque. Ighil Imoula abrite encore la maison où a été tirée à la ronéo la déclaration du 1er novembre 1954. C’est à Ighil Imoula que se trouve encore cette machine jalousement gardée par Nna Ouiza, la veuve du moudjahid Ali Zamoum. Affaiblie par le poids des années mais majestueusement debout du haut de ses quatre-vingt ans.

Ighil Imoula, un village situé sur les hauteurs de la ville des Ouadhias, à une quarantaine de kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou. Sur place, les jeunes, au contact facile, s’empressent d’aider le visiteur à découvrir les sites, les lieux et les témoins. En première ligne, le jeune agent de l’Office national de protection des biens culturels, Yazid Laïch. Avant d’aller dans les maisons qui ont servi à rédiger cette déclaration qui marquera à jamais l’histoire, nos deux guides nous mèneront vers la découverte de quelques noms qui ont marqué l’histoire de la lutte du peuple algérien pour le recouvrement de sa dignité.

Dans ce village, toutes les générations connaissent le nom de Mohamed Zamoum qui était fonctionnaire à la mairie d’Ouadhias durant les années 40 et 50. Mais, à cette époque, peu de gens savaient que la mairie, grâce au génie et au courage de cet homme, délivrait des cartes d’identité falsifiées aux Moudjahidines qui étaient recherchés pour leurs activités politiques. Le travail était risqué mais Mohamed Zamoum connu sous le nom de guerre de Si Salah était l’homme auquel recourait le chef de la wilaya III historique, Krim Belkacem, qui a prit le maquis depuis 1947.

Dans le musée, les visages ancrés sur les photos semblent nous parler. Les noms se suivent dans un mouvement en valse alternant les cris de la torture et les crépitements des balles.  Bahia Yantren, fille d’Ighil Imoula, était porteuse de valises. Elle était spécialisée aussi dans la collecte de fonds pour alimenter en armes les maquis. La valse des héros laissera aussi défiler le visage de Kassel Tassadit, militante avec les acteurs de la bataille d’Alger. Parmi ces noms, il y avait aussi Baya Hacène, grande militante dans l’Algérois et Hocine Asla qui a donné son nom à une des principales avenues de la capitale.

La valse nous fait remonter dans le temps avec d’autres noms héroïques tels que hand Oumari, un Robin des Bois algérien, Cheikh Abdellaoui, un notable qui a vendu tous ses biens pour financer l’achat des armes pour la révolution mais aussi Hadj Ali Mohdarezki qui a réussi à revenir du bagne de Nouvelle Calédonie après 26 ans d’absence.  Ighil Imoula, par la force de ses enfants, était aussi un poste avancé de Boubaghla lors de l’insurrection de Cheikh Aheddad entre 1851 et 1855.

Une fois sorti du musée, nous nous sommes dirigés vers la place du village. On croirait entendre encore le son des pièces de dominos dont  les hommes tapaient fort sur les tables afin de dissimuler le bruit de la ronéo. Cette histoire était sur les lèvres de toutes les personnes que nous avons abordées sur la place. La Déclaration du 1er Novembre avait, en fait, été rédigée dans deux maisons, selon notre accompagnateur qui nous expliquera que ce document historique a été tapé au dactylo dans une chambre du premier étage de la maison de Benramadani Omar avant d’être discrètement transférée vers la maison appartenant aux frères Idir et Hacène Rabah où se trouvait la ronéo.

Kamel Ait Ameur

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