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Makouda bombardée un certain dimanche 14 novembre 1954 : Le témoignage de la barbarie coloniale

Un vent froid soufflait durant toute la matinée de ce dimanche 14 novembre 1954. Les villages entourant le mythique lieu de pèlerinage Azrou Oughedou, situé à la «Crête» sur les hauteurs de Makouda s’apprêtaient à vivre une journée ordinaire. Il était évident que la présence et les mouvements de l’armée française étaient plus forts mais, jusque-là, rien n’indiquait que les localités allaient vivre un drame. La guerre était déclarée entre L’armée de libération nationale et l’armée coloniale mais jusque-là, le crépitement des armes n’était pas audible. Mais, cela n’allait pas durer.

En début d’après-midi, les villageois, à Attouche, Illilan et Tala Toughrast étaient encore affairés dans leurs champs. Cette période coïncidait avec le début des travaux des champs et des labours. Soudain, des explosions fissuraient l’épais brouillard du silence. Les populations, en majorité, ne connaissaient pas encore ce son qui allait hélas les accompagner durant sept ans et demi. Seuls les hommes qui étaient en contact avec les moudjahidines et qui étaient introduit dans l’organisation étaient au fait de ce qui se passait.

Ce jour-là, l’armée coloniale allait faire usage, pour la première fois, de son aviation militaire pour traquer, officiellement, les Fellagas et surtout punir cette région qui a livré ses hommes pour la lutte contre le colonialisme et surtout aider les autres régions à se structurer et même à faire les actions de la «nuit de la Toussaint» comme dans l’Algérois. Retranchés dans un ravin, neuf maquisards seront traqués alors que leur chef, Akli Babou, interdit à ses hommes de faire usage de mitraillettes pour éviter d’alerter l’armée française sur la présence d’armes lourdes dans la région. Au coucher du soleil, les villages retrouveront le calme. Les bombardements cessèrent. Les maisons étaient pratiquement toutes défaites mais les pertes humaines n’étaient pas signalées.

Quatre jours plus tard, dans la matinée, les avions revinrent. Ils survolent les maisons laissant un bruit assourdissant. Les bombardements toucheront d’autres villages et s’étendent jusqu’à Boudjima et Tarihant. Moins d’un mois après le déclenchement de la guerre de libération, la politique de la terreur commence pour durer plus de sept ans. Mais, ce sera en vain car c’est de cette même région de Makouda que partiront des hommes qui structureront la wilaya VI du Sahara. Le capitaine Rouger, Moh Saïd Kasmi et Ali Mellal seront envoyés par Krim et Ouamrane pour organiser les maquis de la région saharienne.  La région de Makouda devait également être punie pour avoir fourni onze hommes parmi les 22 membres qui ont assisté à la réunion de Bruxelles où sera entériné par vote l’action armée.   

Enfin, il faut rappeler aussi que les procédés les plus inhumains de l’armée française ont été également utilisés dans la région. De la torture individuelle, les militaires français passaient à la torture collective. Les corps  des moudjahidines morts en héros armes à la main étaient traînés derrières des voitures sur les places des villages « pour montrer l’exemple de ce qui attendait tout homme qui oserait prendre les armes contre la France ». Mais, ce sera vain car c’est toujours au village Tala Bouzrou, à Makouda que se déroulera l’une des plus grandes batailles. En effet, la bataille d’Azrou Ouguettouf est restée dans la mémoire collective.

Kamel Nait Ameur

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