Crise ukrainienne : L’ombre du conflit nucléaire !
La crise ukrainienne risque-t-elle de déboucher sur un conflit nucléaire ? Le président russe, Vladimir Poutine, a brandit hier la menace d’un recours à la dissuasion de manière très concrète, en faisant un pas dans le sens de l’escalade en réponse à la batterie de sanctions économiques imposées par les pays de l’Otan.
Jeudi, alors que les troupes traversaient les frontières avec l’Ukraine, Vladimir Poutine avertissait l’Occident contre toute interférence qui constituerait une menace pour la sécurité de la Russie : « la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues ». Hier, le président russe a pris des mesures concrètes pour démontrer que la réponse russe sera à la mesure des attaques de l’Otan, voire plus. Il a ainsi mis en alerte «sa force dissuasive», l’arme nucléaire. Cette déclaration survient en réponse aux sanctions occidentales prononcées contre la Russie, présentées par les Occidentaux eux-mêmes «d’arme atomique financière». En effet, les dirigeants occidentaux ont décidé samedi soir d’exclure plusieurs banques russes du réseau interbancaire SWIFT ainsi que des sanctions ciblant les réserves en devises de la banque centrale de Russie. Le communiqué dévoilant ces nouvelles sanctions a été endossé par les États-Unis, le Canada, la Commission européenne, la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni. En sus, les sanctions comptent la fermeture de l’espace aérien de plusieurs pays européens aux avions russes ainsi que la suspension des activités de la chaîne Russia Today et de l’agence de presse Sputnik. Les pays de l’Otan ont également décidé de financer la guerre en Ukraine et de la soutenir en fournissant les équipements militaires à Kiev. Au-delà, Moscou semble réagir à la menace nucléaire brandie par la France. Vendredi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian affirmait que « Vladimir Poutine doit aussi comprendre que l’Alliance atlantique est une alliance nucléaire ».
En réponse, le président russe a, dans la rencontre qu’il a tenu hier avec son État- major, a déploré que «les chefs des Etats occidentaux tiennent des propos agressifs et belliqueux vis-à-vis de la Russie». «J’ordonne au ministre de la Défense et au chef de l’état-major de mettre les forces de dissuasion de l’armée russe en régime spécial d’alerte au combat», a déclaré Vladimir Poutine lors d’un entretien avec ses chefs militaires retransmis à la télévision Russe. Les forces de dissuasion russes sont constituées d’un ensemble d’unités visant à décourager une attaque contre la Russie, y compris en cas de guerre impliquant l’utilisation d’armes nucléaires», selon le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Néanmoins, Moscou ne semble pas privilégier l’option d’un conflit total et laisse la porte ouverte pour des pourparlersavec Kiev. L’Ukraine a, sans avancer plus de détails, confirmé que des pourparlers se tiendront entre les deux pays à la frontière entre Ukraine et le Belarus, mettant ainsi fin aux divergences des deux pays, notamment en ce qui concerne le lieu devant abriter les négociations. D’ailleurs, le Kremlin a annoncé hier qu’«une délégation de représentants des «ministères des Affaires étrangères, de la Défense et d’autres services, notamment de l’administration présidentielle est arrivée au Belarus pour des négociations avec les Ukrainiens». La Russie avait déjà dit «vouloir négocier avec les Ukrainiens mais uniquement au Belarus». L’Ukraine, qui a répondu qu’elle est «favorable» à l’offre Russe, a rejeté «le lieu de la rencontre, la Biélorussie», proposant les villes de Varsovie, Bratislava, Budapest, Istanbul, Bakou. «Nous les avons toutes proposées», a affirmé Volodymyr Zelensky, soulignant que «n’importe quelle autre ville nous conviendrait du moment qu’on ne nous tire pas des roquettes dessus depuis son territoire». L’opération militaire lancée jeudi est à sa quatrième journée consécutive. Elle est caractérisée par l’escalade des combats opposant les deux parties. La Russie estime «faire face à une menace sérieuse et très grande en Ukraine ». Elle réclame la fin de la politique d’expansion de l’Otan et le retrait des forces américaines stationnées en Europe de l’Est, des demandes rejetées par les Occidentaux. Les combats s’intensifient notamment autour de la capitale ukrainienne Kiev. Les sirènes d’alarme anti-aérienne ont de nouveau retenti à Kiev dans la nuit de samedi à dimanche, a indiqué le Service officiel des communications spéciales, appelant les habitants à se réfugier dans les abris de la capitale. L’agence Interfax-Ukraine, se rapportant à l’armée ukrainienne, fait état «des tirs russes qui ont aussi touché la clôture d’un centre de stockage de déchets radioactifs », expliquant que «les forces russes poursuivent leur offensive pour verrouiller Kiev après avoir terminé leur regroupement » sur le front nord ». Le chef de l’administration de la région de Kiev, Oleksy Kouleba, a pour sa part affirmé qu’«à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kiev, des combats se poursuivent pour le contrôle de la base aérienne de Vassylkiv ». L’armée russe avait reçu samedi après-midi l’ordre d’élargir son offensive sur l’Ukraine, affirmant que Kiev avait refusé des négociations, d’après le ministère russe de la Défense. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine continue de susciter de vives préoccupations à l’étranger, plusieurs pays appelant à une solution diplomatique à l’instar de Cuba qui a plaidé samedi en faveur d’une solution diplomatique «sérieuse, constructive et réaliste».
Le chef du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a déclaré samedi que plus de 150.000 réfugiés ukrainiens sont maintenant passés dans les pays voisins, la moitié d’entre eux en Pologne et beaucoup en Hongrie, Moldavie, Roumanie et au-delà
Salim Abdenour