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Elle décide d’augmenter la production de pétrole de 400.000 barils/jour : L’Opep+ fait le choix de la stabilité

La décision était attendue par les marchés. Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés non-Opep ont décidé de s’en tenir à leur politique d’augmentation progressive de la production, telle que validée par l’ensemble des signataires de la Déclaration de coopération au mois de juillet dernier, en optant pour une hausse de la production de 400.000 barils/jour à partir du mois d’avril prochain. 

Tous les regards étaient tournés hier vers l’Opep+ et attendaient une décision qui puisse calmer les marchés. A l’ouverture de séances les cours du brut ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis 2013 et 2014. Les prix du Brent de la Mer du Nord, référence pour la cotation du baril de pétrole algérien, ont tutoyé les 114 dollars. Ils ont gagné 6,5% et culminé à 113,94 dollars sur les marchés londoniens, un record depuis 2014. Idem pour le pétrole américain, le baril de WTI se négociait sur la bourse de New York à 112,51 dollars, son plus haut niveau depuis 2013. Le conflit en Ukraine alimente les craintes sur les approvisionnements énergétiques du marché européen et suscite la fébrilité des marchés. Les Etats-Unis, par la voix du président Joe Biden, avaient tenté de rassurer les marchés en confirmant hier le déblocage par les membres de l’Agence internationale de l’énergie de 60 millions de barils de pétrole sur les réserves stratégiques, dont 30 millions par Washington à lui seul. Cela n’a pas eu l’effet escompté pour autant, les marchés étant restés accrochés à la décision de l’Opep +, espérant une hausse conséquente de la production pour le mois prochain, les consommateurs occidentaux misant sur une possible intervention des Émirats arabes unis afin de pousser des négociations en direction d’une ouverture plus importante des vannes.

L’Opep+ a finalement décidé de ne pas céder aux pressions et de s’en tenir à la politique qui fait consensus au sein des 23 producteurs membres de l’alliance.  Il est vrai que la préoccupation majeure de l’Opep+ demeure la stabilité des marchés. Et l’Arabie saoudite l’a bien souligné dès dimanche. Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a souligné la volonté du royaume de stabiliser et d’équilibrer les marchés pétroliers et l’engagement du royaume envers l’accord Opep+.  D’ailleurs, les fondamentaux du marché, soit l’offre et la demande, ne sont pas touchés. C’est la fébrilité des marchés sur fond de tensions géopolitiques qui alimente la flambée. Il faut d’ailleurs noter que jusqu’à présent, les livraisons russes en gaz, y compris en Europe et en pétrole n’ont pas encore été affectées par le conflit. Aussi, les sanctions économiques imposées par l’Occident à la Russie, notamment l’exclusion du système Swift ont épargné les deux grandes banques russes liées au secteur des hydrocarbures.  La décision de l’Opep+ était aussi attendue dans la mesure aussi où les pays de l’alliance atteignent déjà les limites de leurs capacités en termes de production. 

Des éléments qui ont d’ailleurs été soulignés par l’Opep+. Dans son communiqué final, l’alliance a expliqué que « les fondamentaux actuels du marché pétrolier et le consensus sur ses perspectives suggèrent que le marché est bien équilibré et que la volatilité actuelle n’est pas provoquée par des modifications des fondamentaux du marché mais par l’évolution actuelle de la situation géopolitique ». Un communiqué du ministère de l’Énergie et des Mines a indiqué hier que la 26e réunion ministérielle Opep+ et la 38e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) ont été consacrées à « l’examen de la situation du marché pétrolier international et à ses perspectives d’évolution à court terme ainsi qu’à l’évaluation du niveau de respect des engagements de baisse de la production des pays d’Opep+ durant le mois de janvier 2022 ». Dans ce sens, « le JMMC a relevé avec satisfaction que le taux de conformité global qui a atteint 129 % en janvier 2022 ». Et c’est à l’issue de cette réunion qu’ il a été décidé de reconfirmer le plan d’ajustement décidé lors de la 19ème réunion ministérielle Opep –Non Opep de juillet prévoyant une hausse progressive de la production de pétrole de 400.000 barils/jour chaque mois. C’est ainsi que la production globale mensuelle de 400 000 barils par jour pour le mois d’avril prochain a été approuvée

Dans une déclaration à la presse en marge de la 26ème réunion ministérielle Opep-non Opep (Opep+), à laquelle il a participé par visioconférence, M. Arkab a révélé que « la production pétrolière de l’Algérie atteindra 1.200.000 mb/j au mois d’avril prochain ».        

Notons que sur les marchés, les cours du Brent sont repartis à la baisse en fin de journée. Le baril de Brent de Mer du Nord atteint 109,8 dollars et le WTI  107,7 dollars vers 18h00, selon les données du site spécialisé Oilprices.com. Idem pour le gaz qui ne cesse de battre des records. Le cours européen de référence du gaz naturel, le TTF néerlandais, a également flambé mercredi jusqu’à culminer à 194,715 euros le mégawattheure (MWh), un sommet historique, et le prix du gaz britannique évoluait à un niveau très proche de son record historique de décembre dernier.

Samira Ghrib

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