Prophéties…
« Les faux prophètes réalisent eux-mêmes leurs prophéties. » Stanislaw Jerzy Lec, écrivain polonais.
La prophétie est dans l’ère du temps et les prophètes autoproclamés gagnent du galon. Ils bénéficient d’une exposition médiatique sans commune mesure depuis quelques semaines, voire quelques mois déjà. Et vous savez quoi, leurs divinations finissent par se réaliser. Non que les nouveaux prophètes aient pioché dans les manuscrits de Nostradamus ou qu’ils aient soudain trouvé les secrets de la pierre philosophale. Ils excellent surtout dans l’art de la prophétie auto-réalisatrice. Prenons l’exemple ukrainien. Les médias mainstream nous préparent psychologiquement depuis quelques mois déjà à l’éventualité d’une « invasion » russe de l’Ukraine. Une offensive -pour se replacer dans le champ lexical neutre- qui a fini par se concrétiser. Or, ce qu’oublient de nous dire ces faux prophètes, c’est que cette opération a été provoquée par l’Otan, un pacte qui ne survit que pour asseoir l’hégémonie atlantiste sur le reste du monde et tuer dans l’œuf toute velléité d’émergence d’une contre-puissance.
Et voilà que nos sibylles récidivent. Ils prévoient une « invasion » prochaine de Taïwan par la Chine, alors que ce sont ces mêmes prophètes qui entretiennent les tensions à partir de l’île dont la souveraineté a toujours été revendiquée par Pékin et que l’Otan a transformée en base arrière. Les oracles pressentent également une guerre cybernétique globale, ils mobilisent des armées de Hackers pour cibler leurs ennemis, mais craignent pour leurs réseaux internet. Décidément, les nouveaux oracles présagent de beaucoup de choses, mais que ne voient-ils pas dans leur boule de cristal pour qu’on s’y prépare ?
Car il est clair que rien de bon ne sortira de la multiplication des conflits, de l’embrasement de l’Afrique et du Moyen-Orient, de la tentative de forcer à un inversement des équilibres en Europe et en Asie. L’Otan veut-il vraiment forcer un retour vers le contexte géopolitique plus grave que celui qui a abouti à la crise de la Baie des cochons, en 1961. Et puis à force de vouloir imposer des sanctions économiques à tout le monde, de Pékin à Moscou en passant par Pyongyang, Téhéran et même par Bamako, l’alliance atlantiste ne risque-t-elle pas de se tirer une balle dans le pied et de provoquer un effondrement économique mondial ? Voilà le genre de questions auxquelles les nouveaux oracles devront répondre.