Une délégation d’ENI attendu aujourd’hui à Alger : Consolider le partenariat
Une délégation du groupe énergétique italien est attendue aujourd’hui à Alger. Il est question de la consolidation de la coopération avec Sonatrach, et plus encore. Car si cette visite intervient dans le cadre du rapprochement politique, économique et culturel entre Alger et Rome, elle coïncide aussi avec un contexte marqué par des tensions sur le marché énergétique notamment en Europe. Une visite d’ailleurs qui a été évoquée lors d’un entretien entre le président de la République Abdelmadjid Tebboune et le Premier ministre italien Mario Draghi. « Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a reçu, ce jour, un appel téléphonique du Premier ministre de la République d’Italie, Mario Draghi, avec lequel il a évoqué l’état des relations bilatérales solides et les moyens de les renforcer ainsi que le développement de l’action gouvernementale », a, en effet, annoncé vendredi un communiqué des services de la présidence de la République. A cette occasion, « le président de la République a été informé de la visite, dimanche prochain en Algérie, d’une délégation représentant la société italienne ENI, entrant dans le cadre de la coopération énergétique entre les deux pays », note la même source. « En vue du renforcement de la coopération bilatérale, le Premier ministre italien a accepté l’invitation du Président de la République de visiter l’Algérie dans les meilleurs délais », ajoute le communiqué.
Il est vrai que les deux pays entretiennent d’excellents rapports de coopération depuis plusieurs décennies. Dans le domaine énergétique, ENI est présente en Algérie depuis 1981 et où elle bénéficie de plusieurs permis d’exploitation pétrolière et gazière en association avec la Sonatrach, en sus du fait que l’entreprise ait été fondée par Enrico Mattei auquel un hommage a été rendu récemment par l’Algérie pour son soutien actif à la guerre de libération nationale. Un partenariat que la firme ne cesse de consolider et qui lui permis de faire une importante découverte d’hydrocarbures en association avec Sonatrach, il y a quelques jours dans le bassin de Berkine.
Il est toutefois clair que cette nouvelle visite s’inscrit dans un contexte où l’Italie cherche à sécuriser ses approvisionnements énergétiques, notamment avec les tensions actuelles sur le marché européen du gaz dans le sillage du conflit en Ukraine. La semaine dernière le président russe Vladimir Poutine a annoncé que désormais le gaz russe vendu en Europe devra être payé en roubles. Ce que les Européens disent refuser. Chose qui fait planer la menace d’une rupture des approvisionnements en gaz russe. Les Européens cherchent ainsi à diversifier leurs fournisseurs et sécuriser leurs approvisionnements. Il ne serait pas étonnant de voir les Italiens d’Eni chercher à consolider leurs rapports avec Sonatrach dans ce sens, d’autant que le Gazoduc Enrico Mattei qui relie l’Algérie à l’Italie reste largement sous-exploité. Une possibilité qui devra aussi tenir compte des capacités actuelles de production algérienne. Dans ce contexte, il est utile de noter que le P-DG de la Sonatrach, Toufik Hakkar, a indiqué vendredi dans une déclaration à l’APS que l’Algérie dispose « à l’heure actuelle de quelques milliards (de m3 supplémentaires, NDLR) qui ne peuvent se substituer au gaz russe. En revanche, avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler d’ici quatre ans, ce qui laisse entrevoir des perspectives prometteuses avec nos clients européens »
Il a également souligné que « depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un ‘recalcul’ des prix avec notre client espagnol ».
Samira Ghrib