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Elle s’est établie à 4% en 2021 : Le FMI améliore les prévisions de croissance pour l’Algérie

Malgré un redressement des indicateurs de l’économie algérienne en 2021, le Fonds monétaire international prévoit un ralentissement de la croissance en 2022 et 2023, dans le sillage de perspectives moroses pour l’économie mondiale, impactée par la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie. 

Dans son rapport pour les perspectives de l’économie mondiale publié hier à l’occasion de la tenue des Assemblées annuelles de printemps des institutions de de Bretton Woods, Le Fonds monétaire international améliore ses perspectives de croissance pour l’économie algérienne. C’est ainsi qu’il a actualisé les indicateurs de clôture pour l’exercice 2021 et situe la croissance du PIB à 4% pour l’exercice clos contre une prévision de 3,4% anticipée au mois d’octobre dernier à l’issue des consultations au titre de l’Article IV des statuts du FMI. Il en est de même pour les équilibres financiers externes, le FMI faisant état d’un déficit de la balance du compte courant à 2,9% du PIB contre une prévision anticipée de déficit de 7,6% du PIB. Une amélioration qui dénote d’ailleurs du rééquilibrage des comptes externes dans le sillage du redressement des cours du pétrole et du gaz, mais aussi l’augmentation de la valeur des exportations hors hydrocarbures. D’ailleurs, l’institution de Bretton Woods améliore ses prévisions pour les exercices 2022 et 2023. C’est ainsi qu’elle prévoit un solde positif de la balance du compte courant durant l’année en cours de 2,9 % du PIB contre une prévision de déficit de 5,5% du PIB dans le rapport d’octobre. Elle table également sur un léger déficit à 0,2% du PIB en 2023. Il en est de même pour la croissance. S’il est vrai que le FMI anticipe une baisse de la croissance du PIB à 2,4% en 2022 et 2023, ces niveaux demeurent plus élevés que les dernières prévisions qui tablaient sur une croissance réelle du PIB de 1,9% en 2022.

Inflation record !

Pour ce qui est de l’emploi, le FMI indique que le taux de chômage a atteint 13,4 % en 2021, résidu du choc de la pandémie sur l’économie nationale. Cependant, ce taux devrait être résorbé progressivement à 11,1% en 2022 et à 9,8% en 2023. Seule ombre au tableau, une inflation record qui devrait persister jusqu’en 2023. Selon les chiffres du FMI, l’inflation en Algérie a atteint les 7,2% en 2021 et devrait culminer à 8,7% en 2022 et 8,2% en 2023 !

Une inflation d’ailleurs alimentée par la montée des poussée inflationnistes au niveau mondial. Une question qui est d’ailleurs au cœur des préoccupations du FMI, notamment dans un contexte géostratégique tendu marqué par la guerre en Ukraine qui alimente la hausse des prix des commodities et risque d’affecter la croissance au niveau mondial. 

L’inflation, alimentée par la hausse des cours des matières premières et la généralisation des tensions sur les prix, devrait rester élevée plus longtemps que prévu, explique le FMI en soulignant que la situation pourrait s’aggraver si les déséquilibres entre l’offre et la demande se creusent. Pour 2022, il table sur une inflation de 5,7% dans les économies avancées et de 8,7% dans les économies émergentes et en développement, soit respectivement 1,8 point et 2,8 points de plus qu’en janvier.

Aussi, la diminution de l’offre mondiale de pétrole, de gaz naturel et de métaux d’origine russe, ainsi que de blé et de maïs produits en Russie et en Ukraine, a déjà provoqué une forte hausse des cours de ces produits à l’échelle mondiale. « L’inflation est devenue un danger clair et bien présent pour de nombreux pays », écrit Pierre-Olivier Gourinchas, directeur du département des études au FMI dans une note de blog publiée hier.  Même si la Réserve fédérale américaine et de nombreuses autres banques centrales ont déjà commencé à resserrer leur politique monétaire, les conséquences de la guerre exacerbent les tensions inflationnistes, explique-t-il.

Le Fonds a également réduit ses prévisions de croissance mondiale en raison de l’impact direct et des retombées de la guerre en Ukraine.

De nouvelles sanctions visant le secteur russe de l’énergie, un élargissement du conflit armé, une décélération plus marquée qu’anticipé en Chine ou encore une résurgence de la pandémie pourraient accentuer le ralentissement mondial tout en amplifiant l’inflation, ajoute le FMI en soulignant que l’envolée des prix menace de déclencher des troubles sociaux dans les pays émergents et en développement.

Le Fonds table désormais sur une croissance mondiale de 3,6% en 2022 comme en 2023, soit 0,8 point de pourcentage de moins que prévu en janvier pour cette année et 0,2 point de moins pour l’an prochain, en raison de l’impact direct de la guerre sur les économies de l’Ukraine et de la Russie, et de ses retombées sur le reste du monde.La croissance à moyen terme devrait ralentir autour de 3,3%, contre 4,1% en moyenne sur la période 2004-2013.

L’Ukraine comme la Russie devraient subir une forte contraction de leur économie et la croissance dans l’Union européenne devrait être amputée de 1,1 point cette année et de 0,3 point l’an prochain par rapport aux prévisions de janvier. « La guerre s’ajoute à la série de chocs d’offre qui a frappé l’économie mondiale ces dernières années. Tels des ondes sismiques, ses effets vont se propager profondément et loin, par le biais des marchés de matières premières, du commerce international et des relations financières », explique Pierre-Olivier Gourinchas.

Samira Ghrib

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