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Main tendue du Président Tebboune pour le rassemblement de toutes les forces vives de la Nation : La voie de la réconciliation ? 

L’après ramadhan s’annonce politiquement riche. « La main tendue » du Président Tebboune aura fait l’effet d’activateur sur certaines formations politiques. 

Le dernier message de la présidence de la République paru sous forme de tribune à travers l’APS affirme que « Sa main est tendue en permanence à tous, sauf à ceux qui ont franchi les lignes rouges et qui ont largué les amarres avec leur patrie. » Le même message souligne que « le président Tebboune n’est pas clivant, bien au contraire. » Il invite « (…) ceux qui sont restés sur le rivage, sur la berge ou sur le bord de la route, ou qui se sentent marginalisés, sachent que la nouvelle Algérie leur tend les bras pour ouvrir une nouvelle page. » Bannissant « le mot exclusion » du lexique de Tebboune, le message relève que le président de la République « met toute son intelligence pour rassembler des personnes et des parties qui ne pouvaient pas s’entendre par le passé. » Et d’ajouter que « l’Algérie, qui a un peuple héroïque très uni dans toute sa diversité, a besoin de tous ses enfants pour fêter tous ensemble, le 60e anniversaire de l’indépendance. »

L’initiative lancée, il y a quelques jours, par le président de la République visant à « réconcilier » les Algériens entre eux semble avoir trouvé son chemin. L’idée d’une « réconciliation » économique notamment est d’ailleurs « bénie » par le FLN, TAJ et l’organisation nationale des enfants de Chouhadas qui annoncent d’ores et déjà leur adhésion à ce projet. Si le Front de libération nationale « apprécie l’initiative politique visant à la réunification réclamée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune » et affirme apporter « son soutien et sa participation active au succès de l’initiative », le parti  TAJ que dirige madame Zerouati salue cette initiative de « rassemblement » considérant que « la construction d’une façade extérieure lumineuse ne viendra qu’avec un front cohérent, symbiotique, harmonieux, coexistant et réconcilié avec toutes les différences qu’il porte ». Le président du Conseil de la Nation, Salah Goudjil, n’est pas en reste. Le deuxième homme de la République emprunte le pas pour appeler à travers un communiqué « les acteurs de la société à adhérer à la démarche pour asseoir les bases et dessiner les contours de l’Algérie nouvelle, dans le cadre de la politique de rassemblement prônée par le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune ». Goudjil rappellera les propos tenus par le chef de l’Etat annonçant que « sa main est tendue en permanence à tous, sauf à ceux qui ont franchi les lignes rouges et qui ont largué les amarres avec leur patrie, dans le cadre de la dynamique qui a marqué sa campagne électorale durant laquelle il est parvenu à rassembler les jeunes et la société civile ». 

Lignes rouges

Tout le monde aura compris que ces « lignes rouges » dépassées ne concernent que ces Algériens qui ont préféré tourner le dos à leur Patrie qu’ils s’attellent à diaboliser et à décrédibiliser à travers leurs attaques à partir de l’étranger œuvrant pour le compte de pays hostiles à l’Algérie. Cependant, et à bien déchiffrer les messages habillement lancés par le FLN, particulièrement, il s’agirait d’un prélude à une opération de concorde qui aboutira sur une réconciliation-bis. L’ex-parti unique a tenu à argumenter dans son communiqué d’hier que « le peuple algérien, qui a élu le président de la République et cru en son projet et lui a accordé une confiance totale et absolue, mérite de bénéficier de toutes les énergies de ses enfants, loin de l’exclusion et de la marginalisation, en ouvrant les horizons de l’initiative pour permettre aux idées justes, aux avis constructifs et aux jugements sincères de contribuer à l’effort de changement, initié par le Président de la République, et c’est le sens de l’initiative de la main tendue, avec tous ses objectifs, de resserrer les rangs entre toutes les couches de la société et la cohésion des institutions de la République avec sa profondeur populaire, n’excluant aucun groupe ou courant, et établissant les règles du dialogue et de la concertation et l’instauration d’une culture de participation et de transcendance des manifestations des différences dans l’important et des questions centrales, notamment celles liées aux intérêts supérieurs de l’Algérie ». Le parti D’Abou el Fadhl Baadji considère cette initiative comme « une consolidation de la volonté sincère du président de la République de surmonter le passé avec ses aspects négatifs, ses conflits et ses haines et d’en enlever tous les vestiges, et de sécuriser l’Algérie face aux différents défis qui l’entourent, à un moment où le monde souffre de nombreuses tensions et crises, avec toutes leurs graves répercussions, cette « réconciliation » qui rappelle celle adoptée par l’Etat et qui a permis de mettre fin à la décennie noire. Une question demeure cependant. 

Une réconciliation élargie aux oligarques ?

À qui s’adresserait cette nouvelle réconciliation ? L’impératif de renforcement du front interne induira forcément l’apaisement des tensions sur le plan politique. Et il est aisé de penser à un processus assis sur la libération de l’ensemble des détenus du Hirak et d’une partie de ceux communément appelés « détenus d’opinion », laquelle demeure la principale revendication des partis d’opposition. Une réconciliation politique, mais aussi économique supposerait-elle un processus qui toucherait également les oligarques et certains autres anciens responsables sous le règne de Bouteflika et emprisonnés depuis ?  Une question qui mérite d’ailleurs d’être posée d’autant que le Gouvernement avait prévu dans son plan d’action un mécanisme de transaction prévoyant une réduction des peines en contrepartie de la restitution des avoirs détournés. Si le Gouvernement avait écarté la possibilité que ce mécanisme puisse profiter aux oligarques de l’ère Bouteflika, les mutations profondes sur les plans géopolitiques et économiques, accélérées par la guerre en Ukraine, pourraient le pousser à revoir les priorités et opter pour le pragmatisme. 

Il est aisément imaginable qu’en plus de cet élargissement tant revendiqué, l’ouverture de l’espace des libertés individuelle et collective, du champ politique et médiatique, seront les conditions sine qua non de l’opposition si demain elle venait à accepter de prendre part à cette initiative. Ce qui est loin de la coupe aux lèvres à moins que le président de la République prenne sur lui et use des prérogatives que lui confère la Constitution pour promulguer une loi d’amnistie. 

Azzedine Belferag

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