Réalisation du Gazoduc-transsaharien : La dernière ligne droite
Le projet de gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria à l’Algérie, entre dans sa dernière phase de concrétisation. Le ministre de l’Énergie et de Mines, sera dès aujourd’hui dans la capitale nigériane Abuja pour prendre part au Comité tripartite Algérie- Niger – Nigéria pour examiner les prochaines étapes de réalisation du projet.
Un communiqué du ministère de l’Énergie et des Mines a annoncé, hier cette réunion. « Le ministre de l’Energie et des Mines, Monsieur Mohamed Arkab, effectuera les 20 et 21 juin 2022 une visite de travail à Abuja (Nigeria). Lors de cette visite, le Ministre de l’Energie et des Mines prendra part à la deuxième réunion tripartite Algérie- Niger – Nigéria sur le projet TSGP, qui regroupera les ministres en charge de l’Énergie des trois pays. Elle s’inscrit dans le cadre de la reprise des discussions au sujet du projet du Gazoduc Transsaharien (TSGP) », indiqué le communiqué. Et de préciser que « les ministres examineront l’état d’avancement des décisions prises lors de la précédente réunion et les prochaines étapes devant aboutir à la réalisation du projet ».
Il est clair que le projet entre dans sa dernière phase avant sa concrétisation effective et qui pourrait permettre d’acheminer le gaz nigérian vers l’Algérie pour sa commercialisation sur les marchés internationaux, et notamment sur le marché européen à moyen, voire à court terme. Il y a quelques semaines, les autorités nigérianes ont annoncé avoir entamé l’extension du réseau de gazoducs nigérians pour les connecter à la frontière nigérienne avant la fin de l’année, dans la perspective d’une jonction avec les sites gaziers algériens en passant par le Niger.
La réunion qui s’ouvrira aujourd’hui permettra donc d’évaluer l’état de concrétisation des phases entreprises et lancées dans le cadre de la feuille de route mise en place dans le cadre de ce comité tripartite, et d’examiner les prochaines étapes de réalisation de cette infrastructure qui doit permettre d’acheminer 30 milliards m3 de gaz nigérian par an vers le bassin méditerranéen. Il est utile de rappeler dans ce contexte qu’au mois de février dernier, que le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Énergies renouvelables du Niger, Mahamane Sani Mahamadou et le ministre d’État des Ressources pétrolières du Nigeria Timipre Sylva, ont signé une déclaration commune visant à mettre en place une feuille de route pour la réalisation du TSGP (Transsahrarian gas pipeline)
Les trois parties ont affiché, à cette occasion, leur volonté de mener à bien ce projet « stratégique » commun, devant notamment relier le marché européen aux champs gaziers du Nigeria via l’Algérie et le Niger.
La signature de cette déclaration a été l’aboutissement des démarches engagées auparavant pour la réalisation de cette infrastructure, notamment l’étude technique de faisabilité finalisée et soumise, selon le PDG du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, aux entreprises des trois pays africains. M. Hakkar avait déclaré que l’étude technique du projet est « ficelée et le tracé du gazoduc défini ».
Pour les observateurs, la réalisation de ce projet est à la portée des pays concernées, d’autant plus qu’il bénéficie des opportunités offertes par l’Algérie en termes d’infrastructures à travers le réseau de transports, les stations de gaz naturel liquéfié (GNL) et les infrastructures de pétrochimie ainsi que la position géographique proche des marchés de gaz. A ce sujet, l’expert pétrolier Mourad Preure avait alors indiqué à l’APSque : « Le gazoduc aura pour terminal en toute logique Hassi Rmel d’où partent autant les gazoducs transcontinentaux algériens vers l’Espagne, le Portugal et l’Italie, mais aussi les unités de liquéfaction d’Arzew et Skikda ». « Toutes ces facilités sont là et ne nécessitent dans le meilleur des cas que des investissements additionnels relativement faciles à amortir », a-t-il expliqué, tout en assurant que l’Algérie est dans « une perspective forte, aux implications multidimensionnelles avantageuses » pour les pays de la région, mais aussi « moins coûteuse en investissement et en temps ». Selon les estimations financières établies lors de son lancement en 2009, le coût d’investissement de ce projet était estimé à 10 milliards de dollars. D’une longueur de 4.128 km dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie, ce gazoduc va relier les champs gaziers du Nigeria (à partir de Wari sur le fleuve du Niger) à la frontière algérienne, pour se raccorder au réseau algérien et d’écouler la production gazière nigériane notamment sur les marchés européens. Il permettra aussi l’alimentation sur son passage des régions du Nord, du Nord-est et du Centre du Nigeria ainsi que des pays du Sahel comme le Niger, le Burkina Faso et le Mali.
Samira Ghrib