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L’Algérie investit pleinement dans la diplomatie énergétique : L’ambition de l’hydrogène vert

Acteur majeur du marché gazier, l’Algérie se projette au-delà de la conjoncture actuelle favorable aux producteurs de gaz. Elle se prépare au processus de décarbonation pour s’imposer comme le principal pourvoyeur d’hydrogène vert.  Un processus qui imposera une restructuration des marchés énergétiques et de nouvelles règles économiques à l’horizon 2050-2060. Un futur qui se dessine et se décide aujourd’hui.

La conjoncture géopolitique actuelle a redonné à la diplomatie gazière ses lettres de noblesse. L’Algérie qui se positionne aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs du marché, a l’opportunité et la marge de manœuvre nécessaire pour imposer de nouvelles conditionnalités en matière de partenariat et elle le fait savoir. Dimanche, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab a saisi l’opportunité d’un entretien avec le quotidien allemand Der Spiegel pour faire part des ambitions de l’Algérie. Au-delà de la question de la révision des prix qui focalise l’attention des consommateurs européens dans un contexte d’inflation inédite, bien que ce soit une question prise en charge par les clauses contractuelles, Arkab met en avant la conditionnalité du partenariat qui doit désormais présider aux transactions commerciales futures. « Si vous voulez nous acheter du gaz, il faudra investir avec nous, comme l’a fait l’Italien Eni », a lancé le ministre. L’investissement dans l’amont pétrolier et surtout gazier s’impose du fait de la conjoncture actuelle, mais l’Algérie ne compte pas se contenter des perspectives gazières à moyen terme et se projette d’ores et déjà dans un monde décarboné pour faire valoir ses atouts en tant qu’acteur énergétique majeur, voire le principal fournisseur des marchés futurs. Et elle compte ainsi sur des atouts indéniables qu’elle entend bien faire valoir pour s’imposer. C’est dans ce contexte que le Pr. M’hamed Hammoudi, Chef de cabinet au ministère de la Transition énergétique et des Énergies renouvelable a assuré hier que « l’Algérie est en pôle-position en matière d’exploitation et d’exportation de l’hydrogène vert».

Il souligne d’ailleurs l’importance du développement de l’hydrogène vert appelé à remplacer les carburants traditionnels à long terme. Une technologie dont les applications conduiront à terme à la production de kérosène vert, de diesel vert et même de méthanol vert, et d’ammoniaque vert. C’est dire l’intérêt de l’hydrogène vert pour la production des carburants du futur, mais aussi pour la pétrochimie. C’est d’ailleurs ce qui motive l’intérêt pour cette technologie, malgré les coûts élevés. 

Les investisseurs se bousculent au portillon

L’Algérie s’impose ainsi comme un acteur incontournable sur le marché. Des études récentes ont démontré que notre pays dispose d’un potentiel ENR de 2,6 millions de térawatts/heure par an, soit 105 fois la consommation mondiale d’électricité. Ce qui motive l’intérêt pour la création de nouvelles liaisons électriques pour l’exportation d’électricité, notamment vers l’Europe. Une question évoquée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune lors de sa dernière visite d’État en Italie. Au-delà, ce potentiel inégalé au niveau mondial ouvre d’énormes perspectives pour la production d’hydrogène Vert par électrolyse à base d’ENR. Si l’on prend en compte les récentes études qui évoquent la possibilité de convertir les infrastructures gazières pour l’hydrogène, comme c’est le cas des gazoducs, l’Algérie s’impose comme un acteur aux atouts incontournables. 

Un potentiel qui intéresse déjà les investisseurs qui se bousculent au portillon. D’ailleurs, l’Italien Eni est le premier à s’être engagé concrètement dans un programme de développement d’hydrogène vert. Aussi de nombreuses entreprises étrangères (italiennes, turques, chinoises et allemandes), ayant d’importants moyens technologiques dans le domaine des énergies renouvelables ont affiché leur volonté d’investir en Algérie. « La concurrence est tellement présente entre ces entreprises que chacune d’elles veut présenter le meilleur dossier », précise le Pr. M’hamed Hammoudi.

Samira Ghrib

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