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Massacre de migrants par la police marocaine à Melilla : La rhétorique mystificatrice et hystérique du Makhzen

Le massacre d’une quarantaine de migrants par la police marocaine à Melilla a mis au banc des accusés le Makhzen et son allié espagnol, dans un drame qui a, une nouvelle fois,  mis à nu le peu de respect du régime marocain pour les droits de l’Homme les plus élémentaires et pour les conventions internationales, ainsi que les dangers de l’externalisation des frontières dans laquelle investit l’Union européenne avec la complicité de ce régime corrompu. Affaibli par ce nouveau scandale qui vient s’ajouter à des dizaines d’autres liés au traitement réservés aux migrants, le régime marocain n’a rien trouvé de mieux que d’accuser l’Algérie, dans une rhétorique qui n’a jamais eu aucune crédibilité. Dans ce contexte, l’envoyé spécial du ministère des Affaires étrangères pour le Maghreb et le Sahara occidental, Amar Belani, a tenu à remettre les pendules à l’heure et dénoncer les tentatives continues et totalement injustifiées du Maroc d’entraîner l’Algérie dans des questions qui ne concerne qu’exclusivement le voisin de l’Ouest, notamment  le massacre de Melilla, qui a coûté la vie à 37 migrants.

Dans une déclaration au site Echourouk Online, Belani a rappelé que « le régime marocain, qui n’a pas le courage de supporter la honte de tels évènements, est donc toujours à la recherche d’un bouc émissaire pour se dédouaner de la responsabilité de ses actes ». Le diplomate algérien a appelé Rabat a d’abord prendre en charge une problématique : celle concernant les régularisations falsifiées de la situation des migrants sur son territoire, « au lieu de jeter a pierre, de la manière la plus malhonnête, sur ses voisins ».  Il rappellera d’ailleurs l »es crimes précédents commis par le Makhzen contre les migrants pour faire pression sur les pays du sud de l’Europe, notamment l’Espagne, afin d’obtenir un soutien diplomatique et une aide financière de l’Union européenne ». La crise diplomatique de mai 2021 entre Rabat et Madrid lorsque le régime makhzenien a lâché 10.000 migrants, dont une majorité de mineurs, contre Ceuta est d’ailleurs la parfaite illustration de ces pratiques destinées à faire des migrants de la chair à canon dans son chantage migratoire. 

Concernant les allégations marocaines contre l’Algérie, Amar Belani a affirmé que « les frontières de l’Algérie sont pleinement sécurisées pour contrecarrer les tentatives d’acheminement de drogue du Maroc, qui mène une véritable agression contre notre pays », et ne peuvent donc en rien être pointée pour perméabilité.

Le drame migratoire survenu vendredi au poste-frontière de Melilla, lorsque 37 migrants d’origine africaine ont été brutalement tués par la police marocaine alors qu’ils tentaient d’entrer dans l’enclave espagnole, continue de susciter l’indignation à l’international. Lors d’une conférence de presse tenue lundi, le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a « vivement déploré cet incident et les pertes en vies humaines », rappelant que « le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés et l’Organisation internationale pour les migrations ont déjà exprimé leur indignation » à ce sujet. De son côté, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme (HCDH) a réclamé mardi l’ouverture d’une enquête indépendante pour déterminer les circonstances ayant conduit à ce drame migratoire.

Une réunion du Conseil de sécurité

Par ailleurs, pas moins de 45 organisations internationales ont publié une déclaration commune, dans laquelle elles ont condamné l’attaque sanglante de la police marocaine et son usage disproportionné de la force.

Dans cette déclaration publiée sur la page Facebook de l’Association marocaine des droits de l’Homme (antenne de Nador), ces organisations ont notamment condamné l’absence de prise en charge rapide des migrants blessés, ce qui a conduit à un bilan élevé. Les organisations, qui ont qualifié de « tragédie » l’attaque sanglante de la police marocaine, ont affirmé que la mort de ces jeunes Africains aux frontières de l’Europe « alerte sur le caractère meurtrier de la coopération sécuritaire dans le domaine migratoire entre le Maroc et l’Espagne ». Elles ont, entre autres, appelé à « ouvrir immédiatement une enquête judiciaire indépendante du côté marocain, ainsi que du côté espagnol, et au niveau international pour révéler toute la vérité sur ce drame humain ». Face au tollé qu’a suscité la répression sanglante de migrants africains par la police marocaine au poste-frontière de Melilla, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé de tenir aujour’dhui, une réunion à huis clos. La réunion, qui se tient à l’initiative du Kenya, du Gabon et du Ghana, pays africains actuellement membres du Conseil, « portera sur la violence meurtrière à laquelle sont confrontés les migrants africains entrant dans l’enclave espagnole de Melilla depuis le territoire marocain », a précisé l’ambassadeur du Kenya à l’ONU, Martin Kimani.

Chokri Hafed

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