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Le Président Tebboune reçoit Benjamin Stora : La question de la mémoire, une ligne rouge

La question mémorielle est l’une des priorités du mandat du président de la République Abdelmadjid Tebboune et dont l’engagement a été réaffirmé à la veille de la célébration du soixantenaire de l’indépendance. C’est dans ce contexte que s’inscrit la visite du conseiller du président français Emmanuel Macron, l’historien Benjamin Stora à Alger. 

Celui-ci a, d’ailleurs, été reçu hier par le Président Tebboune avec l’espoir de relancer la dynamique des échanges sur le dossier de la mémoire. Un dossier qui reste, toutefois, une ligne rouge qui ne souffre aucun marchandage comme la souligné le Président Abdelmadjid Tebboune, il y a quelques jours. 

« J’ai accordé la plus grande attention à la mémoire nationale » avait tenu à rappeler, il y a quelques jours, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Une phrase dont le sens laisse entendre que l’Histoire et la Mémoire sont une ligne rouge à ne pas franchir et sur lesquelles il ne peut y avoir de marchandage. C’est surtout un rappel à la manière sibylline qui semble beaucoup plus adressé à l’ancienne puissance coloniale qui refuse de reconnaître ses crimes commis contre le peuple algérien durant 132 ans et la spoliation de ses biens. Et la réaction ne tardera pas à survenir incitant le président français, Emmanuel Macron, à tenter un nouveau rapprochement avec Alger afin de réchauffer les relations bilatérales refroidies par des positions ambiguës et souvent  « tendancieuses ». 

« Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu l’historien français, M. Benjamin Stora, en visite en Algérie pour assister à la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance, qui lui a remis, à cette occasion, un message écrit du président français, M. Emmanuel Macron », rapporte un communiqué de la présidence de la République.

Il est clair que Benjamin Stora, l’envoyé du président français et rédacteur du rapport portant son nom « Stora » a été chargé  de transmettre au Président Abdelmadjid Tebboune  l’appel du président Emmanuel Macron au « renforcement des liens» entre  l’Algérie et la France, mais aussi de reprendre les échanges sur le dossier de la mémoire. 

Une question qui reste tributaire des exigences des Algériens qui attendent de la France la reconnaissance de ses crimes coloniaux en Algérie et de faire amende honorable en demandant pardon aux millions de victimes de 132 ans de colonisation. Cependant, en janvier 2021 et suite à la publication du rapport de l’historien français Benjamin Stora, le président français avait exclut toute « repentance » et « excuses ». Depuis c’est le statu quo. La liberation d’une partie des archives et la récupération de cranes des résistants algériens detenus depuis pres d’un siècle par la France n’a pas réussi à changer.

Dans une récente tribune publiée sur les pages de la revue d’El Djeïch et signée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé accorder « (…) la plus grande attention à la mémoire nationale (…) ». Ce ton solennel augure de « l’inflexibilité » de l’Algérie en ce qui concerne son Histoire et les méfaits de la colonisation subis par le peuple algérien durant 132 ans d’occupation française car « inspiré par les principes de la glorieuse Révolution de Novembre, et compte tenu de notre attachement à la voie suivie par nos Chouhada et nos Moudjahidine et fidèles à notre démarche visant à imprimer un changement global qui permettra à notre pays une véritable renaissance dans tous les domaines », avait écrit le chef de l’Etat. Un engagment réitéré et qu’il avait déjà pris devant le peuple. Tebboune précise que « cette question, qui est au coeur des préoccupations de l’Etat, est loin d’être un acte improvisé ou dicté par les circonstances, elle est un devoir national sacré ». Il laissera, cependant, entrebâillée la porte du repentir admettant qu’ « en la circonstance, au cours de la période précédente, nous avons accompli des progrès significatifs en matière de préservation de notre mémoire nationale, en attendant de franchir d’autres étapes.»

Une façon de dire à l’ancienne puissance coloniale que nos conditions sont toujours les mêmes et que la balle est désormais dans le camp français. Un camp miné par les animosités que continuent à cultiver les nostalgiques de l’Algérie française et que le président français ne semble guère en mesure de contenir. Fragilisé par une réélection mitigée à la tête de la république française et flanqué d’une opposition majoritaire à l’Assemblée où l’ex-Front National des Le Pen, le RN, plus puissant que jamais a desormais son mot à dire, Emmanuel Macron aura du mal à faire avancer les choses. 

Azzedine Belferag

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